« Je te laisse, j’attends un appel ! » C’est ce que vous entendriez s’il vous prenait l’envie d’essayer de joindre ce jour l’un de nos parlementaires des Français de l’étranger. En effet, chacun attend ce coup de fil de l’Elysée qui les informerait de leur entrée au gouvernement. Celles et ceux qui vous disent « non je n’y pense pas » seraient des menteurs ou des pleutres. Ce que l’on n’ose croire.
Toutes et tous patientent, donc. Pensent déjà à leurs premiers pas sur le perron de l’Elysée. A leurs posts sur les réseaux. « Je mesure la tâche (…) cette confiance m’honore et m’incombe… » Pour l’originalité, on repassera sans doute ! Ils ou elles choisissent déjà leur tenue pour la photo de famille. Bref ils se préparent. Pourrait-on le leur reprocher ? Mais qui sont les prétendants à cette arrivée au banc des ministres ?
Le destin des jupettes est-il révolu ?
Commençons par les dames. Le destin des jupettes est-il révolu ? Ces femmes qui en 1995 avaient connu la gloire des caméras. Seulement quelques mois. Et retour à l’anonymat. Essayez donc de citer spontanément un nom de cette cohorte de l’époque ? Soyons optimistes, ce temps n’existe plus. Pour preuve, sans regarder sur un moteur de recherche, donnez un nom d’une secrétaire d’Etat du gouvernement sortant… Le fantôme des jupettes existe donc toujours ! Mais peut-on refuser une offre d’intégrer une équipe ministérielle ?
Qui se souvient du nom du dernier ministre ?
Si Eléonore Caroit, députée des Français d’Amérique du Sud et des Caraïbes, reçoit ce coup de fil de l’Elysée, peut-elle rejeter cette nomination ? Même pour le secrétariat d’Etat à la lutte contre le plastique. Amélia Lakrafi, élue au Palais Bourbon pour représenter les Français du Proche-Orient et du Sud de l’Afrique, pourrait s’occuper du service universel auprès du nouveau Premier Ministre. Mais qui se souvient du nom de celle qui occupa ce poste ces derniers mois ? Le syndrome Jupette n’est pas si loin.
Au nombre de cadavres (…) c’est déjà un emploi à temps plein
Anne Genetet, membre de l’Assemblée nationale pour les Français d’Océanie, d’Asie et d’une partie d’Europe de l’Est, tape aussi au portillon. Elle a actuellement la charge de faire le ménage dans la fédération du parti « Renaissance » des Français de l’étranger. Et au nombre de cadavres qui s’y trouveraient, c’est déjà un emploi à temps plein. Samantha Cazebonne, qui a déjà connu l’Assemblée nationale avant de rejoindre le Sénat pourrait-elle être la surprise ? Cependant, au siège du parti présidentiel, on lui reproche son manque de fidélité.
Qu’en est-il des hommes? Quelles sont les possibles ambitions des parlementaires du parti présidentiel représentant les expatriés français ? Pieyre-Alexandre Anglade, député des Français du Bénélux, est souvent bien placé, mais encore jamais appelé. On dit qu’il pense « Europe » matin, midi et soir. Vise-t-il alors davantage une place dans les premiers de la liste « Renaissance » aux élections européennes de juin prochain ?
Un poste de sous-secrétaire d’Etat au budget des friandises
Alexandre Holroyd, qui représente à l’Assemblée nationale la communauté française établie au nord de l’Europe, est un spécialiste des finances. Il préside actuellement la Caisse des dépôts et consignations. Entre un poste de sous-secrétaire d’Etat au budget des friandises et la gestion d’un budget de plusieurs milliards d’euros à la tête de l’institution financière publique française, hésiteriez-vous ?
Marc Ferracci, député des Français de Suisse et du Liechtenstein, témoin de mariage d’Emmanuel Macron, pense sans doute à un grand ministère, celui de Bruno Lemaire ! Le diplômé d’HEC n’a cependant pas encore l’expérience des gros paquebots, et, en le nommant au gouvernement, le président de la République perdrait un œil précieux à l’Assemblée.
Roland Lescure : un retour à la vie civile pour son suppléant?
Stéphane Vojetta, élu des Français de la péninsule ibérique et de Monaco, se veut un électron libre de la macronie. Pour rappel, il avait battu aux élections législatives de 2022 le candidat officiel du parti présidentiel, Manuel Valls. Jugé incontrôlable par les caciques de la rue du Faubourg Saint Honoré, son arrivée dans une équipe ministérielle relèverait de l’inimaginable. Mais comme à l’impossible, nul n’est tenu et que l’espoir fait vivre… Espoir qui maintient encore à son poste de député Christopher Weissberg. Ce dernier siège au Palais Bourbon en remplacement de Roland Lescure qui occupait les fonctions de ministre délégué chargé de l’industrie. Ce dernier ne semble plus dans les petits papiers de l’Elysée. Son éviction de Bercy entraînerait un retour à la vie civile de son suppléant.
Gouvernement : quand l’impossible tient à un coup de fil
Frédéric Petit, membre du Modem, député des Français d’Allemagne, d’Europe centrale et des Balkans pourrait faire l’objet des tractations de François Bayrou. Mais le président du parti centriste a déjà tant d’autres poulains à placer. Sur ce même échiquier, le nom d’Olivier Cadic, sénateur des Français établis hors de France, se murmure. Sa volonté d’indépendance pourrait cependant ne pas lui être profitable. Quant à débaucher un parlementaire LR comme Ronan Le Gleut ou Christophe-André Frassa, tous les deux membres de la Haute Assemblée, l’appât du prestige prendrait-il alors le pas sur les convictions ? Quand il s’agit de constituer un gouvernement, de devenir ministre, parfois, ce que l’on appelle impossible est seulement un événement (ou un coup de fil) qui n’a pas encore eu lieu.
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Américain par accident (sa mère accoucha de façon prématurée lors d'un voyage professionnel), Eric Victorien décida d'aller rejoindre ce pays qu'il ne connaissait pas à sa majorité. Il participa même à des émissions de télé-réalité. Aujourd'hui, il anime un programme radio à Los Angeles et est correspondant du site Lesfrancais.press.
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