Jeudi 21 septembre, la plateforme participative dédiée à l’Enseignement français à l’étranger (EFE), a organisé son webinaire de rentrée. L’organisation fondée par la sénatrice Samantha Cazebonne (Renaissance), elle-même ancienne proviseure de Lycée hors de France, recevait deux invités exceptionnels, Gabriel Attal (ministre de l’Education Nationale) et Olivier Becht (ministre des Français de l’étranger). Ensemble, ils ont annoncé une évolution de la procédure d’homologation d’un établissement au réseau de l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger (AEFE).
Comment un établissement peut-il rejoindre le réseau AEFE ?
Pour être reconnus comme établissements d’enseignement français à l’étranger, les établissements scolaires situés hors de France font l’objet d’une procédure d’homologation par le ministère chargé de l’Education Nationale en lien avec le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE) attestant de leur conformité aux principes, aux programmes et à l’organisation pédagogique du système éducatif français.
Cette homologation est assujettie à un dispositif de suivi et à une procédure de renouvellement tous les cinq ans.
Depuis 2019, la procédure d’homologation comporte 6 points sur lesquels les établissements vont être contrôlés.
En premier lieu, évidemment, c’est la place de la langue française et sa maîtrise par le corps enseignant. Mais pas seulement. Le français doit aussi être la principale langue dans les couloirs comme dans la cour de récréation.
Cependant, l’établissement ne peut être coupé de son environnement. Ainsi, une politique linguistique plurilingue est demandée. L’établissement homologué doit proposer des parcours adaptés selon les profils et un enseignement en langues étrangères équilibré avec celui du français.
Le critère « Principes, programmes et valeurs du système éducatif français » est le 6ème pilier des conditions d’homologation.
L’humain est donc bien au coeur des valeurs de l’AEFE. Logiquement, l’agence exige que les personnels soient qualifiés (une évidence) mais aussi régulièrement formés. Dans les faits, l’établissement doit s’engager dans une politique de formation régulière, de certification.
Autre point pédagogique majeur, la participation des établissements et de leurs élèves aux évaluations et examens français. Vous le savez, dans le réseau AEFE, on peut passer les épreuves du Brevet et du Baccalauréat.
Enfin, l’AEFE procède aussi au contrôle des locaux et équipements mis à disposition des élèves et du corps professoral. Ainsi, Le respect des règles de sécurité, de sûreté et des exercices de prévention sur la base des normes françaises sont contrôlés pour l’homologation.
Pour finir, il existe un sixième critère intitulé « Principes, programmes et valeurs du système éducatif français ». De nombreux établissements ont d’ailleurs mis en place des dispositifs spécifiques. Grâce à la carte interactive ci-dessous, vous pourrez prendre connaissance des initiatives mises en place par ces derniers.
C’est ce critère qui nous intéresse aujourd’hui car il est au coeur des annonces des ministres faites le 21 septembre lors du webinaire.
Bien-vivre sa scolarité
Cela ne vous a pas échappé si vous suivez l’actualité en France ou tout simplement votre site dédié aux Français de l’étranger, Lesfrancais.press, que le « vivre-ensemble » à l’école est au coeur des priorité de nos compatriotes. Les faits divers de ces derniers mois ont ainsi poussé le gouvernement à réagir. Si on s’interrogeait sur les conséquences pour le réseau AEFE, nous avons eu un début de réponse jeudi 21 septembre dans le webinaire de Reflexe-S.
Dans le sixième critère, “Principes, programmes et valeurs du système éducatif français”, qui est le plus récent dans le cahier d’homologation de l’agence, la notion de bien-être à l’école est la plus récente et fait partie du critère d’homologation.
A l’origine, elle fut énoncée ainsi : « L’établissement crée les conditions du vivre-ensemble et veille au bien-être des élèves et des personnels. L’établissement prend les mesures appropriées visant à lutter contre le harcèlement ». Concrètement, le projet de l’établissement doit pouvoir justifier, à l’aide d’indicateurs « des actions menées pour assurer le bien-être des élèves et des personnels [entre autres son équilibre d’emploi du temps], prévenir les situations de harcèlement, créer les conditions d’un climat scolaire serein et mener une politique inclusive ».
Depuis mars 2022, elle a été renforcée suite à la création du délit de harcèlement dans le code de l’Education. Une notion martelée par la nouvelle directrice de l’AEFE, Claudia Scherer-Effosse, qui a déclaré lors du webinaire que « la priorité de la rentrée 2023 de l’agence sera de partager un protocole pour lutter contre le harcèlement ».
Si aucune statistique n’existe pour les jeunes Français de l’étranger, on sait qu’en France, 2,6 % d’élèves de CM1-CM2, 5,6% d’élèves au collège et 1,3% d’élèves au lycée déclarent subir du harcèlement. C’est donc naturellement que les ministres chargés de ce dossier ont décidé de revoir les procédures d’homologation afin d’accentuer la prise en charge de ces problématiques. De la sixième position, le critère “Principes, programmes et valeurs du système éducatif français” est devenu la notion prioritaire pour les prochaines homologations (nouvel établissement ou création).
Auteur/Autrice
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Américain par accident (sa mère accoucha de façon prématurée lors d'un voyage professionnel), Eric Victorien décida d'aller rejoindre ce pays qu'il ne connaissait pas à sa majorité. Il participa même à des émissions de télé-réalité. Aujourd'hui, il anime un programme radio à Los Angeles et est correspondant du site Lesfrancais.press.
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