Ce 16 mai, Jean Castex a présenté sa démission à Emmanuel Macron ouvrant le bal des nominations. C’est bien évidemment le nom du Premier ministre qui a mobilisé toutes les attentions en France tout au long de l’après-midi de ce lundi. Vers 17h, l’info était enfin connue, c’est Elisabeth Borne qui va donc remplacer Jean Castex.
A quoi sert un Premier ministre ?
Avant d’explorer la biographie d’Elisabeth Borne, on vous propose de faire un petit point de droit constitutionnel français : quel est le rôle du Premier ministre en France ?
Le Premier ministre assure l’exécution des lois et exerce le pouvoir réglementaire, sous réserve de la signature des ordonnances et décrets délibérés en Conseil des ministres par le chef de l’État. Il peut, de manière exceptionnelle remplacer le Président à la présidence du Conseil des ministres. Ainsi, le Premier ministre assure la coordination de l’action gouvernementale. Il doit éviter, par son arbitrage, que différents ministres prennent des initiatives allant dans des sens opposés. Cependant le Premier ministre n’est pas le supérieur hiérarchique des autres ministres. Il ne peut jamais leur imposer de prendre une décision qu’ils ne veulent pas assumer, mais peut proposer leur révocation au président de la République en cas de faute grave.
Il est aussi responsable de la défense nationale, même si, souvent, les grandes orientations sont fixées par le président de la République.
Une femme Premier ministre ?
« Le fait qu’il n’y ait qu’en France que la question » se pose de nommer une femme à Matignon est « à mes yeux scandaleux », dénonce Édith Cresson, restée moins de 11 mois à ce poste, de mai 1991 à avril 1992, durant le second septennat de François Mitterrand et qui jusqu’à ce jour fut la seule à occuper cette fonction.
« L’a-t-on posée au Royaume-Uni, où Margaret Thatcher a exercé le pouvoir pendant onze ans ? En Allemagne où Angela Merkel a été chancelière pendant seize ans ? Jamais. Pareil pour le Portugal où une femme avait été nommée Première ministre bien longtemps avant moi… »
Edith Cresson au journal Ouest-France le 15 mai 2022
Le profil « techno » de l’ancienne ministre du Travail devrait selon les experts la protéger des quolibets dont a été victime Edit Cresson.
Borne, une femme de gauche ?
Née le 18 avril 1961, cette ancienne élève de l’École polytechnique et des Ponts et chaussées commence sa carrière au ministère de l’Equipement puis au ministère de l’Education nationale. En 1997, Elisabeth Borne entre au cabinet de Lionel Jospin comme conseillère technique chargée des transports.
Après un passage à la SNCF et Eiffage, elle est nommée en 2008 directrice générale de l’urbanisme à la mairie de Paris. Cinq ans plus tard, elle est la première femme préfète de la région Poitou-Charentes, préfète de la Vienne avant de rejoindre en 2014 le ministère de l’Ecologie où elle est directrice de cabinet de Ségolène Royal.
En 2015, Elisabeth Borne prend la tête de la RATP. Lors de la campagne pour la présidentielle de 2017, cette femme de gauche s’engage dans le parti LREM. Après la victoire d’Emmanuel Macron, elle est nommée ministre chargée des Transports et mène l’épineuse réforme de la SNCF. En juillet 2019, suite à la démission de François de Rugy, elle récupère le portefeuille de la Transition écologique. L’année suivante, le nouveau premier ministre Jean Castex, lui offre le ministère du Travail. Un challenge alors que pandémie et confinements bouleversent l’emploi en France.
Guerre et chute de croissance au programme
Il aura, donc, fallu attendre trois décennies pour qu’une femme redevienne Première ministre en France. Poste pour lequel Édith Cresson, ex-Première ministre sous François Mitterrand a souhaité “beaucoup de courage” à celle qui deviendrait la seconde cheffe du gouvernement.
Et du courage, Élisabeth Borne va en avoir besoin puisqu’elle aura très rapidement à gérer deux dossiers délicats ; celui de la réforme des retraites et l’autre, auquel il faut s’attendre, qui sera celui de la chute de la croissance si la guerre en Ukraine continue. Celle qui prônait le 110 km/h sur autoroute va devoir mettre le turbo dès la confirmation de sa fonction.
Mais avant tout, elle va devoir constituer son équipe dont 2 portfeuilles nous intéressent particulièrement, le ministre des Affaires étrangères et celui pour les Français établis hors de France. Pour le premier, on devrait avoir la réponse dans les prochaines heures, pour le second, il est possible qu’il ne soit nommé qu’après les élections législatives, une fois que le gouvernement sera pleinement formé.
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