Le parquet de Paris a annoncé , lors de sa conférence de presse du 21 octobre à 14h (CET), la présentation de 7 personnes devant le juge pour complicité de terrorisme. Il a été aussi ouvert une quinzaine d’enquêtes après l’assassinat de Samuel Paty pour apologie.
Une enquête sous haute tension
L’enquête a démontré que la campagne sur Facebook visant Samuel Paty reposait sur des faits inexacts, a affirmé au cours de la conférence de presse le procureur antiterroriste, Jean-François Ricard. Il a notamment insisté sur le fait que l’élève dont le père a diffusé des vidéos ciblant le professeur d’histoire n’avait pas assisté à ce cours.
Selon Jean-François Ricard, le meurtrier de Samuel Paty s’est « directement inspiré » des messages diffusés par ce parent d’élève et l’enquête a établi que des contacts avaient eu lieu entre les deux hommes avant le meurtre du professeur.
Jean-François Ricard, Procureur antiterroriste
« Plusieurs contacts téléphoniques et écrits » entre ce père et l’assaillant ont eu lieu avant l’attaque.
Ce parent d’élève, qui avait diffusé dans ses messages sur les réseaux sociaux les noms du professeur et de son collège, fait en conséquence partie des sept personnes déférées devant un juge.
Le militant islamiste franco-marocain Abdelhakim Sefrioui a lui aussi été déféré. Il est membre du collectif Cheikh Yassine, mouvement qu’Emmanuel Macron a accusé mardi d’être « directement impliqué dans l’attentat » et dont la dissolution a été décidée ce mercredi en conseil des ministres.
Abdelhakim Sefrioui a effectué la démarche de contacter le père de l’élève pour l’appuyer dans sa campagne contre Samuel Paty.
Le déferrement de mineurs, fait inhabituel
Le procureur a aussi souligné le caractère inhabituel du défèrement de deux mineurs dans une telle procédure. Ces deux collégiens sont âgés de 14 et 15 ans.
« L’enquête a établi que si l’auteur du fait a bénéficié du patronyme de l’enseignant, du nom et de la localisation du collège, en revanche, il ne disposait pas des moyens lui permettant de l’identifier »,
Jean-François Ricard, Procureur antiterroriste
Jean-François Ricard, Procureur antiterroriste
« Cette identification n’a été rendue possible que grâce à l’intervention de collégiens du même établissement. C’est dans ces conditions que le parquet antiterroriste a décidé de déférer devant les juges d’instruction deux mineurs dont l’implication dans l’identification de la victime au profit du tueur est apparue comme probante »
Le tueur présumé, à son arrivée au collège, a notamment abordé un élève « en lui offrant une somme de 300 à 350 euros » pour qu’il lui désigne Samuel Paty, a précisé Jean-François Ricard.
Les trois autres personnes déférées sont des proches du meurtrier, dont deux qui l’ont accompagné dans une coutellerie à Rouen pour l’achat d’un couteau, a expliqué le procureur, ajoutant que l’arme avait été retrouvée à proximité du corps de l’assaillant, abattu par des policiers quelques instants après son attaque.
L’enquête sur l’assassinat de Samuel Paty a été confiée à un juge d’instruction pour « complicité d’assassinat terroriste » et « association de malfaiteurs terroriste ».
Seize personnes au total avaient été interpellées et placées en garde à vue après l’assassinat de Samuel Paty, qui enseignait au collège Bois d’Aulne de Conflans-Sainte-Honorine.
Les gardes à vue de neuf d’entre elles ont été levées.
Il s’agit de trois mineurs, de quatre membres de la famille du tueur ainsi que de la compagne d’Abdelhakim Sefrioui et d’un individu ayant été en contact avec l’assaillant.
Un homme arrêté dimanche à Paris
Selon la radio RTL, les 15 enquêtes, ouvertes pour apologie de terrorisme, ne visent pas que des faits « virtuels ». Une enquête a également été ouverte après qu’un homme a proféré des menaces, dimanche, devant le restaurant parisien Le Petit Cambodge (Xe arrondissement), cible il y a cinq ans des attentats du 13-Novembre. Le suspect aurait proféré des menaces de mort, crié « Allahou akbar », puis « on est tous des Anzorov ». Il a été interpellé.
Le parquet de Paris s’est saisi de ces enquêtes, mais cela ne signifie pas pour autant que l’ensemble des auteurs sont Parisiens. Les parquets disposent en effet d’une marge d’appréciation pour se saisir, étant donné que c’est le lieu de lecture des messages qui fait foi.
Toutes ces annonces ont précédé l’hommage rendu à La Sorbonne à Samuel Paty.
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