Un bras de fer diplomatique oppose Paris et Moroni. Depuis un certain nombre d’années, les autorités comoriennes revendiquent la souveraineté sur Mayotte. Cet imbroglio est l’occasion de s’intéresser à l’histoire de ce territoire disputé.
Mayotte, française par accident ?
Mayotte, dans le canal de Mozambique, a été vendue le 25 avril 1841 à un officier de marine français par le sultan local.
Longtemps délaissée par le colonisateur, l’île est devenue le 31 mars 2011 un département d’outre-mer de plein droit suite au référendum du 29 mars 2009 initié par le gouvernement français. Elle n’en demeure pas moins une société de type colonial, où une poignée d’« expats » (expatriés) tente de contenir des immigrants irréguliers démunis, jeunes, illettrés, attachés à leur identité comorienne ou africaine, en croissance exponentielle et désormais plus nombreux que les Mahorais eux-mêmes.
Il est à craindre que le recours à la police et à la magistrature se révèle impuissant face à des déchaînements de violence meurtrière et récurrente qui ressemblent de plus en plus à un état de guerre…
Sous la protection de la France
Là-dessus, dans l’indifférence des médias et des commentateurs, le gouvernement de Nicolas Sarkozy permit aux Mahorais, par le référendum du 29 mars 2009, de devenir département d’outre-mer, à l’image des vieilles colonies de la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane et la Réunion.
Mais dès l’automne 2011, des émeutes violentes – avec mort d’homme – opposèrent la jeunesse de Mayotte aux policiers venus de métropole. Elles révélèrent une société coloniale très éloignée du rêve assimilationniste et dont le fonctionnement est assuré plutôt mal que bien par les « expatriés » ou « m’zungus » (administrateurs, enseignants, médecins). Certains de ces métropolitains blancs, riches de leurs salaires et de leurs primes, se laissent corrompre par l’atmosphère locale : soirées alcoolisées, consommation sexuelle de mineures, etc.
L’avenir s’avère d’autant plus sombre que les Mahorais de souche tendent à abandonner leur île aux immigrants illégaux. Ils usent de leur citoyenneté pour aller chercher une vie plus sereine à la Réunion ou en métropole (Marseille abrite plus de Comoriens que Mayotte). Ceux qui sont encore présents sur l’île manifestent leur colère en prenant des armes pour combattre les clandestins ainsi qu’en donnant leurs votes à l’extrême-droite… Aux élections présidentielles de mai 2017, la candidate du Front national a ainsi recueilli 42,85% des suffrages exprimés, soit nettement plus que la moyenne métropolitaine (note).
Par une aberration singulière, les immigrants illégaux et leurs enfants, qui ne peuvent sortir de l’île légalement, pourraient bientôt devenir les seuls habitants permanents de l’île, aux côtés des policiers et administrateurs métropolitains.
Sans doute la départementalisation de Mayotte demeurera-t-elle dans l’Histoire comme le legs le plus coûteux et le plus lourd de conséquences de la présidence Sarkozy.