Passer le BAFA depuis l’étranger ? Vous en rêviez, une association le propose désormais

Passer le BAFA depuis l’étranger ? Vous en rêviez, une association le propose désormais

Ce brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur est très utile pour les jeunes en quête d’une première expérience professionnelle. Quand on souhaite encadrer des enfants et adolescents en centre d’accueil pour mineurs et qu’on a plus de 16 ans, c’est un sésame précieux et obligatoire. Nombreux sont nos compatriotes à garder un souvenir ému de leurs séjours en colonies de vacances ou centres de loisirs et c’est grâce aux titulaires du BAFA, animatrices et animateurs dévoués et parfois inspirés, qu’ils le doivent.

La France manque de titulaires du BAFA

De nombreuses associations agréées proposent la formation au BAFA dans l’hexagone. Nous avons échangé avec la responsable des scouts guides de France (SGDF) , un mouvement catholique et de jeunesse qui a la spécificité de proposer la formation au BAFA à des Français de l’étranger pour travailler hors de nos frontières ou en France. Il est précisé qu’il n’est pas nécessaire d’être scout ou catholique pour passer le BAFA auprès du SGDF.

Pendant longtemps on considérait qu’il n’était pas possible de débuter une formation hors de France. Cette association qui possède le statut d’utilité publique permet  de passer la première étape de certification depuis l’étranger puis de finir par un stage d’été en France. Elle a commencé cette activité depuis peu.

BAFA
Jeunes lors de la formation organisée par l’association ©Isabelle Jonveaux

L’association fait fonctionner une dizaine de groupes de scouts hors de France en Angleterre, Allemagne, en Israël ou en Thaïlande, avec une forte implantation à Munich et à Londres où les groupes sont composés de plus de 100 personnes. Elle possède donc un authentique savoir-faire à l’international qui explique qu’elle a cherché à offrir ce nouveau service de formation au BAFA destiné aux français de l’étranger.

L’originalité de la démarche nous a amené naturellement à interviewer la responsable  de ces formations BAFA auprès de l’association des scouts et guide de France, Mme Isabelle Jonveaux. 

Isabelle Jonveaux avec des stagiaires lors de la formation organisée par l’association ©Isabelle Jonveaux

Des formations au BAFA pour les Français de l’étranger, une démarche originale

Lesfrancais.press : Isabelle, comment en-êtes vous venue à penser à la formation BAFA pour les Français de l’étranger ? 

Isabelle Jonveaux : En tant que mouvement reconnu par l’État, nous nous devons d’assurer des quotas de formateurs formés pour nos camps d’été. Dans les années 2014-2016, j’avais tenté de contacter des ambassades, me disant que si le BAFA doit se faire en France, les ambassades sont sur sol français. Nous avons appris il y a deux ans que nous pouvions le faire à l’étranger, l’année dernière nous avons dû le repousser à cause de la Covid. 

Lesfrancais.press : Avoir vécu à l’étranger et développé des qualités d’ouverture aux autres, donne – t- il un plus aux futurs animateurs et animatrices qui vont passer le BAFA et entrer dans cet engagement qui relève souvent d’une passion ? 

Isabelle Jonveaux : Oui, certainement ! Nos animateurs ont eu un stage orienté vers l’interculturel, ils ont appris à animer des activités tournées vers la découverte d’autres cultures, ce qui est un élément important aujourd’hui. 

Transmettre d’autres valeurs à travers le scoutisme

Lesfrancais.press : Que pensez-vous de la jeunesse française au regard de l’ambition portée par les scouts ? A savoir développer des savoirs-être et savoirs-faire pour les mettre au service des autres ? Cet idéal n’est-il pas confronté aux limites d’une époque matérialiste et individualiste ?

Isabelle Jonveaux : Au contraire, notre mouvement s’est développé de 30% en moins de 10 ans. De plus en plus de parents reconnaissent l’importance de transmettre d’autres valeurs et aussi de sortir des écrans. Idem pour nos animateurs qui aiment retourner à des dimensions essentielles comme dormir sous la tente, cuisiner sous le feu, vivre en équipe/en groupe, ne pas vivre replié sur soi.

Lesfrancais.press : Avez-vous quelques chiffres sur le devenir des diplômés du BAFA ? Est-ce que les diplômés trouvent facilement à s’insérer et à utiliser le diplôme ?

