Écouter le podcast avec Stéphane Vojetta
Le député des Français d’Espagne, du Portugal, d’Andorre et de Monaco s’attaque aux zones d’ombre des finances publiques. Dans une interview accordée à notre media, Lesfrancais.press, Stéphane Vojetta se livre à une critique directe et argumentée de la gestion financière de l’État français. Selon lui, un tour de passe-passe budgétaire dissimule près de 70 milliards d’euros de déficit. À notre micro, le parlementaire dénonce un « mensonge comptable » sur les retraites. Explications !
Un système de retraites en équilibre… fictif
« C’est un combat que je mène depuis quelques mois déjà », confie le député, fort de son expérience passée dans la gestion de crise financière aux côtés du gouvernement espagnol. Il dénonce un manque de transparence dans les comptes publics, qui masque l’impact réel du financement des pensions sur la dette de la France.
Pour Stéphane Vojetta, le mensonge est bien établi : « Malgré ce que dit la comptabilité nationale, malgré ce que dit la Cour des comptes qui parle d’équilibre du système des retraites, on creuse la dette d’une cinquantaine, soixantaine de milliards d’euros ». Ce déficit réel serait, selon lui, dissimulé par une organisation comptable opaque, qui empêche de saisir l’origine véritable de l’augmentation de la dette.
« Le budget de l’éducation nationale […] se voit ponctionné d’une vingtaine de milliards afin d’aller financer le paiement des retraites »,
Stéphane Vojetta, député des Français établis hors de France
L’un des mécanismes dénoncés concerne les surcotisations patronales imposées aux ministères, notamment celui de l’Éducation nationale. Ainsi, explique-t-il : « Le budget de l’éducation nationale […] se voit ponctionné d’une vingtaine de milliards afin d’aller financer le paiement des retraites ». Ces sommes, votées pour l’éducation, sont en réalité réaffectées à d’autres postes, sans débat ni transparence.
L'AEFE également touchée : les familles à la caisse
Cette logique budgétaire a aussi un impact direct sur le réseau des établissements français à l’étranger, via l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Étranger (AEFE). Vojetta tire la sonnette d’alarme : « Chaque année, l’AEFE doit payer sa part à ces surcotisations […], cette année (elle) va être de 180 millions d’euros ». Or, seuls 120 millions sont compensés par l’État, générant un déficit structurel.
« Ce sont 60 millions d’euros que déjà, on ne peut pas mettre sur les investissements immobiliers, mais qu’en plus, on ne peut plus mettre sur le salaire des enseignants, en particulier des résidents. » La conséquence ? Une hausse inévitable des frais de scolarité pour les parents des lycées français à l’étranger.
Un combat solitaire que celui de dire la vérité aux Français ?
Bien que rattaché au groupe « Ensemble pour la République », le député se revendique indépendant et lucide quant à la réception de ses alertes à l’Assemblée nationale : « Certains me reprochent d’avoir un discours qui est peut-être un peu trop clair et un peu trop anti-système ». Il reconnaît néanmoins un début d’écoute, même de la part d’Amélie de Montchalin, ministre du Budget : « Elle reconnaît aussi […] que mon combat est juste ».
« Le but du jeu, c'est d'arriver à se dire la vérité entre nous, entre Français »
Stéphane Vojetta, député des Français établis hors de France
Notre invité plaide aussi pour une refonte des règles comptables, indispensable selon lui pour rétablir un débat démocratique sain : « Le but du jeu, c’est d’arriver à se dire la vérité entre nous, entre Français. Pour que le gouvernement, le Parlement, les acteurs sociaux, le conclave et les Français, le jour où ils devront décider par leur vote, puissent prendre leur décision en connaissance de cause et non pas sur la base de la fable actuelle selon laquelle on aurait un système à l’équilibre. C’est une fable, c’est de l’économie-fiction. »
Une image à l’international en jeu
Élu des Français d’Andorre, d’Espagne, de Monaco et du Portugal, Stéphane Vojetta met également en garde contre le risque d’un discrédit international. « Le déficit ou la dette, en France, il est élevé, mais il est réel. Le problème, c’est qu’on ne sait pas actuellement d’où vient ce déficit. » Selon lui, plus de clarté rassurerait même les agences de notation.
Réseaux sociaux : protéger les mineurs
Outre les finances publiques, le député s’investit dans la régulation des réseaux sociaux. Il soutient la proposition présidentielle d’Emmanuel Macron d’interdire leur accès aux moins de 15 ans : « On parle simplement de protection », affirme-t-il, évoquant les risques liés à l’exposition précoce à des contenus inadaptés.
« Il y a un lien direct entre la santé mentale de nos jeunes et leur exposition trop jeune aux réseaux sociaux »
Stéphane Vojetta, député des Français établis hors de France
Il établit un lien clair avec la santé mentale des jeunes : « Il y a un lien direct entre la santé mentale de nos jeunes et leur exposition trop jeune aux réseaux sociaux ». Un constat qu’il espère voir suivi d’effets législatifs rapides.
Retrouvez l’intégralité de cet échange en écoutant le podcast. Une interview sans ambages, qui dénonce un mensonge au plus haut niveau au sein duquel les chiffres, jusqu’ici dissimulés, sont des plus alarmants !
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