Comme les autres sénateurs, ceux représentant les Français de l’étranger, devront se soumettre au verdict des urnes. Pour tous les sénateurs, en effet, la haute chambre est renouvelée par moitié tous les 3 ans. Pour les parlementaires élus dans la circonscription unique des « Français résidant hors de France », il y aura 6 sièges à renouveler lors de ces sénatoriales 2023.
Les 6 sénateurs sortants sont :
Évelyne Renaud-Garabedian (ASFE/LR)
Damien Regnard (LR)
Joëlle Garriaud-Maylam (LR)
Ronan Le Gleut (LR)
Hélène Conway-Mouret (PS)
Jean-Yves Leconte (PS)
Ces parlementaires ont été élus par les 534 Grands électeurs en 2017, soit les conseillers des Français de l’étranger, les conseillers de l’Assemblée des Français de l’étranger, les députés et les sénateurs (ceux dont le siège n’est pas soumis au vote). Notons que ce scrutin a été tenu avant les élections consulaires qui ont rebattu, largement, les cartes.
Changement de paysage politique
En effet, si parmi les 6 sièges, tous sont affiliés aux grands partis, d’avant l’ère Macron, cela fut possible car les Grands électeurs ne reflétaient pas le nouveau paysage politique français.
En 2021, les élections consulaires ont créé un big bang dans l’univers des Français de l’étranger. En effet, le PS et les LR, qui dominaient depuis des décennies la sphère politique des expatriés, ont vu le nombre d’élus locaux des Français de l’étranger fondre comme neige au soleil. EELV et Renaissance ont raflé la mise lors de ce scrutin.
Une situation dont les premières conséquences ne se sont pas fait attendre. Dès les sénatoriales de 2021 (prévues en 2020, décalées d’un an du fait de la pandémie), le parti écologiste a remporté son premier siège chez les Français de l’étranger, avec Mélanie Vogel, comme Renaissance qui a pu faire élire Samantha Cazebonne (l’ancienne députée de la Vème circonscription des Français de l’étranger – Péninsule ibérique + Monaco) au Palais du Luxembourg.
Le risque de la division des voix
A 3 mois de l’élection, les candidatures commencent à se dévoiler. Parmi les sortants, seule Joëlle Garriaud-Maylam (LR) ne se représenterait pas.
Une situation qui inquiète les instances du PS et des LR. En effet, avec plusieurs listes, le risque est réel pour ces formations politiques de disparaître du paysage sénatorial des Français de l’étranger.
Un état de fait que la Confédération Internationale Solidaire et Écologiste (CISE), structure confédérale des Français hors de France, a bien compris. Dans une déclaration en date du 15 juin, les dirigeants de celle-ci ont indiqué souhaiter que les partis politiques de gauche forment une liste unique pour les élections sénatoriales sous l’étiquette de la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (NUPES).
« En se basant sur leur nombre respectif de grands électeurs (les élus) des Français de l’étranger… En effet, la multiplication des listes nuit à l’union de la gauche et favorise les candidats de droite. «
Cédric Brodin (Luxembourg) / Vincent Buard (France) / Alexandre Chateau-Ducos (Luxembourg) / Alexandrine Derrien-Colemyn (USA) / Olivier Dubois (Grèce) / Hélène Ginollin (Luxembourg) / William Guéraiche (EAU) / Josselin Léon (Tunisie)
Précisons que cette confédération milite pour que la liste commune soit chapeautée par la candidate EELV, Mathilde Ollivier.
Abaissement du seuil d’élection
L’autre conséquence de la multiplication des candidatures, c’est la légitimité des futurs élus. Pour simplifier, le seuil qui déclenche l’élection est calculé en divisant le nombre de voix totales par le nombre de candidatures. Ainsi avec 5 listes, il faut plus de 100 voix pour faire élire un sénateur, avec 10 listes, il en faut plus que 50…
Même avec 100 voix, bien loin des milliers de voix indispensables dans les circonscriptions métropolitaines auxquelles participent conseillers municipaux, conseillers départementaux et régionaux sans oublier les parlementaires du terroir, la question de la légitimité de l’élu(e) se pose. Régulièrement, des voix se font entendre, d’ailleurs, pour élargir le collège. Mais sur quels critères ? Une question à laquelle aucun consensus ne se dégage.
Qui est candidat ?
Toutes les candidatures ne sont pas encore dévoilées mais en plus des 5 sénateurs sortants, évoqués plus haut, 5 autres personnalités ont fait connaître leur intention de se présenter et ont remporté leur investiture tandis qu’une quatrième n’a pas encore pris sa décision.
