Parents français ou étrangers sont souvent allés inscrire leur enfant dans un lycée français, alléchés par les 45 % de mention bien et très bien au baccalauréat. Et pour un coût plutôt modique par rapport à la concurrence. Mais l’augmentation constante des frais d’inscription depuis dix ans agace fortement. Une partie importante des parents, soutenue par les professeurs, multiplie chaque année les pétitions. Pour de nombreux Français de l’étranger, salariés, indépendants, artistes, entrepreneurs et enseignants, «ces sommes représentent un budget déjà bien trop important», déplorait l’an dernier une pétition lancée par l’Association des parents du lycée français de Hanoï (Vietnam). De plus en plus de familles ne bénéficiant ni d’une bourse ni d’une prise en charge de leur employeur…
Samantha Cazebonne a remis au gouvernement un rapport sur ces situations qui se multiplient.
Elle a exploré à travers 400 auditions un certain nombre de pistes de réflexion et de formuler des recommandations concrètes alors que l’État semble vouloir se désengager et que la concurrence des établissements de langue anglaise se renforce. L’annulation d’une partie de la subvention pour charges de service public allouée à l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger en juillet 2017 s’est traduite par des suppressions de postes dès la rentrée 2018. Cette coupe claire a suscité une vague de grèves et mobilisé les parents d’élèves.
Cependant d’ici à avril, Emmanuel Macron devrait annoncer une réforme des lycées français de l’étranger, qui sont aujourd’hui à bout de souffle, notamment pour des raisons budgétaires. Il a pour objectif de doubler le nombre d’enfants scolarisés dans le réseau à l’horizon 2030.
Outil d’influence diplomatique, le réseau des 492 lycées français de l’étranger connaît certes encore une hausse annuelle de ses effectifs de 2 %. Les excellents résultats au bac attirent un tiers de Français expatriés et deux tiers d’étrangers.
Le budget consolidé de l’Enseignement français à l’étranger (EFE) est d’approximativement de 2,3 milliard d’euros par an. L’État Français verse d’une part une subvention de 380 millions d’euros, par l’intermédiaire de l’opérateur AEFE, et d’autre part environ 100 millions de bourses individualisées. Ces moyens ne sont pas mis à la disposition de tous les établissements, en effet, les ressources diffèrent selon que les établissements soient en gestion directe, conventionnés ou partenaires.
Mais derrière cette image d’Épinal, la révolte gronde. Pour compenser la baisse des crédits publics, les montants de scolarité des familles ont augmenté de plus 60 % en dix ans . Or leur solvabilité «n’est pas sans limites», observait déjà un rapport de la Cour des comptes en 2016. «Si ça continue, poursuit la Cour des comptes, la question de la fermeture de certains établissements», se posera. Les parents pourraient aller voir ailleurs même si la scolarité reste abordable en comparaison des tarifs pratiqués par les réseaux des écoles britanniques ou américaines. Samantha Cazebonne évoque ainsi une «forme de déni du risque concurrentiel» de la part de l’AEFE. Pour de nombreux investisseurs, les écoles plurilingues, dont font partie les lycées français de l’étranger, se disputent aujourd’hui un véritable marché éducatif sur lequel de plus en plus de chefs d’établissement constatent une rude concurrence, notamment de la part de lycées privés internationaux anglo-saxons.
Rendez-Vous est donc pris avec le Président de la République pour connaître les futurs moyens et le cap de l’éducation française à l’étranger.
La rédaction avec l’AFP
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