Premier char de combat franco-allemand : le projet se concrétise

Premier char de combat franco-allemand : le projet se concrétise

Les ministres français et allemand de la Défense, Sébastien Lecornu et Boris Pistorius, ont annoncé vendredi (22 mars) des avancées majeures en matière de collaboration bilatérale : les deux pays commenceront officiellement à développer un nouveau char et à produire des équipements militaires en Ukraine.

En 2017, Emmanuel Macron et la chancelière de l’époque, Angela Merkel, s’étaient mis d’accord pour étudier la possibilité de produire ensemble le premier char de combat franco-allemand, le Système Principal de Combat Terrestre (Main Ground Combat System, MGCS).

Cependant, il n’était pas certain que le MGCS soit un jour réalisé, car il est resté longtemps bloqué dans une phase initiale de définition du champ d’application en raison de désaccords complexes entre les fabricants et les gouvernements des deux parties.

Les négociations sur la répartition des tâches entre les fabricants français et allemands et sur la modularité du char semblent désormais réglées.

« Nous avons fait un pas en avant aujourd’hui. Il n’est pas exagéré de dire que c’est historique pour un projet comme celui-ci », a annoncé M. Pistorius à la presse vendredi à Berlin, à l’issue des entretiens avec son homologue français.

« Nous nous sommes mis d’accord sur la répartition de toutes les tâches pour ce projet majeur », a-t-il ajouté, refusant de fournir des détails concernant les composants qui seront produits par les deux parties, ce qui avait fait l’objet de controverses dès le départ.

La répartition exacte des tâches sera rendue publique dans le cadre d’un protocole d’accord commun, qui devrait être signé le 26 avril à Paris, selon le ministre. Il a indiqué que ce protocole refléterait la répartition du Système de combat aérien du futur (SCAF), dont la France a pris la direction.

Les deux ministres souhaitent que leurs armées produisent un document conceptuel sur les exigences technologiques à temps pour la prochaine réunion bilatérale, qui aura lieu en septembre, en France.

Dans une déclaration précédente, M. Lecornu avait attribué cet accord aux excellentes relations qu’il entretient avec M. Pistorius depuis sa prise de fonction en 2022.

Pour M. Pistorius, cet accord est le résultat d’une collaboration régulière entre Paris et Berlin et d’une « question de volonté ».

Le MGCS est conçu comme un système modulaire destiné à remplacer et développer les technologies de combat terrestre françaises et allemandes déjà existantes, notamment les chars Leopard et Leclerc.

Outre un char de combat de nouvelle génération, l’accord comprendra entre autres un système de défense contre les drones et des armes téléguidées.

M. Pistorius a déclaré vendredi que le produit final serait visible au plus tôt en 2035. Mais des retards dans le lancement du projet pourraient repousser la date de production.

char de combat franco-allemand
Dans une déclaration antérieure, M. Lecornu a attribué cet accord aux excellentes relations qu’il entretient avec M. Pistorius depuis sa prise de fonction en 2022. [EPA-EFE/JULIEN DE ROSA / POOL MAXPPP OUT]

KNDS s’implante en Ukraine

S’appuyant sur les accords informels conclus entre Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz lors de la réunion du Triangle de Weimar la semaine dernière, les deux ministres ont également présenté un plan concret visant à lancer la production d’équipements militaires sur le sol ukrainien.

« Ce matin, Boris et moi voulons annoncer que KNDS [KMW+Nexter Defense Systems, un conglomérat franco-allemand de l’industrie de la défense] […] ouvrira une filiale en Ukraine », a déclaré M. Lecornu.

Il a ajouté que la nouvelle usine sera consacrée au renforcement de l’expertise ukrainienne et à la production de pièces de rechange pour les équipements et les munitions franco-allemands sur le terrain.

L’Ukraine a du mal à reconstituer ses stocks de munitions, ce qui a considérablement limité sa capacité à repousser l’invasion russe.

La présence de KNDS, qui fabrique également des munitions, en Ukraine «améliorera la logistique et la fiabilité du réapprovisionnement à long terme», selon M. Lecornu.

Au début de cette année, le fabricant allemand de matériel de défense Rheinmetall avait déjà annoncé son intention d’implanter une première entreprise commune en Ukraine pour la production de munitions.

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