Qu’est-ce que l’économie de guerre ? 

Qu’est-ce que l’économie de guerre ? 

Depuis le début de l’épidémie de covid, les gouvernements mettent en avant que nous sommes passés en situation d’économie de guerre. Que ce soit face au virus du covid ou au nom de la transition énergétique, les pouvoirs publics entendent planifier l’usage des ressources en fonction d’objectifs qu’ils ont au préalable fixés. Ils souhaitent orienter le comportement des agents économiques et orienter les flux de capitaux. L’économie de guerre telle qu’elle a été connue durant les deux derniers conflits mondiaux, vise à affecter le plus de ressources disponibles à l’effort de guerre. Les entreprises et les actifs sont mis en demeure de servir cet effort. Les règles de l’économie de marché sont suspendues, notamment celles relatives à la libre fixation des prix par la confrontation de l’offre et de la demande.

Une économie administrée

L’économie de guerre est une économie administrée. Les mécanismes habituels d’allocation des ressources (travail, équipements, matières premières) sont abandonnés au profit de mécanismes de planification et de rationnement de la consommation privée. Les objectifs habituels des politiques économiques (inflation faible, limitation des déficits publics et de l’endettement) sont abandonnés au profit d’un seul objectif : la victoire militaire. L’épargne est forcée, à travers une diminution de la consommation et le lancement d’emprunts obligatoires. Les taux d’intérêt réels sont maintenus à un niveau extrêmement bas voire deviennent négatifs afin de réduire le coût de l’endettement. 

Le renouveau de l’économie de guerre est né de l’épidémie de covid qui a amené les pouvoirs publics à organiser la diffusion des masques, à opérer, en urgence, les populations et à subvenir aux moyens de celles-ci pendant les confinements. 

Avec l’arrêt des importations de gaz et de pétrole en provenance de Russie, la guerre en Ukraine a amené les gouvernements à mettre en place des plans d’accès à l’énergie et à compenser les effets de la hausse des prix du pétrole et du gaz pour les entreprises ainsi que pour les ménages. 

Pour de nombreux gouvernements, la transition énergétique justifie la mise en place d’une économie administrée avec la mise entre parenthèses des lois du marché. Les investissements nécessaires à la réduction des émissions des gaz à effet de serre devraient atteindre plus de 4 points de PIB par an jusqu’au milieu du siècle.

économie de guerre
L’interventionnisme des États ne peut que se traduire par une augmentation des déficits publics et de l’endettement

Un interventionnisme sans précédent en période de paix

Le développement des énergies renouvelables – solaire et éolien – la création d’une filière d’hydrogène vert, la mise en place de capacité de stockage d’énergie, la construction d’usines de batteries, la modification des process de production, la rénovation des logements, etc. se traduisent par un interventionnisme sans précédent en période de paix. 

Les gouvernements estiment que la réussite de la transition énergétique passe par une modification des mécanismes d’allocation des ressources et un changement des comportements. La transition énergétique exige la mobilisation de capitaux, ce qui suppose une orientation ciblée de l’épargne. En générant des hausses de prix, elle nécessite l’instauration de compensations en faveur, par exemple, des ménages les plus modestes ou des entreprises les plus touchées. 

L’interventionnisme des États ne peut que se traduire par une augmentation des déficits publics et de l’endettement. Est-il possible dans ces conditions de maintenir des règles de maîtrise des déficits publics au sein de l’Union européenne ? L’augmentation de l’endettement pose le problème de sa soutenabilité. Les banques centrales risquent d’être contraintes de revenir rapidement à une politique monétaire expansive. Or, celle-ci est source d’inflation. Par ricochet, les pouvoirs publics pourraient être conduits à fixer un nombre croissant de prix pour tenter de limiter l’inflation. Pour le moment, les économies occidentales demeurent régies par les règles du marché. Les gouvernements préfèrent l’adoption de mesures de soutien temporaires (chèque énergie, aides aux entreprises, etc.) ou de mesures d’incitation (bonus/malus) que de passer à un système totalement administré. 

Les gouvernements essaient de réduire les déficits publics et de maîtriser la dette publique. La lutte contre l’inflation est jugée prioritaire. À cette fin, les gouvernements acceptent une hausse des taux d’intérêt. Dans les prochaines années, la question sera celle de la soutenabilité de la dette. Afin d’éviter une tension sur les taux d’intérêt, la mise en œuvre de politiques monétaires accommodantes sera sans nul doute nécessaire tout comme un recours aux prélèvements obligatoires.

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