Sébastien Lecornu a démissionné le matin suivant l’annonce de son gouvernement, marqué par l’emprise d’Emmanuel Macron. Pour certains, c’est la démonstration que le Président de la République ne parvient pas à sortir de l’impasse, alors que la France s’embrase et que e modèle de la Ve république, lui, se consume.
Le premier ministre le plus éphémère de la Vème
Les nouveaux ministres n’auront même pas eu le temps de défaire leurs cartons. Moins de 24 heures après la formation laborieuse de son gouvernement, Sébastien Lecornu a présenté ce lundi sa démission à Emmanuel Macron qui l’a acceptée.
Tout juste constituée, son équipe était déjà au bord de l’implosion : ulcérés par le retour surprise de Bruno Le Maire aux Armées, Bruno Retailleau et ses collègues LR reconduits menaçaient depuis dimanche soir d’en claquer la porte.
Reçu ce matin pendant plus d’une heure à l’Élysée, le Normand a donc pris les devants. Promu à Matignon il y a seulement 27 jours, il devient le chef de gouvernement le plus éphémère de la Ve République.
« On ne peut pas être Premier ministre
quand les conditions ne sont pas remplies »
Sébastien Lecornu, le 06 octobre 2025 sur le perron de Matignon
Ce fidèle du chef de l’État pulvérise ainsi le record de Michel Barnier, resté en poste 99 jours – dont huit comme « démissionnaire ». Avec 26 jours passés sans gouvernement, Sébastien Lecornu avait déjà battu celui du plus long délai de nomination d’une équipe, détenu là encore par le négociateur du Brexit (17 jours).
La France ingouvernable ?
Aucune majorité parlementaire n’est ressortie des urnes en 2024, symptomatique d’une société de plus en plus fragmentée. La situation est même pire depuis les dernières élections faisant suite à la dissolution de l’Assemblée nationale : les quatre derniers Premiers ministres ne sont donc restés en poste que quelques mois (ou jours).
Bayrou était déjà le septième à diriger un gouvernement minoritaire depuis le premier mandat d’Emmanuel Macron, toujours à la merci d’une motion de censure par l’opposition. Sébastien Lecornu, placé à Matignon, issu de la droite, hérite aussi de cette extrême instabilité et en subit frontalement les conséquences.
De plus en plus d’observateurs s’interrogent sur la manière de faire fonctionner un gouvernement : la France semble s’entêter et s’empêtrer dans une vision d’un système majoritaire, sans vraie coalition réunissant des formations politiques opposées. Les oppositions s’en donnent d’ailleurs à cœur joie.
Par exemple, la cheffe de file des députés LFI, Mathilde Panot, estime sur X que « le compte à rebours est lancé » et appelle Emmanuel Macron à « partir » s’inscrivant dans la ligne du parti, le leader de la France insoumise réclamant, lui aussi, l’examen « immédiat » de la motion de destitution du chef de l’État.
Même son de cloche à droite par la voix du maire de Cannes et vice-président des LR , David Lisnard, qui juge sur X que « l’intérêt de la France commande qu’Emmanuel Macron programme sa démission ».
Du côté, du RN, Marine Le Pen, pourtant inéligible suite à la décision des juges dans l’affaire des assistants au parlement européen, appelle, elle, à simplement dissoudre l’Assemblée nationale.
Le risque financier
Les investisseurs, plongés dans le doute, s’interrogent sur les évolutions à venir, notamment sur une éventuelle nouvelle dissolution. La question de « timing » est désormais centrale, tandis que la réalité du budget et du déficit français reste préoccupante.
Si rien n’oblige Emmanuel Macron à convoquer de nouvelles élections, mais le « Bourse » voit mal quelle autre solution il pourrait trouver à un désaveu si rapide. Le résultat d’élections anticipées étant impossible à prédire aujourd’hui, ceci ouvre une période de fortes incertitudes
D’ailleurs sur la place de Paris, le Cac 40 creuse ses pertes. L’indice de référence perd 2% à 7.916 points vers 10h30. Les valeurs bancaires sont le plus en difficulté : Crédit Agricole, BNP Paribas et Société Générale perdent de 5% à 6,6%. La prime sur la dette française à dix ans par rapport à son homologue allemande, plus sûre, a atteint son plus haut niveau de l’année. Le rendement des obligations à dix ans grimpe à plus de 3,6 %, portant la prime exigée par les investisseurs pour détenir de la dette française à plus de 89 points de base. Une situation qui donnera encore moins de marge de manœuvre aux futurs dirigeants de la France.
Quelles sont les prochaines étapes ?
Démission du Président de la République, dissolution de l’Assemblée nationale, les hypothèses s’enchainent dans les QG des partis politiques français.
Mais le seul qui a la réponse c’est Emmanuel Macron. Pourtant le Président de la République, ce 06 octobre à 11h, n’a toujours pas annoncé de prise de parole. Une situation intenable qui devrait évoluer dans la journée. Nous mettrons cet article à jour au fil de l’eau tout au long de cette journée.
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Directeur de publication et rédacteur en chef du site lesfrancais.press
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