Sabotages à la SNCF :  les expatriés comme les autres à la peine

Sabotages à la SNCF :  les expatriés comme les autres à la peine

Dans la nuit du 25 au 26 juillet, autour de 4 heures du matin, à quelques heures du lancement de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024, le réseau ferroviaire français a été victime de trois actes de sabotage concomitants sur trois tronçons. Un quatrième acte a quant à lui finalement été déjoué. Les conséquences sont majeures, désorganisant tous les transports dans l’hexagone alors que ce vendredi marqué le deuxième round des juillettistes. Les liaisons internationales n’ont pas été épargnées, sauf depuis et vers l’Italie. Touristes comme expatriés se retrouvent bloqués alors que la SNCF annonce qu’il faudra plusieurs jours pour rétablir une circulation normale. On fait le point pour les Français de l’étranger.

Attaques matinales coordonnées

Tout s’est passé vers quatre heures du matin, quand les responsables du réseau grandes lignes de la SNCF constatent des accidents simultanés. La signalisation est soudainement coupée dans trois zones : vers Arras, sur la ligne Paris-Lille-Calais ; vers Pagny-en-Moselle, sur la ligne reliant la capitale à l’est de la France, juste avant la fourche vers Metz et Strasbourg ; et à Courtalain, avant Le Mans, sur la ligne de l’ouest, peu avant la fourche Rennes-Bordeaux.

Un quatrième « acte de malveillance » a été déjoué vers Gigny, près de Dijon. Là-bas, des cheminots travaillant la nuit ont surpris des personnes près des voies « qui n’auraient pas dû être là » et ont appelé les gendarmes. Repérées, ces personnes ont fui.

téléchargement
Carte des 3 lignes grandes vitesses victimes des sabotages et entraînant ces paralysies ©SNCF

Des camionnettes ont été retrouvées à côté des zones attaquées, où des câbles dans des armoires ont été coupés puis brûlés, d’autres volés, détruisant la signalisation. Des engins incendiaires ont été retrouvés sur place. Les équipes de police enquêtent pour déterminer qui sont les coupables, pour les retrouver et les arrêter.

Aucune revendication n’a pour l’instant été faite. Gabriel Attal, le premier ministre pour les affaires courantes, appelle à rester prudent sur les auteurs. «L’enquête commence», dit-il, précisant que lesdits auteurs avaient «connaissance du réseau» et de l’emplacement de ses «points névralgiques».

Des destructions importantes

Ce sont les câbles de fibre optique commandant les signaux des voies ou les moteurs des aiguillages qui ont été touchés. Les voies sont intactes, mais sans signalisation, les TGV ne peuvent pas rouler. La France abrite quelque 30.000 kilomètres de voies ferrées, un volume qui rend très complexe la surveillance.

« Les endroits attaqués correspondent à des bifurcations, donc touchent plus de destinations, précise le patron du groupe ferroviaire. Les dégâts sont importants, surtout sur Montparnasse. Les cheminots attendent le départ des policiers pour commencer à travailler. » Il faut réparer câble par câble, fibre par fibre. « Il y en a au moins pour deux jours. Les grands départs en vacances sont menacés et abîmés », déplore la direction de la SNCF lors d’une conférence de presse.

La plateforme ferroviaire de Courtalain, sur la commune de Vald’Yerre, a été victime de dégradations affectant le trafic des TGV. Photo Quentin Reix © L’Echo Républicain

La Belgique touchée

Certains trains à grande vitesse (TGV) prévus au départ de Bruxelles-Midi et à destination de l’aéroport de Paris Charles de Gaulle sont supprimés, a prévenu la SNCB vendredi midi.

La circulation des trains vers l’Hexagone restera perturbée toute la journée au moins, a ajouté la compagnie belge des chemins de fer. Les voyageurs à destination de Lille Europe au départ de Bruxelles-Midi sont invités à se rendre à Tournai, où ils pourront attraper une correspondance pour la gare de Lille Flandres.

Pour rejoindre Paris Nord depuis la gare du Midi, les usagers peuvent se rabattre sur les trains EuroCity. Dans le sens des départs, un train a quitté Bruxelles-Midi à 13h38 pour arriver dans la Ville Lumière à 16h30, par exemple. Depuis Marseille, les trains qui devaient prendre le chemin de la capitale européenne affichés jusqu’à 06h de retard.

25% des trains annulés entre Paris et Londres, indique Eurostar

Quelque « 25% » des trains qui relient Paris à Londres seront annulés vendredi, mais aussi samedi et dimanche, après les sabotages sur le réseau TGV de trains à grande vitesse, qui provoquent de graves perturbations sur l’ensemble du réseau ferré français, a indiqué la compagnie Eurostar.

« Aujourd’hui (vendredi), Eurostar annulera 25% de ses trains. Ce sera également le cas samedi 27 et dimanche 28 », a déclaré le groupe dans un communiqué. Eurostar « prévoit » des perturbations « jusqu’à lundi matin (non inclus) ».

La Suisse et l’Allemagne moins touchées

Si les trains Lyria au départ de France vers la Suisse sont légèrement retardés, dans le sens inverse, la circulation a pu être maintenue.  Il est en de même pour les trains allemands se dirigeant vers la France. Par contre, le réseau Est permettant de circuler par exemple de Paris vers Strasbourg est lui aussi frappé d’annulations ou de retards importants. Là aussi, il faudra attendre jusqu’à lundi pour retrouver des conditions de circulation optimum.

L’Espagne touchée par effet domino

Alors que le secteur Sud-est est préservé suite à l’intervention des agents SNCF en pleine nuit empêchant la destruction comme ailleurs en France, le Sud-Ouest est particulièrement frappé. Ainsi, au départ de Barcelone, les voyageurs ont rencontré uniquement de légers retards, les rames pouvant circuler sur l’arc méditerranéen puis remonter sur Paris via Marseille. Mais pour ceux venant de Bilbao ou de Madrid, le périple va être plus contraignant. En effet, depuis ses villes, c’est par le réseau de Bordeaux, que les trains venant de la péninsule ibérique rejoignent le reste du continent.

À Montparnasse, la gare parisienne de départ ou d’arrivée pour cette région, aucun train n’a pu circuler jusqu’à 13h. Depuis, c’est au compte-gouttes que ces derniers s’engagent sur les rails.

«À travers la SNCF, c’est un bout de la France que l’on attaque»

«Aujourd’hui, ce sont les grands départs qui sont attaqués. À travers la SNCF, c’est un bout de la France que l’on attaque et ce sont les Français qu’on attaque», a dénoncé Jean-Pierre Farandou,le pdg du groupe, dénonçant l’action d’«une bande d’illuminés, d’irresponsables».

«Ça aurait dû être une fête, c’était aujourd’hui les grands départs, les départs en vacances, c’était aussi bien sûr l’ouverture des Jeux olympiques, avec aussi beaucoup de Français qui allaient monter à Paris, qui allaient se faire plaisir, (…) tout ça est gâché», a-t-il regretté.

L’ensemble des services de renseignement est mobilisé pour déterminer l’origine des actes de sabotage dont a été victime vendredi le réseau des lignes à grande vitesse de la SNCF, a assuré une source sécuritaire à l’AFP. Le mode opératoire, des incendies volontaires sur des installations, ressemble à celui utilisé par l’ultragauche par le passé, a-t-on ajouté de même source.

Auteurs/autrices

Laisser un commentaire

Laisser un commentaire