Au vu du chaos lié au Brexit, la Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, a annoncé le début des préparatifs en vue d’un nouveau référendum d’indépendance, qui aurait lieu d’ici mai 2021.
En 2014, 55 % des Écossais avaient voté contre une sortie du Royaume-Uni. Mais c’était avant le référendum britannique sur l’UE et la victoire du Brexit, rappellent les indépendantistes, qui estiment que les conditions ont tellement changé qu’un nouveau vote est logique.
Le 24 avril, Nicola Sturgeon a annoncé au parlement de la nation écossaise qu’un texte législatif serait bientôt rédigé pour l’organisation d’un nouveau référendum. Le scrutin devrait quant à lui avoir lieu avant mai 2021. Pour elle, le chaos du Brexit a révélé « un déficit démocratique profond dans la manière dont l’Écosse est dirigée ». Les Écossais ont voté à 62 % pour rester dans l’UE.
« Le Brexit rend inévitables des changements importants pour l’Écosse », a indiqué la Première ministre, ajoutant qu’il fallait aujourd’hui « participer à l’effort pour empêcher le Brexit pour tout le Royaume-Uni […], mais si ce n’est pas possible, les conséquences et difficultés du Brexit seront inévitables ». L’argument indépendantiste n’a donc jamais été si percutant, selon elle.
Le Parti national écossais (SNP) a remporté 63 des 126 sièges du parlement d’Édimbourg. Si les conservateurs, les travaillistes et les libéraux-démocrates sont opposés à l’indépendance, les verts devraient s’allier au SNP à ce sujet. Le parlement national ne peut cependant pas organiser un référendum sans le feu vert du gouvernement britannique. Et Theresa May est catégoriquement opposée à un deuxième référendum.
Officiellement, le gouvernement nationaliste écossais n’a pas promis de nouveau vote. Dans un communiqué publié après l’intervention de Nicola Sturgeon, il indique que le projet de loi « protégerait l’option d’un référendum sur l’indépendance durant le mandat en cours ».
En septembre 2014, le camp contre l’indépendance écossaise avait gagné notamment parce qu’il avait su convaincre les électeurs que quitter le Royaume-Uni aurait des retombées économiques considérables – un argument d’ailleurs toujours brandi par les anti-indépendances -, et mènerait à une sortie de l’UE.
« Le chaos du Brexit est un avertissement sur la difficulté de quitter une union politique et économique », souligne l’élu travailliste Richard Leonard. « Quitter le Royaume-Uni entrainerait des mesures d’austérité inédites pour les services publics écossais. »
Un nouveau référendum serait « absurde » et « profondément clivant », renchérit son homologue Jackson Carlaw, qui dirige la faction conservatrice écossaise durant le congé de maternité de Ruth Davidson, l’une des personnalités politiques les plus populaires de la nation.
Toujours très opposé à la sortie de l’UE, le SNP a organisé des campagnes en faveur d’un deuxième référendum sur le Brexit et assure que Theresa May a complètement négligé les besoins écossais lors des négociations de l’accord de retrait avec l’Europe, particulièrement en ce qui concerne la réduction drastique de l’immigration et la sortie du marché unique.
« Quelles que soient nos différences d’opinion sur l’indépendance, [le Brexit] devrait tous nous convaincre que nous avons besoin de fondations plus solides sur lesquelles construire notre avenir », a estimé Nicola Sturgeon.
Au final, « on se retrouve avec un accord de retrait de 585 pages qui ne fait absolument aucune mention de l’Écosse », insistait en décembre la ministre écossaise aux Affaires étrangères, Fiona Hyslop.
Pour l’instant, selon un sondage du groupe pro-indépendance Progresse Scotland, même si 63 % des personnes interrogées estiment que le pays deviendra un jour indépendant, elles sont toujours une majorité à ne pas souhaiter un nouveau vote dans les cinq ans à venir. Tous les sondages à ce jour indiquent toujours une mince défaite de l’indépendance.
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