Un théâtre français à Londres est menacé d’expulsion. Des associations caritatives et des entreprises, dont Act’in Theatre, compagnie fondée et dirigée par une Française, risquent d’être expulsées pour les fêtes de fin d’année pour avoir fait du lobbying auprès du secrétaire d’État anglais. Nous avons parlé à Candice Desmet, qui dirige ce théâtre. Elle a répondu aux questions des Français.press.
“C’est une école basée en plein cœur de Londres que j’ai créée il y a huit ans au sein de Old Paradise Yard, une ancienne école réhabilitée. Nous donnons des cours de théâtre, de cinéma et d’improvisation pour les adultes et enfants en français et en anglais. Actuellement, nous fournissons 19 ateliers par semaine en plus des événements et de la production artistique des Français à Londres.”
Punie pour avoir osé élever la voix
Candice Desmet explique que “le bâtiment risque de fermer. Le terrain sur lequel on est basés appartient à une fondation qui s’appelle Guy’s and St Thomas’ Foundation et ça a toujours été un lieu temporaire où il y a un projet de démolition pour construire des buildings. On a eu accès aux plans et ils sont catastrophiques. On a décidé de créer une campagne qui s’appelle “Save Waterloo Paradise.”
Cette campagne a recueilli près de 50 000 signatures et le soutien d’organisations du patrimoine mondial, ce qui a attiré l’attention de Michael Gove, secrétaire d’Etat, qui cet été en août 2023, a émis une directive au titre de l’article 31 afin de mettre en pause les plans d’aménagement pendant qu’il examine s’il convient de demander une enquête publique complète.
“ On a appris la semaine dernière que la Foundation a décidé de ne pas étendre le lease auprès de Eat Work Art, notre propriétaire. C’est monté jusqu’au maire de Londres Sadiq Khan. Le gouvernement cet été a mis un stop temporaire, il faut revoir le dossier. On devait partir en décembre 2023.”
Pas seulement le théâtre
Parmi les organisations confrontées à une expulsion soudaine, avec un préavis minimal, alors que les retards dans le développement auraient dû signifier une prolongation du bail, figurent l’organisation caritative pour les enfants « Child Rights International Network », une école de théâtre, Act’in Theatre, et un lieu de regroupement musical établi depuis neuf ainsi que plus de 20 autres entreprises et organisations. Ensemble, ce sont environ 2 000 représentations, événements et ateliers pour la communauté qui sont proposés. Avec un préavis aussi court, certaines entreprises risquent de fermer définitivement leurs portes et d’être ruinées. En revanche, le locataire de la propriété adjacente, Oasis Farm, qui se situe également sur le terrain concerné par le développement et qui ne s’est pas opposé au projet, a vu son bail prolongé en raison des retards.
Candice nous explique que parmi les opposants, il y a Michael Ball, porte-parole de l’association caritative locale Waterloo Community Development Group, Matthew Benett représentant les résidents de Lambeth et elle qui représente les business de Old Paradise Yard. Ils ont écrit des lettres au gouvernement et au Council. Ça a payé car le projet est temporairement arrêté.
“On a été interviewés par ITV News et la BBC. On a fait une manifestation ce jeudi devant les locaux. On veut faire du bruit. Comme le projet est arrêté, la démolition n’est pas actée. Ils veulent quand même nous mettre dehors. On doit partir dans 6 semaines. Ce que j’espère c’est de toucher à la réputation de la fondation. C’est notre démarche afin qu’elle puisse changer d’avis, prolonger le bail et se comporter de façon correcte.”
Auteur/Autrice
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Alexander Seale est franco-britannique. Né et habitant au Royaume-Uni, il est correspondant pour lesfrancais.press, LCI (France) et LN24 (Belgique) à Londres.
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