L’intelligence artificielle, une onde de choc à propagation rapide 

L’intelligence artificielle, une onde de choc à propagation rapide 

Avec le vieillissement de la population, les pénuries de main-d’œuvre ont vocation à se multiplier en particulier dans le secteur des services. L’automatisation et la robotisation sont des moyens pour compenser ce manque. Les progrès de l’intelligence artificielle offrent de nouveaux moyens pour substituer la machine aux hommes et aux femmes. Cette évolution génère des craintes au point qu’une tribune de l’ONG Future of Life Institute, signée par de nombreux responsables de la haute technologie dont Elon Musk, appelle à une « pause » de six mois dans la création des formes les plus avancées d’intelligence artificielle. 

Les progrès des robots conversationnels ont surpris par leur ampleur et leur rapidité grâce à leurs capacités auto-apprenantes. ChatGPT d’Openai est ainsi capable de résoudre des énigmes logiques, d’écrire des codes informatiques et d’identifier des films à partir de résumés. Ces modèles sont appelés à transformer la relation des humains avec les ordinateurs. Les partisans de l’intelligence artificielle mettent en avant les gains de temps pour résoudre des problèmes complexes. Ces derniers seraient importants en matière de conception de médicaments ou en matière de météorologie. Pour d’autres, en revanche, le recours croissant aux machines dotées d’intelligence artificielle pourrait aboutir à une perte de contrôle des humains sur des processus de décision.

intelligence artificielle
Intelligence artificielle

Le scénario des films « Terminator » 

Le scénario des films « Terminator » pourrait ainsi devenir réalité avec une autonomisation des ordinateurs pouvant amener à des catastrophes. La force des nouveaux langages d’intelligence artificielle est de pouvoir se nourrir de l’ensemble des données disponibles sans étiquetage préalable. Ils absorbent les fichiers en distinguant leur nature. Ils bénéficient également de l’accélération des processus de traitement des données. 

Le succès médiatique de ChatGPT a été rapide. Révélée au grand public au mois de novembre 2022, cette application a été utilisée en moins d’une semaine par un million de personnes. En deux mois, ce nombre a dépassé 100 millions. De nombreux élèves l’ont utilisé pour leurs devoirs. Des élus aux États-Unis ont avoué l’utiliser pour faire leurs discours. 

L’efficacité de ChatGPT est telle que Microsoft a décidé de l’intégrer dans son moteur de recherche Bing. Chaque révolution industrielle génère des peurs et des fantasmes. Des machines à tisser au XVIIIe siècle à ChatGPT au XXIe siècle en passant par les robots et les ordinateurs à la fin du XXe, les précédents sont nombreux. Jusqu’à présent, la nouvelle technologie a créé de nouveaux emplois pour remplacer ceux qu’elle a détruits. Le développement du machinisme a créé de nombreux emplois. Ceux qui ont été détruits dans les champs ou dans les usines ont été remplacés assez aisément. Certains craignent une dislocation des marchés du travail avec la suppression rapide de millions d’emplois dans les services. Ces robots affaibliraient encore plus les classes moyennes en s’attaquant aux fonctions remplies par de nombreux employés et cadres moyens voire supérieurs. Ils peuvent ainsi réaliser des synthèses de documents et écrire des codes informatiques. 

Dans une enquête menée en 2022 auprès de chercheurs en intelligence artificielle, 48 % d’entre eux pensaient qu’il y avait au moins 10 % de chances que l’intelligence artificielle ait un impact « extrêmement mauvais » et 25 % ont déclaré que le risque était de 0 %. Le chercheur médian a évalué le risque à 5 %.

Pause ou rente de situation 

Les experts qui ont demandé une pause sont pour un certain nombre d’entre eux, comme Elon Musk, des acteurs de l’intelligence artificielle. Cette pause pourrait leur offrir des rentes de situation en bloquant l’accès à de nouveaux entrants. Elle pourrait également obliger les différents acteurs à montrer leur jeu ce qui, évidemment, limiterait la concurrence dans un secteur qui nécessite des investissements coûteux. 

L’intelligence artificielle nécessite une régulation afin de protéger la propriété intellectuelle et les droits des consommateurs. La réalisation de chansons digitales en recourant à des données sonores existantes pose évidemment des questions sur les droits d’auteurs et sur le processus de création. Il en est de même pour la photographie ou la littérature. 

Face aux défis de l’intelligence artificielle, les États apportent, pour le moment, des réponses différentes. Le Royaume-Uni a adopté une position souple en refusant la mise en place de nouvelles règles et de tout organisme de régulation. Il se limite à l’application des réglementations existantes. L’objectif est de faire du Royaume-Uni une superpuissance de l’intelligence artificielle. Les États-Unis sont sur la même longueur d’onde avec néanmoins l’adoption d’un code de bonne conduite.

La mise en place de conventions internationales serait nécessaire 

L’Union européenne défend une ligne plus dure. Un projet de directive vise à distinguer les différentes utilisations de l’intelligence artificielle en fonction du degré de risques. Il prévoit des systèmes de surveillance plus ou moins poussés en fonction des risques. 

Certaines utilisations de l’IA sont totalement interdites, comme la publicité subliminale et la biométrie à distance. Les entreprises qui enfreignent les règles seront condamnées à une amende. En Italie, ChatGPT a été partiellement suspendu et d’autres gouvernements réfléchissent à suivre cette dernière. 

De son côté, la Chine oblige les entreprises à enregistrer leurs produits d’intelligence artificielle qui sont, en outre, censées valoriser les valeurs fondamentales du communisme. Compte tenu des enjeux, la mise en place de conventions internationales serait nécessaire. Cette solution suppose un minimum d’entente entre la Chine et les États-Unis.

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