La Commission européenne a appelé à la prudence en ce qui concerne le marquage de la date de péremption des denrées alimentaires hautement périssables, après que la multinationale Danone a annoncé son intention de se débarrasser de la mention « à consommer jusqu’au » pour ses produits laitiers.
Une décision belgo-française
Mardi 20 avril, la branche belge de Danone, dont le siège est à Paris, a annoncé qu’elle allait mettre en place un nouvel affichage de la date de péremption sur ses produits, passant progressivement de la mention « à consommer jusqu’au » à la mention « à consommer de préférence avant ».
Bien qu’apparemment similaire, la date de péremption sur les aliments concerne la sécurité, ce qui signifie que les aliments ne doivent pas être consommés après cette date, quelle que soit leur apparence, tandis que la date de consommation fait référence à la qualité, ce qui signifie que les aliments peuvent toujours être consommés après cette date, mais qu’ils ne sont peut-être pas à leur meilleur.
La démarche de Danone concerne sa grande division laitière et comprend des produits comme Actimel et Danio, pour un total de 85 % du portefeuille de produits laitiers de l’entreprise.
Le règlement européen de 2011 remis en cause ?
Contactés par EURACTIV, des fonctionnaires de la Commission ont déclaré que l’indication de la date de péremption ou de la date de durabilité minimale est obligatoire pour les aliments préemballés, selon le règlement de 2011 qui établit des règles pour savoir laquelle de ces deux dates doit être indiquée sur les aliments.
La source de la Commission a noté que la date de durabilité minimale sera remplacée par la date limite de consommation pour les denrées alimentaires qui, d’un point de vue microbiologique, sont hautement périssables car elles sont susceptibles de constituer un danger immédiat pour la santé humaine après une courte période.
Bien que Danone n’ait pas été tenu d’informer la Commission à l’avance de ses intentions concernant le marquage de la date, les exploitants du secteur alimentaire devraient être en mesure, si on le leur demande, de justifier le choix du marquage de la date utilisé, selon la source européenne.
Toutefois, il n’appartient pas à la Commission de demander une telle justification, car ce sont les autorités nationales compétentes des pays où Danone placera ces produits qui sont chargées de contrôler l’application des dispositions du règlement, a conclu le fonctionnaire européen.
De même, une autre source de l’Agence européenne de sécurité alimentaire (EFSA) contactée par EURACTIV a déclaré que la législation définit les informations qui doivent figurer sur l’étiquette.
Jeudi, l’EFSA a publié la deuxième partie de son avis scientifique afin d’aider les fournisseurs de denrées alimentaires à décider s’il est approprié de donner aux consommateurs d’autres instructions en plus des dates de consommation ou de péremption.
« Mais nous ne suggérons pas de supprimer tout marquage de la date »
EFSA
Dans une note, Danone indique que le changement de la date de péremption de « best by » (à consommer jusqu’au) à « best before » (à consommer de préférence avant) peut contribuer à réduire, voire à prévenir le gaspillage alimentaire.
Selon Sofie Buekers, responsable de la qualité et de la sécurité alimentaire chez Danone Belgique, la texture, le goût et la couleur de l’aliment peuvent effectivement changer légèrement, mais le produit peut toujours être consommé sans danger, la sécurité alimentaire étant toujours garantie après la date de péremption.
« La meilleure chose à faire est d’ouvrir et de vérifier soi-même le produit en trois étapes simples : regarder, sentir et goûter », a-t-elle déclaré.
Dans le cadre de la stratégie « de la ferme à la fourchette » (F2F), la politique alimentaire phare de l’UE, la Commission devrait étudier l’impact éventuel des normes de commercialisation concernant le marquage de la date « à consommer de préférence avant le ».
Une mauvaise compréhension et une mauvaise utilisation du marquage de la date entraînent en effet un gaspillage alimentaire important, comme le souligne la stratégie F2F, dont le gaspillage alimentaire est un thème clé.
À cet égard, la Commission a déjà lancé une analyse d’impact et publié sa propre analyse d’impact initiale, décrivant les travaux sur l’analyse initiale des problèmes, les objectifs politiques et les différentes solutions.
La Commission estime que jusqu’à 10 % des 88 millions de tonnes de déchets alimentaires produits chaque année dans l’UE sont liés au marquage de la date de péremption sur les produits.
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