Gabriel Attal, Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’éducation nationale, en charge de la jeunesse a répondu aux questions de notre partenaire La French Radio
Plusieurs questions et en particulier celle du SNU, le Service National Universel, qui vise les jeunes Français(e)s de 16 à 18 ans. Quid des Français de l’étranger, de la possibilité pour elles et eux de s’impliquer. Les réponses de M. Attal mettent en avant les difficultés logistiques de se rendre au service national en France, des options envisagées pour étendre ce SNU aux Français à l’étranger et de faire collaborer les ambassades et instituts français, etc.
Gabriel Attal, bonjour, vouss êtes Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’éducation nationale, en charge de la jeunesse, vous êtes à Lisbonne depuis le 22 juin pour participer à la conférence mondiale des ministres de la jeunesse sous l’égide de l’ONU. Alors quel était cette année le thème de cette conférence à Lisbonne ?
Cette conférence qui regroupait des ministres du monde entier avait vocation, 21 ans après une précédente conférence ici même à adopter une déclaration sur les jeunes dans le multiculturalisme. Comment est ce que dans l’ensemble des enjeux qui sont abordés par les Etats comme le changement climatique, la lutte contre les discriminations, la transition numérique, les jeunes sont au cœur de cette stratégie ? Comment arriver à faire intégrer les jeunes à des décisions qui
les impacteront plus longtemps que les autres ? Comme l’a dit le Secrétaire Général de l’ONU, il ne s’agit pas de leur laisser une place sur la table mais d’être dans la décision. Nous avons adopté une déclaration qui sur l’ensemble de ces sujets de développement durable insiste sur la place et le rôle des jeunes. Quelques exemples : les jeunes ont un rôle essentiel de médiateurs dans la résolution des conflits dont ils ne doivent pas être les victimes. Il faut mettre en valeur le rôle de la jeunesse sur la résolution des conflits. Sur le changement climatique c’est une cause générationnelle, l’ONU disait d’ailleurs que c’était un multilatéralisme par essence, c’est-à-dire que quand il s’agit de se coordonner entre Etats sur une problématique mondiale sans frontières, les jeunes dans leur ADN ont cette préoccupation. Nous avons vu des jeunes se mobiliser partout dans le monde sur la question climatique. Au Portugal ils étaient très présents, en France également et je me suis rendu à des manifestations. La question de la jeunesse doit être mise à l’agenda des Nations Unies et du multiculturalisme. Cela avance notamment au forum jeunesse de l’ONU à New-York.
Nous en sommes au premier test du SNU, qui va se tenir pendant un an et ensuite cela devrait se généraliser à l’ensemble de l’Hexagone, et des départements d’Outre-mer. Il semble que les Français de l’étranger soient exclus. Un exemple concret : je réside au Portugal, Français(e) entre 16 et 18 ans, suis-je ou vais être concerné par le SNU sachant qu’actuellement cela semble très compliqué en tant que résidant à l’étranger ?
Je vais répondre à votre question. D’abord les objectifs : qu’une génération, dans l’Hexagone et les territoires ultra-marins, se retrouve autour des valeurs de la République avec des jeunes qui viennent d’horizons sociaux, géographiques, parfois culturels radicalement différents mais qui finalement découvrent ce qu’ils partagent et se forgent un destin commun. Cela manque en France, un pays traversé ces derniers mois par des fractures comme la crise des gilets jaunes tandis que pour la jeunesse, une partie est intégrée dans la mondialisation et d’autres sont beaucoup moins à l’aise, se cherchent. Nous voulons susciter l’engagement. Nous avons besoin d’une jeunesse qui s’engage, qui fait du bien à soit même mais aussi à la collectivité, qui se pose les bonnes questions. Cela a démarré cette année avec une phase pilote, à terme cela concernera 800 000 jeunes, nous sommes pragmatiques et faisons une phase pilote. Sur la participation des jeunes expatriés, quand le service militaire existait, les jeunes expatriés n’étaient pas appelés à ce service, ils devaient le faire si ils remettaient un pied en France pendant la période d’appel. Pas d’obligations sinon. Cela a été remplacé par la journée d’appel à la défense qui n’est pas obligatoire pour les jeunes expatriés. Devons nous rendre obligatoire le SNU ? La réponse est non, je ne veux pas créer de charges lourdes pour des expatriés dont la situation est différente. Cela a un coût, une logistique pour faire venir son enfant en métropole, en revanche, je donne la possibilité à des familles qui souhaiteraient que leur enfant puisse participer au SNU, qui auraient par exemple prévu de revenir en France, à l’occasion de vacances par exemple et dont l’enfant souhaite participer au SNU, qu’ils aient l’occasion de le faire. Ce sont des Français et ils pourront, à terme, le faire sans problème.
Donc cela pourrait laisser entendre que pendant les vacances l’enfant puisse faire le SNU et à son retour serait il possible alors d’aller travailler dans une société ou une association française pour continuer l’esprit du SNU ?
Oui effectivement il y a une phase de cohésion qui est expérimentée, les jeunes métropolitains sont encadrés avec des formations de deux semaines dans un environnement encadré SNU et deux semaines dans leur région d’origine et ils feront une mission d’intérêt général auprès par exemple des pompiers. Je souhaite que tous les jeunes Français puissent s’engager y compris quand ils résident à l’étranger. Donc avec Jean-Yves Le Drian nous travaillons sur comment les ambassades, les instituts français et les lycées français pourront organiser des parcours citoyens avec des associations permettant à des jeunes d’avoir des engagements dans le pays où ils résident en plus des deux semaines en métropole. Cela sera plus des associations que des entreprises car le SNU n’est pas un travail, c’est l’intérêt général et nous réfléchissons sur cette question pour les Français de l’étranger.
Une question un peu plus personnelle, vous avez été Français de l’étranger entre 2009 et 2010, deux ans, à Rome auprès du Directeur de la Villa Medicis. Que retenez vous de cette expérience à l’étranger ?
Une expérience formidable dans un très bel établissement qu’est la Villa Medicis à Rome, une expérience de vie dans un autre pays que la France, s’interroger, gagner des expériences, je souhaite cela à tous les jeunes via notamment un doublement du budget Erasmus, l’opportunité de passer un temps long dans un autre pays européen. J’ai trouvé une communauté française à la fois intégrée à la vie romaine mais profondément, contrairement aux clichés, attachée très fortement à la France. Le fait parfois de s’éloigner renforce l’attachement à la France.
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