Résilience

Résilience

Depuis une dizaine d’années, nous avons connu quatre crises majeures qualifiées, pour certaines d’entre elles, de centennales : la crise financière de 2008, la crise des dettes souveraines en 2011, la crise sanitaire de 2020, puis la crise ukrainienne. À chaque fois, nous avons été mis en garde sur une possible implosion de notre système économique. Grâce aux décisions prises par les autorités, par le travail des uns et des autres, nous avons résisté et rebondi même s’il a fallu plus de sept ans pour effacer les stigmates de la crise des subprimes.


Les États ont avant tout profité de la pandémie pour engager des dépenses qu’ils n’arrivaient pas à financer

La reprise après l’épidémie de covid-19 a surpris par sa vitalité. À la différence des crises financières, l’économie s’est arrêtée non pas en raison d’un dérèglement interne mais par décision des pouvoirs publics. Le soutien massif des pouvoirs publics a préservé le capital comme l’emploi, autorisant un rebond rapide. Compte tenu de l’épargne contrainte constituée durant les confinements, l’utilité de ces plans successifs peut se discuter. Les États ont avant tout profité de la pandémie pour engager des dépenses qu’ils n’arrivaient pas à financer. Avec une économie mondiale désorganisée par les confinements, les plans de relance ont accentué les tensions inflationnistes sur fond d’abondantes liquidités. 

La guerre en Ukraine qui a commencé deux ans après l’épidémie de covid provoque une série de chocs d’offre. Pour la première fois, l’ensemble des pays de la planète subissent des augmentations massives des prix de l’énergie, des matières premières et des produits agricoles ainsi que de certains biens intermédiaires. Les prix de ces biens continueront-ils d’augmenter ? Tout dépend de l’évolution du conflit entre l’Ukraine et la Russie et des possibilités de substitution. La réduction des importations du gaz et du pétrole russes amènera à une réorganisation du marché de l’énergie. La Russie vendra davantage à la Chine et à certains pays émergents ou en développement ; les États occidentaux trouveront de leur côté de nouveaux fournisseurs et accéléreront leur transition énergétique. Le problème pèse sur le court terme et l’éventuelle transmission de la hausse des prix sur les salaires.

Les périodes d’inflation sont cruelles pour les rentiers, pour ceux qui ne sont pas ou ne peuvent pas être agiles 

À moyen et long terme, le marché de l’énergie devrait se normaliser. Quoi qu’il en soit, les entreprises et les ménages devront faire preuve de résilience. Pour échapper à la spirale des coûts et maintenir leur rentabilité, les entreprises n’ont d’autre voie que de réaliser des gains de productivité et de se positionner sur du haut de gamme ou sur des niches. 

Les périodes d’inflation sont cruelles pour les rentiers, pour ceux qui ne sont pas ou ne peuvent pas être agiles. Le déclin de l’aristocratie à partir du XVIIe siècle est en partie imputable à la vague de hausses des prix générée par l’or espagnol. Les bourgeois, vivant du fruit de leur travail, ont ainsi émergé. 

Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, l’inflation pénalisera les entreprises ne pouvant pas suivre en matière de rémunérations. La bataille des compétences ne fait que commencer. Comme le répétait l’économiste français du XVIe siècle, Jean Bodin « il n’y a de richesse que d’hommes » et de « femmes » soulignant que la monnaie n’est pas synonyme de richesse. 

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