Le président du Sénégal Macky Sall s’est donné deux jours, lundi et mardi, pour trouver une sortie à la crise que traverse le pays, l’une des plus graves en 64 ans d’indépendance, depuis qu’il a décrété le 3 février le report de la présidentielle qui devait se tenir dimanche.
Il invite à ce « dialogue » à Diamniadio, ville nouvelle à une trentaine de kilomètres de la capitale Dakar, les candidats retenus en janvier par le Conseil constitutionnel, ceux qui ont été disqualifiés (les « recalés »), les représentants de la société civile, des responsables religieux et coutumiers, a indiqué la présidence.
Le président Sall, élu en 2012 et réélu en 2019, n’est pas candidat. Mais il insiste sur les divisions qu’a creusées le processus préélectoral selon lui et la nécessité de « réconciliation » pour la stabilité volontiers vantée de son pays. Il vise un « consensus » à l’issue de concertations qui porteront, a-t-il dit jeudi, sur une nouvelle date, mais aussi sur l’après-2 avril, date officielle de la fin de son mandat.
Soit les participants s’entendent sur une date et il publiera « immédiatement » un décret convoquant les électeurs, soit il renverra l’affaire devant le Conseil constitutionnel, à charge pour lui de trancher, a-t-il dit jeudi.
Une occasion pour Karim Wade ?
Seulement, 16 des 19 candidats retenus par le Conseil constitutionnel ont dit qu’ils ne participeraient pas. Le collectif Aar Sunu Election (« Préservons notre élection »), qui revendique plus d’une centaine d’organisations et de personnalités fédérées contre le report, ainsi que d’autres plateformes citoyennes, ont fait de même.
Ils forment un vaste front qui réclame que l’élection ait lieu le plus vite possible, et avant le 2 avril. Une partie d’entre eux s’inquiète des conséquences d’une vacance de la présidence sans succession établie. Le président Sall lui-même a émis des doutes sur la faisabilité d’une élection avant son départ.
D’autres l’accusent de jouer la montre, soit pour avantager son camp parce que les choses se présenteraient mal pour lui à la présidentielle, soit pour s’accrocher au pouvoir au-delà du 2 avril. Ils redoutent que le « dialogue » ne serve à réexaminer les candidatures.
L’un des principaux bénéficiaires d’une reprise à zéro du processus serait le « recalé » Karim Wade, fils et ministre de l’ancien président Abdoulaye Wade. Son combat contre sa disqualification a mis en branle la chaîne qui a conduit à l’ajournement de l’élection, grâce à une alliance inattendue entre le camp du président et celui de M. Wade.
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