La stratégie économique de la zone euro reposait, ces dernières années, sur une croissance des exportations à forte valeur ajoutée accompagnée du maintien d’un niveau élevé de la consommation dans un environnement d’énergie à bas prix. Cette stratégie est compromise aujourd’hui, par le ralentissement du commerce mondial et par la forte hausse du prix de l’énergie en Europe.
Les exportations de la zone euro ont augmenté plus rapidement que la croissance du commerce mondial
La montée en gamme des exportations européennes est entravée par le recul constant des gains de productivité. Le vieillissement démographique devrait, de son côté, peser sur la demande intérieure, les seniors ayant tendance à moins consommer que les jeunes actifs avec des enfants. Les exportations de la zone euro ont augmenté de 120 % depuis 2002, soit plus rapidement que la croissance du commerce mondial. Cette progression a été réalisée par l’Allemagne, les États d’Europe du Nord et dans les dernières années avant la crise en Ukraine par l’Italie. La France fait figure d’exception avec des exportations qui ont augmenté moins vite que celles de l’économie mondiale.
Au sein de la zone euro, les exportations représentaient 30 % du PIB en 2021, contre 18 % en 2002. Depuis trois ans, la croissance et le poids des exportations européennes stagnent sous le double effet de la pandémie et de la guerre en Ukraine. La production industrielle européenne est à la peine depuis plusieurs années. Si elle avait crû de 20 % entre 2002 et 2007, elle n’avait jamais effacé les stigmates de la crise financière. En 2022, elle était 8 % en-dessous de niveau de 2007 et 2 % en-dessous de 2019.
Confrontée à des prix de l’énergie qui ont pu être multipliés par six pour le gaz et l’électricité depuis le début de l’année 2022, elle est également menacée par d’éventuelles pénuries.
L’industrie à la peine
Le ralentissement du commerce international et l’affaiblissement de la croissance chinoise pénalisent les exportations, notamment allemandes. Or, l’Europe ne peut guère compter sur la demande interne pour compenser l’atonie des exportations. La population active est en diminution constante depuis 2012 au sein de la zone euro, ce qui pèse sur la croissance potentielle. Cette tendance est accentuée par la stagnation de la productivité du travail.
Un manque de productivité et de recherche
Pour contrecarrer la dégradation des termes des échanges provoquée par la ponction énergétique et le ralentissement de la demande tant externe qu’interne, la zone euro doit changer de stratégie économique. Les entreprises doivent avant tout monter en gamme en augmentant leurs dépenses d’investissement et en recherche et développement afin de relever le niveau de la productivité.
La zone euro ne consacre que 2,2 % de son PIB à la recherche et développement, contre 3,5 % pour les États-Unis et 3,25 % pour le Japon. Comme les États-Unis, la zone euro doit attirer les étudiants et les salariés étrangers (non européens) qualifiés.
L’objectif pour l’Europe et tout particulièrement la zone euro est d’accroître sa croissance potentielle en développant les secteurs d’avenir (décarbonation, digital, santé) et en essayant d’augmenter le nombre d’emplois.
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