De nombreux ressortissants étrangers restent bloqués à Khartoum, la capitale du Soudan, où de violents combats opposent l’armée soudanaise aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR). Comment les exfiltrer du pays ? L’évacuation de leurs ressortissants est un véritable casse-tête pour les chancelleries étrangères…
Mis à jour le lundi 23 avril 2023 à 17h45 (CET)
Un cessez-le-feu humanitaire
Catherine Colonna, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, a participé jeudi 20 avril à une réunion organisée par l’Union africaine et rassemblant le Secrétaire général des Nations unies, les membres permanents et africains du Conseil de sécurité, ainsi que des représentants de la Ligue arabe, de l’IGAD, de l’Union européenne et de pays intéressés à la résolution de la crise soudanaise.
Comme l’a indiqué la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Catherine Colonna, la France apporte son plein soutien à l’appel conjoint de tous les participants à un cessez-le-feu humanitaire, immédiat et sans conditions au Soudan à l’occasion de la fête de l’Aïd. Elle appelle au respect strict du cessez-le-feu par toutes les parties et à la mise en place de couloirs humanitaires permettant la protection des civils et notamment de nos compatriotes et un accès humanitaire sans entrave.
Ne pas écouter les rumeurs
Dans un message transmis par l’ambassade de France, l’ambassadrice Raja Rabia, appelle les Français présents sur place à garder leur sang -froid alors que la France est en train d’organiser le rapatriement de tous les Occidentaux présents dans le pays.
« Pour votre équilibre dans ces moments si angoissants, évitez de prêter attention aux rumeurs et infox circulant sur les réseaux sociaux et médias. Concentrez-vous sur l’essentiel : votre sécurité.«
Raja Rabia, ambassadrice de France
Lancement poussif de l’opération d’évacuation
Alors que l’opération identique lancée par les Américains aurait duré une heure et aurait permis d’exfiltrer sans encombre un peu moins de 100 citoyens américains, l’opération française du week-end a connu des déboires, comme le reconnaissent des sources françaises.
La première information qui a fait état de difficultés provient des Forces de soutien rapide (les FSR), les milices antigouvernementales qui combattent l’armée régulière soudanaise depuis 8 jours.
Selon un communiqué de ces FSR, le convoi d’évacuation français a été mis en danger par des frappes aériennes à Omdurman, dans la banlieue nord de Khartoum, la capitale, ce dimanche. Un ressortissant français aurait été blessé, et le convoi français aurait dû faire demi-tour. Ce que la France a confirmé ce lundi.
Le convoi se dirigeait donc d’Omdurman vers l’autre quartier du nord de la capitale, Bahri, là où se trouve l’aéroport international qui devait servir de hub pour les opérations d’évacuation. Les tirs dont parlent les FSR ont donc provoqué le report de la RESEVAC française.
491 personnes déjà évacuées
Depuis le début de l’opération, ces rotations ont permis d’évacuer un total de 491 personnes, dont 196 ressortissants français qui souhaitaient quitter le Soudan, ainsi qu’un nombre significatif de citoyens de 36 autres nationalités, notamment européennes (Allemagne, Autriche, Danemark, Finlande, Grèce, Hongrie, Italie, Irlande, Islande, Moldavie, Pays-Bas, Pologne, Roumanie, Royaume-Uni, Suède, Suisse) mais également africaines (Afrique du Sud, Burundi, Ethiopie, Lesotho, Maroc, Namibie, Niger, Ouganda, Rwanda, Sénégal, Soudan, Togo, Tchad), d’Amérique (Etats-Unis, Canada) et d’Asie (Australie, Inde, Japon, Nouvelle-Zélande, Philippines).
Les autorités françaises espèrent que l’opération sera terminée d’ici mardi soir. Mais ils préviennent : le contexte est « volatile », « des blocages restent possibles avec les belligérants ». Ils invitent donc à la plus grande prudence, et refusent de confirmer qu’un des évacués français a été blessé, dimanche 23 avril, par des tirs dont les deux camps se rejettent la responsabilité.
Il semble aussi que le choix de la voie aérienne ne constitue plus la seule possibilité étudiée par Paris. Une exfiltration par voie terrestre est aussi possible. C’est le choix fait samedi par l’Arabie saoudite qui a fait transiter près de 200 personnes par Port-Soudan à 800 km au nord-est de Khartoum.