Rima Hassan donne son nom à une promotion d’Université belge

Rima Hassan donne son nom à une promotion d’Université belge

Depuis 2018, les étudiants de la faculté de droit et de criminologie de l’Université libre de Bruxelles (ULB) votent pour choisir une figure qui représentera leur promotion. L’année dernière par exemple, Robert Badinter avait été désigné. Pour 2025, le choix — purement symbolique et ne figurant sur aucun document officiel — s’est porté sur Rima Hassan.

Qui est Rima Hassan ?

Arrivée en France enfant en tant que réfugiée palestinienne, Rima Hassan est juriste de formation. Elle a rejoint La France Insoumise (LFI) en 2023 en vue des Européennes de 2024, à l’issue desquelles elle est entrée au Parlement européen, où elle siège au sein du groupe de La Gauche (GUE/NGL). Elle a été choisie par les étudiants de l’ULB pour son engagement sur la question palestinienne, alors que la guerre continue de faire rage à Gaza, que le bilan humain s’alourdit et que la Belgique peine à adopter une position sur la reconnaissance de l’État palestinien ou à établir des sanctions contre Israël.

L’eurodeputée était notamment à bord de la Flotille pour la Liberté visant à acheminer de l’aide vers Gaza, en compagnie de Greta Thunberg. Elle participe à de nombreuses manifestations en soutien à la cause et s’exprime largement sur celle-ci.

Un choix, des polémiques

Ce choix a été porté en juin par 42 % des 331 étudiants votants, selon Le Soir. Elle a devancé les autres personnalités proposées, à savoir Gisèle Pelicot (32 %), Michèle Grégoire (20,2 %) et Typhanie Afschrift (5,7 %). 51,6 % des étudiants de la faculté ont participé au vote.
 
Depuis cette annonce, la polémique enfle. Entre soupçons de problèmes de procédures lors des votes, et pressions externes à l’université contre ce choix. Elle a enflé à tel point que le conseil facultaire de l’ULB s’est réuni jeudi midi pour examiner le dossier.
 
L’ULB a finalement décidé de laisser la liberté aux étudiants de choisir le nom de leur promotion. La RTBF a rappelé qu’invalider ce choix aurait été une première en huit ans. La rectrice de l’ULB, Annemie Schaus, a toutefois précisé qu’« il ne s’agit ni d’un choix institutionnel, ni même facultaire », mais d’une décision des étudiants prise de manière « démocratique ». Elle a tenu à lever les doutes sur le vote, assurant que « le doyen de la faculté a veillé à ce que l’organisation du vote soit irréprochable ».
 
Le doyen, Pierre Klein, rappelle que le choix appartient aux étudiants et « témoigne de leur besoin de s’engager face aux drames qui se déroulent actuellement à Gaza ». « Nous nous devons de la respecter. »
 
Le conseil de la faculté a également ajouté qu’il allait instaurer « des lignes directrices et un règlement visant à définir un cadre clair et transparent pour le choix du nom » des prochaines promotions.
ULB Campus
Photo du campus de l'ULB à Liège ©ULB

Des pressions en Belgique…

Dans un communiqué publié juste avant la réunion du conseil facultaire jeudi, plusieurs organisations étudiantes de l’université ont défendu le choix des étudiants. Ils ont dénoncé « une vague inacceptable de menaces, d’intimidation, de harcèlement et d’acharnement, émanant notamment de milieux politiques et des réseaux sociaux » et appelé les autorités de l’ULB à protéger la communauté étudiante.
 
Les associations estiment qu’une « campagne de désinformation » circule autour de de Rima Hassan et expliquent que le choix estudiantin a été fait en soutien à la cause palestinienne, son peuple étant « confronté depuis 77 ans à la colonisation et à un régime d’apartheid, ainsi qu’à un génocide en cours à Gaza » — une « réalité documentée et dénoncée » par des experts des Nations unies et des ONG internationales, insistent-elles.
 
