Patrick Soldat - SNES-FSU : « L’AEFE ne répond pas aux revendications »

Patrick Soldat - SNES-FSU : « L’AEFE ne répond pas aux revendications »

Écouter le podcast avec Patrick Soldat

Ce jeudi 5 décembre, les enseignants sont en grève. Que ce soit en France, ou bien dans le réseau de l’AEFE (agence pour l’enseignement français à l’étranger), dont dépendent les établissements français à l’étranger, la mobilisation devrait être importante. C’est une première journée de contestation depuis la rentrée scolaire, qui, semble-t-il, sera suivie par d’autres. En effet, les revendications ne sont pas uniquement liées à l’actualité. Pour comprendre les raisons de ce mouvement, Lesfrancais.press a interrogé Patrick Soldat, secrétaire national pour la partie Hors de France au sein du SNES­-FSU (Syndicat National des Enseignements de Second degré). Et son constat est sans appel : « L’AEFE ne répond pas aux revendications ». Alors, cette grève pourrait être l’acte un d’une série plus longue ?   

Une revendication forte contre l’absence de prévision de l’AEFE

https://www.education.gouv.fr/C’est à la suite d’un appel intersyndical de la fonction publique et de l’éducation que la grève de ce 5 décembre est organisée. Celle-ci est, entre autres, liée aux « propos tonitruants » de Guillaume Kasbarian, alors Ministre de la Fonction Publique. Celui-ci avait annoncé la mise en place de mesures telles que l’imposition des 3 jours de carence dans la fonction publique en cas d’arrêt maladie, la diminution de l’indemnisation des jours d’arrêt maladie, et également la poursuite du gel du point d’indice. Ces décisions s’appliqueraient aussi au fonctionnaire du réseau de l’AEFE.

Patrick Soldat, secrétaire national Hors de France SNES-FSU
Patrick Soldat, secrétaire national Hors de France SNES-FSU

Mais au-delà de ces mesures d’actualité, Patrick Soldat, du syndicat SNES-FSU, qui défend les enseignants du second degré, nous parle aussi d’autres revendications plus spécifiques au réseau des collèges et lycées français à l’étranger, et plus anciennes. Aussi pour lui, en plus de ce qui se passe en France, s’ajoute à cela,

« La situation catastrophique de l’AEFE, en termes de prévision, de tout ce qui peut concerner les personnels. »

En effet, le syndicaliste évoque au cours de ce podcast « des vieux dossiers de revendications », comme celui des indemnités statutaires, ou bien encore de l’avantage familial des personnes détachées,… « qui ne bougent absolument pas ».

« Nous sommes dans une situation où non seulement l’AEFE ne répond pas à ces revendications, mais plus grave encore, ne prévoit absolument pas d’y répondre »

La question est alors posée à notre invité : comment expliquer cette absence de réponse : est ce en raison de demandes « trop gourmandes » des syndicats, ou en raison d’un budget amputé, ou bien encore d’un dialogue social coupé avec l’AEFE ? Vous aurez la réponse de Patrick Soldat à cette question en écoutant ce podcast.

CAP 2030 : un objectif inadapté au contexte

Alors que l’AEFE continue à poursuivre l’objectif du Président de la République, Emmanuel Macron, qui vise à doubler le nombre des élèves au sein du réseau des écoles françaises à l’étranger, notre invité estime que ce projet n’est pas le bon.

« Cap 2030 coûte beaucoup d’argent public, et que celui-ci pourrait aller ailleurs ».

Autre sujet abordé au cours de cet échange, celui de la durée de détachement des enseignants titulaires dans le réseau des écoles françaises à l’étranger. Aujourd’hui limitée à 6 ans, cette période n’a pas eu les effets escomptés et pénalise de nombreux développements. « Nous nous sommes toujours opposés à cette mesure » indique Patrick Soldat et donne des exemples. Augmenter cette période à 9 ans serait déjà une première étape, même si l’objectif du syndicat est d’abroger cette limite dans le temps. D’autant plus que les carrières à l’étranger ne sont pas valorisées lors d’un retour en France.

Les parents d’élèves et la grève : quelle position ?

Enfin, les parents d’élèves sont aussi concernés par cette journée de grève. Ils paient de plus en plus cher la scolarité de leurs progénitures, et certains estiment qu’un jour de contestation, tel que celui du 5 décembre, n’est pas une bonne chose pour leurs enfants. Alors quels messages souhaitent leur partager Patrick Soldat et le syndicat SNES-FSU ? Pour notre invité, « il ne s’agit pas de dire il y a deux camps » et « ce n’est pas comme ça que l’on peut faire avancer les choses », l’objectif est donc de

« Faire comprendre aux parents, que nos actions syndicales, y compris la grève, sont aussi des moyens de défendre, de sauver l’opérateur public »

Notre interlocuteur reconnaît que la « grève, c’est aussi fait pour gêner sinon cela ne sert à rien », mais dans un dialogue constructif et de défense des lycées français à l’étranger, et de leurs enseignants. La mobilisation attendue semble importante. De nombreuses directions des lycées ont déjà prévenu les parents. Reste à savoir si cette grève du 5 décembre fera bouger les lignes, dans une situation politique nationale des plus instables ?

Auteur/Autrice

  • Jérémy Michel a travaillé de nombreuses années pour des élus et a coordonné les affaires publiques européennes d'une grande entreprise française. Installé à Bruxelles depuis 2000, il est actuellement coach et consultant.

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