Thierry Masson – Renaissance
Ce 20 juin, l’élu consulaire de Bruxelles, président du groupe Indépendants, démocrates et progressistes à l’AFE et actuel administrateur du groupe Renew (dont Renaissance est membre) au Parlement européen, Thierry Masson, a annoncé son investiture par le parti présidentiel.
« Le Bureau exécutif de notre parti, Renaissance, a décidé de me soutenir pour conduire une liste d’union de la majorité présidentielle lors des élections sénatoriales du 24 septembre prochain. C’est un véritable honneur et une responsabilité dont je mesure l’ampleur. Je m’efforcerai d’en être à la hauteur. «
Thierry Masson – candidat au Sénat pour Renaissance
Jean-Hervé Fraslin – un dissident pour le camp présidentiel ?
La nomination de Thierry Masson ne s’est pas faite sans grincer des dents. En effet, les alliés de Renaissance, et en particulier le MoDem, déplorent l’hégémonie du parti présidentiel. Ainsi le parti de François Bayrou poussait à la création d’une liste unifiée menée par un candidat issu de son camp. Le favori était l’élu consulaire à Madagascar et à l’AFE, Jean-Hervé Fraslin. Mis de côté, on ne sait pas s’il présentera une liste en parallèle de celle de Thierry Masson.
Le risque, c’est qu’aucun représentant de l’alliance « Ensemble » ne soit élu pour les 6 sièges à renouveler.
Mathilde Ollivier – EELV
Si les sympathisants d’Europe Ecologie Les Verts appellent à la réunification des candidatures de gauche, c’est pour mieux placer leur candidate, Mathilde Ollivier, conseillère des Français de l’étranger à Vienne et à l’AFE pour la zone. Elle a été investie tête de liste EELV pour les élections sénatoriales des Français de l’étranger.
« C’est la voix des Français de l’étranger et de leurs élus que je souhaite porter au Sénat afin que cette communauté, solidaire et diverse, soit mieux reconnue et accompagnée. «
Mathilde Ollivier – candidate au Sénat pour EELV
Pierre Brochet – Rassemblement National
Pierre Brochet, avocat d’affaires et Français de l’étranger installé en Malaisie, a été investi par le Rassemblement National comme tête de liste pour les élections sénatoriales des Français de l’étranger.
» J’ai été investi par le Rassemblement National et je mène une liste Rassemblement National. C’est le mouvement qui reflète le mieux les valeurs de liberté, de responsabilité individuelle et de communauté nationale qui me sont chères ; le respect de la condition humaine, le courage et la compassion aussi. «
Pierre Brochet – candidat au Sénat pour le RN – dans une interview au Petit journal
Marc Guyon – Union des droites, des patriotes et des indépendants
Marc Guyon est conseiller des Français de Hong-Kong, ancien candidat à la députation dans la XIème circonscription des Français de l’étranger (Europe orientale + Asie +Océanie, élu sous l’étiquette « indépendant ». Puis en 2022, il décida de rejoindre le parti d’Eric Zemmour. Un ralliement qui a entraîné la démission collective des candidats présents sur sa liste. Un parti dans lequel il ne resta que quelques mois puisqu’il en fut exclu en juin 2023.
D’origine vietnamienne, il est né et a grandi dans la ville phocéenne, Marseille. Il en a conservé un franc-parler et une combativité qu’on retrouve dans sa passion, les arts-martiaux. Après avoir commencé sa carrière de contrôleur de gestion au Royaume-uni, il rejoint Hong-Kong où il rencontre l’amour. Logiquement, il s’y installe tout en gardant un lien profond et sincère avec la France.
De droite, de tradition libérale, gaulliste et patriote, Marc Guyon a longtemps été proche de la sphère UMP/LR jusqu’au début des années 2020 où il prend ses distance. En 2022, il rejoint donc le mouvement d’Eric Zemmour qu’il quitte en 2023.
Aujourd’hui, il se présente comme tête de liste à l’élection sénatoriale sous l’étiquette libre de l’Union des droites, des patriotes et des indépendants.
Enfin, on vous (re)présente les candidats-sortants et mettons à votre disposition l’ensemble des articles liés à leurs activités.
Évelyne Renaud-Garabedian – ASFE/LR
Juriste de formation, sa carrière de femme d’affaires commence dans les années 1990. Elle devient gérante de Traktir, de Placide Europe, ER, SGL et M64, co-gérante de BGR, de Chemin de Fer, de GPHF et de la Société hôtelière de la Gare de l’Est.
