A l’heure de la guerre en Ukraine, la paix est-elle encore d’actualité ? Le Forum de Paris sur la Paix se tient sur deux jours. Parmi les nombreux thèmes abordés lors de cette édition : la place des femmes dans la diplomatie.
Le Forum de Paris sur la Paix
Prévenir plutôt que guérir. S’attaquer aux racines des conflits pour réinventer « la coopération internationale » : voilà l’objectif défendu par le président du Forum de Paris sur la Paix, Pascal Lamy, qui se tient les 11 et 12 novembre.
« C’est le Forum sur la paix parce que la paix, c’est le produit de circonstances ; la guerre ou la non paix (…) vient de tensions sur le social, le développement, la religion, le climat maintenant« , a-t-il déclaré dans un entretien avec l’AFP.
« Quand on voit l’impact du changement climatique sur les populations, c’est évident« , souligne-t-il. « L’idée est de remonter aux sources de la non paix« . Le Forum s’appuie sur des projets concrets qui doivent s’attaquer aux racines des conflits, selon Pascal Lamy, ancien Commissaire européen et directeur général de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC).
Aider les acteurs de la société civile à monter des projets
ONG, grandes entreprises, villes, grandes institutions, quelque 4000 personnes sont présentes cette année. Le Forum accueille une grande majorité de représentants de la société civile, face à « l’incapacité (…) des acteurs classiques, des États, des diplomates à trouver parfois des solutions« , rappelle son président.
Inclusion des femmes arabes dans les processus de paix au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, création d’un indice d’impunité environnementale en Amérique Latine, 60 projets sont soutenus par le Forum cette année.
Ils s’additionnent aux 400 projets déjà sélectionnés depuis 2018, quand le Forum de la Paix a été créé par Emmanuel Macron lui-même. Dans un contexte diplomatique difficile avec l’Amérique de Donald Trump, le président français souhaitait renouer avec le multilatéralisme et renforcer l’influence française. La rencontre est aussi un enjeu diplomatique pour le chef de l’Etat.
La diplomatie au féminin
La place et le rôle des femmes dans la politique étrangère de la France n’ont jusqu’à maintenant pas été étudiés. Pourtant, on peut penser qu’au moins deux champs de la recherche historique devraient s’y intéresser : l’histoire des relations internationales et l’histoire des femmes. Pierre Renouvin et Jean-Baptiste Duroselle insistent sur l’importance des « forces profondes » dans l’histoire des relations internationales et sur le rôle de « l’homme d’État » face à ces forces, mais ils ne parlent des femmes que lorsqu’ils évoquent le rôle que les épouses et les maîtresses peuvent jouer auprès des décideurs.
Il est vrai que lorsqu’ils écrivent leur Introduction à l’histoire des relations internationales, en 1964, bien peu de femmes occupent de par le monde des postes à responsabilité politiques et diplomatiques de premier plan. Par la suite, de nombreux travaux ont été entrepris et ont permis de mieux connaître toutes les composantes des forces profondes et toutes les facettes des hommes d’État. Cependant, les femmes sont demeurées dans l’oubli, même si l’on doit signaler le récent numéro de Guerres Mondiales et Conflits Contemporains, intitulé « Les femmes et la guerre ». Pourtant, les années passant, elles accédaient, certes lentement, mais indéniablement, à des responsabilités politiques et diplomatiques qui leur ouvraient modestement le domaine des relations internationales.