Patrick Soldat - FSU : « il en va de la survie de l’AEFE »

Patrick Soldat - FSU : « il en va de la survie de l’AEFE »

En ce 2 octobre, les établissements scolaires français à l’étranger sont confrontés à une grève de leur personnel, en particulier des enseignants. Pour expliquer les raisons de ce mouvement, Lesfrancais.press reçoit Patrick Soldat. C’est au nom du syndicat unifié FSU qu’il s’exprime. Il partage ainsi ses inquiétudes quant à l’avenir du réseau, estimant qu’« il en va de la survie de l’AEFE », et avance des pistes pour préserver nos écoles hors de France.

Écouter le podcast avec le responsable syndical Patrick Soldat de la FSU

Journée mondiale des enseignants et mouvement de grève dans le réseau AEFE

Alors que la journée mondiale des enseignants est programmée pour ce 5 octobre, les établissements du réseau de l’AEFE (Agence pour l’enseignement français à l’étranger) sont, ce 2 octobre, confrontés à un mouvement de grève. Cette mobilisation s’inscrit dans la continuité de celle du 18 septembre dernier, qui avait rallié des personnels partout dans le monde. « Nous n’obtenons pas de réponse », déclare Patrick Soldat pour expliquer l’organisation de ce moment de revendications.

« La question de la pension civile des personnels détachés est
un problème explosif que nous soulevons depuis des années »

Patrick Soldat, SNES – FSU

Au cours de ce podcast, notre invité est sans ambages : enseigner aujourd’hui dans le réseau des collèges et lycées français à l’étranger suscite des inquiétudes. Parmi les motifs qui pèsent sur l’avenir de l’AEFE, le dossier des retraites arrive en tête. « La question de la pension civile des personnels détachés est un sujet explosif que nous soulevons depuis des années », explique-t-il.

Enseignants en grève
Enseignants en grève - © AFP

S’y ajoutent les interrogations sur l’avantage familial des personnels détachés résidents, l’indemnité spécifique de vie locale, la durée du détachement qui reste encore lié au bornage d’une durée de six ans et le retour en France des enseignants qui n’est pas valorisé, autant de points, parmi d’autres, qui, à ce jour, restent sans réponse, selon notre interlocuteur syndical.

Les homologations : une mauvaise solution pour l’AEFE ?

Depuis plusieurs mois, l’AEFE semble faciliter un certain nombre d’homologations et nouer de nouveaux partenariats avec des établissements à travers le monde. Est-ce, selon notre invité, une bonne réponse pour renforcer la trésorerie du réseau ? Sa réponse est sans ambiguïté : « Non, en tout cas ce n’est pas une solution de financement. »

L'enseignement français à l'étranger
L'enseignement français à l'étranger © AEFE

Il estime même que cette orientation est contre-productive pour l’opérateur public. Selon lui, cette situation fait que « l’AEFE délaisse son réseau dit historique, c’est-à-dire que les établissements en gestion directe (EGD) et les établissements conventionnés. » Il ajoute également « ce n’est pas la fonction de l’État que de développer ces établissements qui, rappelons-le quand même au passage, lui font de la concurrence (…) C’est quand même le monde à l’envers.»

Quel dialogue avec l’AEFE et les parents d’élèves ?

L’AEFE demeure-t-elle l’interlocutrice principale des syndicats ? La Direction générale de la mondialisation (DGM) semble, ces derniers mois, plus active sur le dossier des établissements français à l’étranger. Notre invité partage-t-il ce constat ? « Avec l’AEFE, le dialogue n’est pas rompu » assure-t-il, mais les réponses se font attendre. S’agissant de la position actuelle de la DGM, service du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE) et tutelle de l’AEFE, Patrick Soldat nous le dit : « je serais tenté de dire que j’ai un peu la même vision que la vôtre, on a l’impression que la tutelle prend les rênes de l’opérateur public (…) et je les comprends ».

« On est tout à fait conscients des désagréments causés par une journée
de grève (…) mais il en va de la survie de l’AEFE, il en va de la survie de l’enseignement français à l’étranger »

Patrick Soldat, SNES – FSU

Cette situation impact aussi les parents d’élèves. Alors Patrick Soldat souhaite aussi s’adresser directement à eux. C’est important de pouvoir informer et expliquer les grèves. « On est tout à fait conscients des désagréments causés par une journée de grève (…) mais il en va de la survie de l’AEFE, il en va de la survie de l’enseignement français à l’étranger » déclare-t-il. Et sans solutions proposées, « il risque d’y en avoir d’autres » prévient notre invité.

Une réforme de l’AEFE est donc en préparation : les travaux sont en cours. Diverses plateformes, associations, organisations syndicales et autres espaces de dialogue se mettent en place pour recueillir témoignages, idées et propositions. Un consensus finira-t-il par se dégager ?

Auteur/Autrice

  • Jérémy Michel est rédacteur en chef adjoint du média Lesfrancais.press. Il est également coach en développement personnel et formateur en communication. Jérémy a auparavant travaillé au sein de diverses institutions politiques françaises et européennes. Il a aussi été en charge des affaires publiques d’un grand groupe spécialisé dans la santé.

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