Isabelle Jonveaux : En fait ce n’est pas un diplôme professionnalisant. C’est pour exercer en plus d’autres choses. Mais avec la covid, beaucoup de stages de formation BAFA ont été annulés et il y a un réel manque d’animateurs pour les colonies de vacances. Nos stagiaires doivent comme deuxième étape faire un stage pratique de deux semaines, nous leur avons assuré qu’ils n’auraient pas de problème pour en trouver !

Stagiaires en formation lors du stage organisé par l’association ©Isabelle Jonveaux

Des Français de l’étranger formés au BAFA qui ont une sociologie et des parcours diversifiés

Lesfrancais.press : Quel est le profil-type des personnes venues de l’étranger et qui passent le diplôme ? Combien de Français de l’étranger se sont-ils déjà inscrits dans vos formations ? 

Isabelle Jonveaux : Je n’ai pas de réponse pour la 2e question, c’est la première fois que les Scouts et Guides de France proposaient une formation BAFA à l’étranger. Nous avions différents profils, ce qui est passionnant : Français, nés à l’étranger et n’ayant jamais vécu en France, de parents français (venus de Munich par exemple), binationaux français-autrichiens, n’ayant jamais vécu en France, ou y ayant vécu et retournant en Autriche pour les études, Français du lycée Français arrivés depuis peu en Autriche avec leurs parents, Français à l’étranger pour leurs études (juste Erasmus ou plus long)… Et un Belge et une Française venue de France voulant passer leurs BAFA en Autriche pour profiter de la dimension interculturelle.

Dormir sous la tente par températures négatives, le BAFA ça se mérite

Lesfrancais.press : Avez-vous une anecdote de formation à nous livrer ou une anecdote relative aux scouts de l’étranger et qui viendrait illustrer les valeurs du scoutisme et l’aspect encadrement et animation du BAFA ?

Isabelle Jonveaux : Il a fait très froid !! Alors qu’il faisait 17 degrés le jour d’avant le stage, nous avons passé pratiquement toutes les nuits (sous la tente) avec des températures négatives et il a neigé pour le petit- déjeuner du dernier jour. Les Autrichiens avaient du mal à nous croire quand nous leur avons dit que nous avions dormi sous la tente ! Nous avons cuisiné des plats typiquement autrichiens (au feu de bois), comme des Kaiserschmarrn et des escalopes viennoises.

Lesfrancais.press : Merci Isabelle.

Qu’est-ce que le BAFD et comment l’obtenir ?

En France, le brevet d’aptitude aux fonctions de directeur en accueils collectifs de mineurs, ou BAFD, est un brevet d’État non professionnel. Il permet donc de se lancer dans une première expérience d’encadrement et de gestion de centre d’accueil de mineurs comme les colonies de vacances. Une expérience souvent gratifiante au plan humain et qui permet de développer des compétences appréciées dans le monde de l’entreprise. Le BAFD peut se passer en partie à l’étranger.

« Pour entrer dans un cursus BAFD, il faut de s’inscrire auprès la Direction départementale de la cohésion sociale (DDCS) de son domicile. Depuis le 1er mai 2010, cette inscription se fait par Internet via le site OFFICIEL DU BAFA qui vous permettra d’obtenir un numéro de candidat à communiquer au service Formation lors de votre inscription. C’est par ce biais que votre dossier sera transmis automatiquement au jury en fin de cursus, qui vous déclarera reçu, ajourné ou refusé. Le jury peut, s’il le juge nécessaire, vous convoquer en vue d’un entretien. Tous les stages doivent se dérouler sur le territoire français, à l’exception de la session de perfectionnement qui peut se dérouler à l’étranger. Cela est important pour les stages pratiques : un séjour à l’étranger ne peut pas permettre la validation d’un stage pratique BAFD ».

Auteur/Autrice

  • Boris Faure est l'ex 1er Secrétaire de la fédération des expatriés du Parti socialiste, mais c'est surtout un expert de la culture française à l'étranger. Il travaille depuis 20 ans dans le réseau des Instituts Français, et a été secrétaire général de celui de l'île Maurice, avant de travailler auprès des Instituts de Pologne et d'Ukraine. Il a été la plume d'une ministre de la Francophonie. Aujourd'hui, il collabore avec Sud Radio et Lesfrancais.press, tout en étant auteur et représentant syndical dans le réseau des Lycées français à l'étranger.

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