Pour la première fois de l’histoire économique contemporaine, les économies devront procéder en quelques années à une substitution d’énergies afin de lutter contre le réchauffement climatique. Ce changement de mix énergétique ne répond pas à un objectif d’efficience de court terme comme ce fut le cas quand le charbon s’est substitué au bois, puis le pétrole et le gaz au charbon. La décarbonation est un acte volontaire, réglementaire.
La transition énergétique nécessite des investissements importants dont une bonne partie n’est porteuse que d’une rentabilité financière faible. Les besoins d’investissement sont évalués à 4 points de PIB pendant les trente prochaines années.
Responsable de près de 30 % des émissions des gaz à effet de serre, l’industrie est la première concernée. L’agriculture devra consentir un effort important en étant responsable de 20 % des émissions tout comme le bâtiment (17 % des émissions) et les transports (16 % des émissions). La décarbonation suppose donc la réalisation d’infrastructures pour la production et le stockage d’énergies renouvelables, pour la réduction des émissions des gaz à effet de serre dans l’industrie et dans l’agriculture.
Pour obtenir une neutralité carbone totale, il faudrait investir plus de 100 000 milliards de dollars d’ici 2050
Le secteur des transports devra passer à l’électrique et à l’hydrogène d’ici le milieu du siècle. Un processus de rénovation thermique des bâtiments et logements devra être engagé à grande échelle. Le monde émet plus de 34 milliards de tonnes de CO2 par an. Selon Patrick Artus, l’économiste en chef de Natixis, un milliard de dollars d’investissement permet la réduction de 0,28 million de tonnes. Pour obtenir une neutralité carbone totale, il faudrait investir plus de 100 000 milliards de dollars d’ici 2050, soit 4 000 milliards par an.
Cela représente 14% de l’investissement annuel à l’échelle mondiale. En l’état actuel des techniques, ces investissements ont une faible rentabilité. Le recours aux énergies renouvelables nécessite, compte tenu du caractère aléatoire de leur production, la réalisation d’unités de stockage et de centrales de secours. La décarbonation de l’industrie renchérit également les coûts pour un même volume de production.
Pour réaliser des investissements à faible rentabilité par rapport au rendement exigé du capital par le secteur privé, trois options sont envisageables :
L’intervention de l’État, soit directement en réalisant les investissements, soit indirectement en subventionnant les entreprises ou les ménages ;
L’augmentation du prix du carbone de manière à accroître la rentabilité privée des investissements de transition. Pour certains économistes, le prix de la tonne de CO2 carbone devrait être au moins de 360 dollars la tonne pour assurer la rentabilité des investissements de décarbonation. À la fin du premier trimestre, la tonne valait 60 dollars. Un milliard de dollars d’investissement réduit les émissions annuelles de 0,28 million de tonnes. Pour que 0,28 million de tonnes valent 100 millions de dollars, il faut un prix du CO2 de 360 dollars la tonne ;
La fixation de normes strictes en matière d’émissions de CO2 sous forme de bonus/malus.