Recherche «travail» désespérément

Recherche «travail» désespérément

Depuis le début de la crise sanitaire, les gouvernements se débattent au sein d’un triangle de l’impossible dont les coins sont constitués de la santé, de l’économie et du bien-être de la population. Toute décision influe sur l’un ou l’autre de ces angles. 

Priorité à la Santé

La priorité donnée à la santé a ainsi abouti à une chute vertigineuse du PIB. Pour éviter une désagrégation de la société, les autorités ont été amenées à ouvrir en grand le robinet des dépenses publiques. Grâce à cet effort sans précédent, les pertes de revenus ont été faibles, en moyenne, au regard de la crise supportée. En périodes troublées, les revendications fleurissent. La distribution rapide et automatique d’argent, le fameux «helicopter money», étant devenue la norme, toute catégorie sociale et toute génération souhaite en profiter. Dans ce contexte, le revenu voire le capital universel a un nombre croissant d’adeptes surtout quand l’objectif est de venir en aide aux jeunes qui craignent d’être sacrifiés sur l’autel de la préservation de la santé de leurs ainés. 

Cette alimentation sans limite de la société en liquidités donne l’illusion de l’affranchissement possible du travail. Celui-ci est, bien souvent, vécu en France comme un labeur, c’est-à-dire comme une peine quand ce mot désigne aussi l’effort. Il est ressenti comme une exploitation, d’une subordination, quand la retraite renvoie à une libération, d’où la sacralisation de cette dernière en acquis social. Les thèses de la fin du travail ont toujours trouvé quelques échos en France, certes pour dénoncer les conséquences négatives de la robotisation ou de la mondialisation, mais aussi pour souligner que le monde de demain pourra être libéré de cette contrainte.

Un déficit de travail 

Aussi étrange que cela puisse paraître, la France souffre avant tout d’un déficit de travail qui est amené à s’accroître dans les prochaines années notamment avec le départ à la retraite des baby-boomers. Chaque année, 800 000 actifs liquident leurs droits à la retraite, contre 300 000 dans les années 1980. La France manque d’ingénieurs pour entretenir et construire ses centrales électriques. Elle manque d’informaticiens et de chercheurs pour modéliser le vaccin contre la covid-19. Elle manque de médecins, d’infirmiers, d’aides-soignants pour s’occuper des malades et des personnes dépendantes dont le nombre doublera d’ici le milieu du siècle. Elle manque de bras dans les secteurs de la construction et de l’agriculture. Pour cueillir les clémentines, cet hiver, en Corse, les exploitants ont fait appel en toute urgence à des saisonniers marocains pour éviter qu’elles ne pourrissent sur les arbres. Avant la crise, il manquait de cuisiniers, de serveurs et de personnels dans les hôtels. 

La question centrale est la rentabilisation du travail et sa rémunération. En France, de nombreux emplois sont peu ou mal payés, obligeant les pouvoirs publics à les subventionner à travers des exonérations de charges, des aides ou des prestations sociales qui représentent plus du tiers du PIB. Les usines à gaz ainsi mises en place aboutissent à la dépréciation du travail, contrairement à l’objectif recherché. L’arrêt de cette machine infernale passe par le traitement de la dépendance aux aides de toute nature dont bénéficient les entreprises et les ménages. Il suppose évidemment une revalorisation du travail et de la formation.

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