Quinze espions russes ont utilisé les Alpes françaises comme base arrière pour des opérations dans toute l’Europe, affirme le journal Le Monde, évoquant une traque orchestrée par les services de contre-espionnage français, suisses et britanniques.
Selon le quotidien, les quinze officiers du renseignement militaire russe (GRU), spécialisés dans les assassinats, ont circulé sur le continent à partir de 2014. Leur dernier passage en France daterait de septembre 2018.
L’un des 15 agents aurait ainsi été identifié par Londres comme un des trois auteurs de l’empoisonnement au neurotoxique Novitchok en mars 2018 d’un ex-espion russe, Sergueï Skripal, et de sa fille Ioulia, à Salisbury en Angleterre.
Les deux avaient survécu mais une habitante de la région était morte après avoir trouvé un flacon qui avait sans doute servi à transporter le produit toxique. L’opération avait provoqué un incident diplomatique majeur entre Moscou et l’Union européenne, et poussé les services occidentaux à traquer les responsables.
Les révélations du Monde interviennent aussi alors que Berlin accuse Moscou d’être derrière l’assassinat en août d’un Géorgien à Berlin. Deux membres de l’ambassade russe, auquel le gouvernement allemand reproche de ne pas « coopérer » à l’enquête, vont devoir immédiatement quitter le pays.
Selon Le Monde, les quinze officiers, qui n’auraient pas effectué d’opérations sur le sol français, ont séjourné à plusieurs reprises dans des petites villes comme Annemasse, Chamonix ou Evian (sud-est de la France).
Ils appartiennent à l’unité 29155 du 161e centre de formation spéciale du GRU. « Cette unité se livre désormais à l’assassinat, au sabotage ou à des tâches plus obscures comme la relève des boîtes aux lettres mortes » par lesquelles les agents communiquent entre eux, explique le journal.
Aucune arme ni matériel n’ont été saisis. Aucun complice local n’a été non plus identifié. Les quinze officiers n’ont semble-t-il pris aucun contact avec les agents de l’ambassade de Russie à Paris.
Ils auraient opéré en revanche, outre en Grande-Bretagne, en Bulgarie, en Crimée, en Moldavie ou encore au Monténégro.
De quoi orienter les services français vers l’hypothèse selon laquelle le département de Haute-Savoie, frontalier de la Suisse et de l’Italie, aurait été utilisé comme « base arrière pour l’ensemble des opérations clandestines de l’unité 29155 en Europe », selon les mots d’un haut responsable du renseignement français, cité par Le Monde.
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