Retour sur l’affaire Aya Nakamura

Retour sur l’affaire Aya Nakamura

Cette semaine, Emmanuel Macron a déclaré qu’il souhaitait que les choix du directeur artistique de la cérémonie reflètent «la France dans sa diversité, dans son rayonnement, tous ses arts et son excellence» argumentant qu’Aya Nakamura est «la plus streamée parmi les artistes francophones et parle à bon nombre de nos compatriotes».

La possibilité que la chanteuse francophone participe aux festivités autour des Jeux de Paris avait soulevé l’indignation de la droite et de l’extrême droite qui y voyaient une manière de «diviser» et d’«humilier» les Français. Il a ajouté que la décision sur une participation de la chanteuse revenait aux organisateurs des cérémonies et qu’il n’était «pas le directeur artistique de la cérémonie, ni de la cérémonie d’ouverture, ni de la cérémonie des Jeux Olympiques ou Paralympiques».

Retour sur un mois de polémiques pour les Français de l’étranger.

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Aya Nakamura

La rumeur de sa participation

Début mars, selon les informations de L’Express, on apprend que c’est Aya Nakamura qui serait pressentie par Emmanuel Macron pour performer à la cérémonie d’ouverture des JO de Paris, le 26 juillet. Toujours selon le magazine, l’artiste franco-malienne a été invitée par l’Élysée, le 19 février dernier, où le chef de l’État lui aurait demandé d’interpréter une chanson française pour l’occasion. Pour l’heure, rien n’a été confirmé, ni par le Président, ni par l’Élysée, mais cela a suffi à ouvrir la boîte de Pandore.

Aya Nakamura réagit

De son côté, la chanteuse n’a pas non plus confirmé cette rumeur. Même si, sur ses réseaux, l’artiste de 28 ans a semblé laisser quelques indices quant à la véracité de cette information. Quelques jours après la sortie de l’article de L’Express, elle publie une vidéo sur son compte Instagram. On la voit au défilé Schiaparelli, à Paris, lors de la Fashion Week. En légende, on peut lire « Édith PIAF ? ».

Un démenti ? Une simple réaction à la rumeur ? Difficile de savoir…

Acte III : un déferlement de haine

Cette rumeur n’a pas manqué de faire réagir. Lundi 11 mars, l’artiste a été la cible d’attaques racistes, proférées par l’extrême droite. Le collectif identitaire Les Natifs s’est notamment affiché avec une banderole, où on pouvait lire : « Y’a pas moyen Aya, ici c’est Paris, pas le marché de Bamako ».

Du côté de la politique, là aussi des réactions stigmatisantes. Dimanche, lors d’un meeting Reconquête pour les élections européennes, des huées ont déferlé au moment de l’évocation du nom de la chanteuse.

Moqueries également sur X, où Eric Zemmour s’est fendu d’un ironique « Sa fé réfléchir », moquant les fautes d’orthographe de la chanteuse.

De nouveau chez Reconquête, Marion Maréchal, vice-présidente de Reconquête et tête de liste aux européennes, a jugé utile, d’elle aussi laisser son commentaire : « Aya Nakamura ne chante pas en français. Elle ne représente ni la culture ni l’élégance française. »

Aya Nakamura réplique sur X

Toujours en laissant planer le suspens sur sa possible prestation aux JO, la chanteuse a simplement répondu à la banderole raciste du groupuscule d’ultradroite, via un message posté sur X : « Vous pouvez être raciste mais pas sourd. C’est sa qui vous fait mal ! Je deviens un sujet d’état numéro 1 en débats ect mais je vous dois quoi en vrai ? Kedal »

Les messages de soutien affluent pour l’artiste

Ces attaques ont suscité des réactions de soutien dans le monde politique. « Nous avons été très choqués par les attaques racistes visant Aya Nakamura ces derniers jours. Total soutien à l’artiste française la plus écoutée dans le monde », a réagi le comité d’organisation des JO de Paris lundi dernier.

L’ancienne ministre de l’Éducation, Amélie Oudéa-Castéra a, elle, défendu l’artiste dans un post sur X, avant d’entamer la chanson Djadja en pleine interview de nos confrères de France 5. Une scène moquée sur les réseaux sociaux par de nombreux internautes. « Peu importe comme on vous aime, chère Aya Nakamura, foutez-vous du monde entier », a écrit la ministre des Sports et des Jeux olympiques.

Du soutien également dans l’industrie musicale, où le chanteur Dadju, roi du R’n’B en France, a réagi à la banderole du groupe d’ultradroite sur ses réseaux : « Vous lynchez la plus grosse artiste du pays avec des arguments de CM1… »

Auteur/Autrice

  • Chantal Julia

    Chantal Julia est maitre de conférence en Suisse. Après plusieurs années à l'Université de Lettre Paris 1, Chantal a suivi son compagnon à Lausanne où elle enseigne toujours la littérature française. Elle écrit pour différents magazines universitaires et Lesfrancais.press

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