Depuis la crise des subprimes en 2008, la Banque centrale tente, par une politique monétaire accommodante, de faire remonter l’inflation sous-jacente à 2 %. Cet objectif n’a pas été atteint avant la crise sanitaire malgré plusieurs opérations de rachats d’obligations et le maintien de taux directeurs à des niveaux historiquement bas.
La faiblesse de la demande constitue un des facteurs clefs de la faible inflation. Le partage des revenus depuis le début du siècle s’est effectué au détriment des salariés, sauf en France et en Italie. La demande en biens et services a été freinée par une hausse du taux d’épargne surtout en France et en Allemagne.
Si les prix de l’immobilier se sont accrus au sein de la zone euro, en revanche, les dépenses en construction ont fortement baissé passant de 7 à 5,5 % du PIB de 2007 à 2019. Les logements coûtant de plus en plus chers, ils réduisent, par ailleurs, les dépenses autres des ménages. Les prix élevés de l’immobilier qui est une des conséquences des faibles taux d’intérêt empêchent une part croissante de la population d’accéder à la propriété, ce qui pèse également sur la demande.
Une maitrise des dépenses publiques est logiquement anti-inflationniste
L’investissement des entreprises n’a retrouvé au sein de la zone euro son niveau d’avant crise qu’en 2018 avant de rechuter avec la crise sanitaire. En ce qui concerne l’investissement, les stimuli monétaires ont mis beaucoup plus de temps à produire leurs effets qu’aux États-Unis. La demande extérieure adressée à la zone euro est également restée faible depuis une dizaine d’années. Les exportations n’ont pas pesé sur les prix.
Les États européens ont mené des politiques d’assainissement de leurs comptes publics. Au sein de la zone euro, le déficit public est passé de -6 % à -0,5 % de 2007 à 2019. Une maitrise des dépenses publiques est logiquement anti-inflationniste. La France et l’Italie qui ont été les moins enclines à adopter des politiques de rigueur, n’ont pas enregistré une inflation plus élevée. Il n’en demeure pas moins que les dépenses de l’État ont moins porté la croissance ces dernières années que dans le passé.
Une inflation faible peut être occasionnée par une offre structurellement abondante. La mondialisation a accru l’offre surtout entre 1990 et 2008. Les importations en provenance des pays d’Asie du Sud-Est ont pesé sur les prix en particulier pour les biens manufacturés. Depuis une dizaine d’années, cet effet tend à s’amoindrir. En revanche, le numérique a accru la concurrence. Un nouveau canal de distribution s’est imposé. Les plateformes permettent à un plus grand nombre de personnes d’offrir leurs services. Cette augmentation de l’offre pèse sur les prix.
la politique monétaire a favorisé l’augmentation des prix de l’immobilier et des actions
La faible progression de la population active ne conduit pas à une augmentation de la production. Le vieillissement de la population est supposé être inflationniste même si le Japon, depuis les années 1990, prouve le contraire. De même, le caractère étale des gains de productivité devrait au contraire être inflationniste; or, tel n’est pas le cas.
La politique monétaire de la banque centrale serait-elle trop rigide au regard de la situation économique ? La Banque centrale européenne a retenu pour ses taux directeurs des niveaux extrêmement bas. Depuis 2011, le taux repo réel est constamment négatif et le taux de dépôts est à -0,5 %. La question de l’efficacité de la politique monétaire pour redresser l’inflation se pose. Ces dernières années, cette politique a favorisé avant tout l’augmentation des prix de l’immobilier et ceux des actions.
Faiblesse de l’investissement
La faible inflation au sein de la zone euro proviendrait essentiellement de la faiblesse de l’investissement des entreprises comme des particuliers. Ce faible investissement s’explique par une demande contrainte en lien avec le vieillissement de la population qui incite la population à épargner.
La consommation est logiquement portée par les ménages de 30 à 40 ans qui acquièrent leur logement et qui s’équipent. Or, en Europe, le poids démographique des trentenaires tend à diminuer au profit des plus de 60 ans. Les prix élevés de l’immobilier et les difficultés d’insertion professionnelle pèsent également sur la demande des jeunes ménages. L’investissement des entreprises est en retrait au sein de la zone euro du fait de la tertiarisation de l’économie. Par ailleurs, les entreprises européennes, à la différence de leurs concurrentes asiatiques ou américaines, ont tardé à investir dans les robots ou dans les nouvelles techniques de l’information.
Note
La zone euro suit les Etats-Unis à distance. Le taux d’inflation annuel de la zone euro s’est établi à 1,6 % en avril 2021, contre 1,3 % en mars. Un an auparavant, il était de 0,3 %. Les taux annuels les plus faibles ont été observés en Grèce (-1,1 %), au Portugal (-0,1 %) et à Malte (0,1 %). Les taux annuels les plus élevés ont quant à eux été enregistrés en Hongrie (5,2 %), en Pologne (5,1 %) et au Luxembourg (3,3 %). En avril les plus fortes contributions au taux d’inflation annuel de la zone euro proviennent de l’énergie (+0,96 points de pourcentage, pp), suivis des services (+0,37 pp), de l’alimentation, alcool & tabac (+0,16 pp) et des biens industriels hors énergie (+0,12 pp).
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