Les organisations étudiantes ont aussi souligné le fait que les étudiants n’ont pas eu de garantie de sécurité de la part de l’établissement, notamment pour l’organisation de la remise des diplômes sur la Grand-Place qui aura lieu en octobre. La semaine dernière, le chef du Mouvement Réformateur (parti membre de la coalition gouvernementale), Georges-Louis Bouchez, a exprimé sa désapprobation sur X.

« En tant qu’ancien étudiant de l’ULB, en tant que démocrate libéral, en tant que citoyen, mais aussi comme responsable politique, je demande sans ambiguïté aux autorités de l’ULB de rejeter le nom de Rima Hassan […]. On ne peut accepter qu’une femme qui livre quotidiennement sa haine de l’Occident, son soutien à peine voilé à des organisations terroristes et qui milite dans un parti dangereux pour notre démocratie, puisse incarner une promotion de citoyens qui devraient incarner exactement l’inverse. » – Georges-Louis Bouchez, président du parti Mouvement Réformateur (MR)
 
Parallèlement à cela, l’université a confirmé mercredi avoir décidé de porter plainte contre Alain Destexhe, ancien sénateur MR, pour incitation à la haine, en réponse à un message publié sur les réseaux sociaux révélant les prénoms d’une vingtaine d’étudiants du master 2023- 2024. Il y affirmait que le fait qu’« une partie très significative » des étudiants étant « désormais d’origine arabo-musulmane, à l’image de la population bruxelloise », cela expliquait le choix de Rima Hassan.

…et en France

La polémique dépasse la Belgique et est parvenue jusqu’aux oreilles des Français. Lundi 25 août, cinquante intellectuels — dont des Français tels que l’avocat Arno Klarsfeld et les anciens ministres Bernard Kouchner (aux Affaires étrangères sous Nicolas Sarkozy) et Luc Ferry (à l’Éducation sous Jacques Chirac) — ont signé une lettre ouverte demandant à l’ULB de refuser le choix de ses étudiants.

« Rima Hassan, à l’instar de ses amis au sein de LFI, n’a jamais condamné, pour cet innommable massacre [du 7 octobre 2023 en Israël], ce même Hamas, qu’elle considère, au contraire, comme le légitime bras armé de ce qu’elle nomme encore […] la “Résistance” des Palestiniens, dans la bande de Gaza […] »Extrait de la lettre ouverte demandant à l’ULB de refuser le choix de ses étudiants.

En France, l’eurodéputée franco palestinienne qui a rejoint le monde politique en 2023 a fait couler beaucoup d’encre. Elle a par exemple suscité des plaintes de l’eurodéputé du Parti populaire européen (PPE) François-Xavier Bellamy (LR) pour « menace et incitation à commettre un crime ou un délit contre un élu » et, plus récemment, de l’imam Hassen Chalghoumi, qui dénonce une « fatwa » qui le viserait.

Rima Hassan
Rima Hassan lors d'une manifestation place de la République à Paris, le 12 juin 2025. ©Getty Images/Umit Donmez_Anadolu
En février 2024, la juriste de formation avait également déclaré sur Sud Radio que le Hamas menait « une action légitime du point de vue du droit international », ce qui a été perçu comme une justification des actes du groupe islamiste. Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau avait signalé ces déclarations « relevant de l’apologie du terrorisme » à la justice.
 
De son côté, Rima Hassan avait salué dès juillet le choix des étudiants belges. Ce jeudi, elle a accueilli favorablement la décision du Conseil facultaire. « Le Conseil facultaire de la fac de droit et de criminologie de l’ULB valide le vote des étudiants et étudiantes […]. Je remercie toutes celles et tous ceux qui ont tenu bon face à l’acharnement médiatique et politique et en particulier les étudiants et étudiantes qui ont été infantilisés, dénoncés et calomniés. Honorée de marrainer cette nouvelle promo ! » – Rima Hassan – Eurodéputée LFI
 

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