Des effigies d’Emmanuel Macron brûlées, des appels au boycott des produits français et des violences. Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté ces derniers jours dans le monde musulman pour protester contre la France, après les déclarations du président de la République défendant les caricatures de Mahomet.
Cependant, il faut donner à ces manifestations une importance très faible. On fonctionne sur un effet loupe. Tous les acteurs sont en train de survaloriser un phénomène qui existe et qui avait existé lors de la publication des caricatures par Charlie Hebdo
Des manifestations organisées par des islamistes et peu nombreuses
Vendredi, les principales manifestations ont eu lieu au Bangladesh et au Pakistan. D’autres moins importantes se sont déroulées en Inde, au Moyen-Orient, au Maghreb et au Mali.
Le monde musulman est composé de 57 États, là on parle de manifestations dans cinq-six pays qui sont parmi les plus petits comme le Qatar. Il y a plus d’un milliard 300 millions de musulmans dans le monde. Les manifestations existent, oui, mais elles ont été extrêmement limitées en nombre au final.
Une instrumentalisation par les pouvoirs politiques locaux
Une bonne majorité des gouvernements dans les États musulmans ont échoué gravement sur le plan social et économique. Il est intéressant pour ces régimes politiques de pointer le doigt ou de laisser pointer le doigt sur l’ennemi extérieur. C’est très commode et très pratique, notamment sur la figure d’Emmanuel Macron, pour faire oublier à leur opinion publique que la gestion de leur pays est calamiteuse.
On a un double effet de méconnaissance instrumentalisée dans la rue ou dans la mosquée, et à la tête de l’État une instrumentalisation cynique à des fins politiques. Outre Erdogan, le président indonésien Joko Widodo et le Premier ministre pakistanais, à la tête de deux des pays les plus peuplés du monde musulman, ont également vivement critiqué les propos d’Emmanuel Macron. Face à cette colère, le président français a joué l’apaisement dans une interview à Al-Jazeera, assurant comprendre que des musulmans puissent être « choqués » par les caricatures de Mahomet mais qu’elles ne justifiaient pas la violence.