Elle est directrice du groupe immobilier et hôtelier Cible, fondé et dirigé par Jean-Pierre Bansard, et présidente de l’Alliance solidaire des Français de l’étranger (ASFE). Particulièrement impliquée dans le suivi des entrepreneurs français à l’étranger, nous l’avions interviewée, sur ce thème, il y a quelques jours.
Damien Regnard – LR
Arrivé en Louisiane pour lancer une filiale d’un groupe français, Damien Regnard y est finalement resté en lançant sa propre entreprise dans le service au commerce international. Il devient président de la chambre de commerce franco-américaine à la Nouvelle-Orléans, membre du conseil d’administration de l’Alliance Française, et entame une carrière politique dans les organismes représentant les Français de l’étranger.
Nous l’avions reçu lors de sa déclaration de candidature en octobre 2022.
Ronan Le Gleut – LR
De 2014 à 2018, Ronan Le Gleut est conseiller consulaire Les Républicains et élu à l’Assemblée des Français de l’étranger (AFE) pour la circonscription contenant l’Allemagne, l’Autriche, la Slovaquie, la Slovénie et la Suisse.
Il est candidat à la députation dans la septième circonscription des Français établis hors de France (Europe centrale et orientale) lors des élections législatives de 2012.
En vue des élections sénatoriales de 2017, Ronan Le Gleut participe à une primaire consultative organisée par le groupe Alliance de la droite, du centre et des indépendants de l’AFE, consultation non reconnue par Les Républicains. Il la remporte, et ce devant l’élue au Sénat français Joëlle Garriaud-Maylam. Toutefois, l’investiture officielle des Républicains est donnée à cette dernière. Par conséquent, il compose une liste divers droite avec six autres présidents locaux de l’UFE grâce à laquelle il est élu sénateur pour les Français établis hors de France le 24 septembre 2017.
Nous l’avons reçu de nombreuses fois dans nos pages, la dernière il y a quelques jours pour évoquer l’omerta dans l’administration.
Hélène Conway-Mouret – PS
Son engagement politique dédié aux Français de l’étranger, en tant que Française d’Irlande, est illustré par son premier mandat électif, celui de conseillère à l’Assemblée des Français de l’étranger. Comme ministre, elle porte la loi de 2013 sur la représentation des Français de l’étranger devant le Parlement. Elle crée les fonctions de conseillers des Français de l’étranger, alors dénommés « conseillers consulaires ». Au Sénat, elle défend de nombreux amendements pour augmenter les moyens des postes consulaires et du réseau éducatif français AEFE.
Elle est spécialiste des questions de sécurité et de défense, ainsi que des affaires internationales et plus particulièrement européennes. Elle siège en tant que secrétaire de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat et est co-rapporteur du programme 146 sur l’équipement des forces. En 2019, 2020 et 2021, elle dépose quatre rapports sur la défense européenne et notamment sur la coopération franco-allemande de défense. Ses recommandations, publiées dans le rapport « Défense européenne : le défi de l’autonomie stratégique », sont largement diffusées et en partie appliquées.
En 2021, elle contribue à aider à la venue en France d’anciens auxiliaires afghans de l’armée française.
Engagée pour les droits des femmes, elle se fait connaître par son opposition à l’excision. Elle travaille également en 2023 sur une proposition de loi visant à instaurer un congé menstruel pour les femmes souffrant de règles douloureuses.
Nous l’avions reçue en octobre 2021 pour évoquer avec elle la défense des élus consulaires.
Jean-Yves Leconte – PS
Jean-Yves Leconte est de 1994 à 2011 membre du Conseil supérieur des Français de l’étranger (CSFE), devenu en 2004 Assemblée des Français de l’étranger (AFE), au titre de la circonscription de Vienne, qui regroupe avec l’Autriche une partie des pays d’Europe centrale et orientale. De 2008 à 2011, il est vice-président de l’AFE.
Après avoir raté de quelques voix son élection en 2008, il est élu sénateur le 25 septembre 2011, sur la liste « La France est notre pays, le monde est notre avenir », présentée par le PS et EELV et qu’il mène avec Hélène Conway-Mouret. Il est réélu en septembre 2017 pour un second mandat.
Jean-Yves Leconte est membre de la Commission des lois, juge à la Cour de justice de la République, vice-président des groupes d’amitié France-Pologne, France-Ukraine, France-Russie, France-Balkans, France Asie-Centrale et France-Iran. Il est rapporteur sur la Cour nationale du droit d’asile, sur la réforme de la représentation politique des Français à l’étranger et sur l’exercice du droit d’éligibilité au Parlement européen.
Nous l’avons reçu à plusieurs occasions.
Laisser un commentaire