L’Allemagne n’acceptera l’adhésion de nouveaux États membres que si ce processus s’accompagne d’une réforme de l’UE de manière à ne pas mettre en péril la capacité d’action du bloc, a déclaré Jörg Kukies, secrétaire d’État à la Chancellerie fédérale et principal conseiller du chancelier Olaf Scholz lors d’un événement de notre partenaire EURACTIV.
L’appel à une réforme de l’UE s’est jusqu’à présent heurté à une certaine résistance — notamment de la part des États membres de l’Est et des pays scandinaves — mais Berlin est convaincu qu’un consensus sur une réforme de l’UE peut être dégagé.
M. Kukies estime que le succès de la réforme de l’UE se résume à « l’intensité de nos négociations » et à « la clarté de notre communication sur le fait que nous n’autoriserons l’élargissement que s’il y a des réformes institutionnelles ».
« En tant que gouvernement allemand, nous avons des positions très claires à ce sujet, et la réponse est que nous avons besoin d’une réforme institutionnelle. Au moins en même temps que l’élargissement », a-t-il ajouté lors de l’événement de notre partenaire EURACTIV de vendredi (25 novembre).
Le gouvernement allemand a souligné l’importance de réformer l’UE depuis son arrivée au pouvoir l’année dernière. L’accord de coalition engage même le gouvernement à faire pression pour développer l’UE en tant que fédération européenne.
Le gouvernement allemand a depuis adopté une approche plus « pragmatique » visant à réformer les institutions dans le cadre des traités existants.
Lors de son discours à l’Université Charles de Prague, M. Scholz a déclaré que les traités « ne sont pas gravés dans le marbre », mais il a surtout insisté sur la nécessité de passer du vote à l’unanimité au vote à la majorité dans les domaines de la politique étrangère et fiscale — ce qui est déjà possible dans le cadre des traités en place.
Bien qu’il ne s’agisse pas de modifier les traités de l’UE, cela constituerait néanmoins une « réforme institutionnelle d’une portée considérable », a déclaré M. Kukies.
Convaincre les plus sceptiques
L’Allemagne n’est pas le seul pays à vouloir réformer l’Union européenne. D’autres grands États membres, tels que la France ou l’Espagne, sont également favorables à une réforme de l’Union.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a adhéré à l’idée et a apporté son soutien à une convention constitutionnelle menant à une réforme des traités dans son discours sur l’état de l’Union en septembre.
Plusieurs États membres ont toutefois déjà fait savoir qu’ils s’opposaient à cette initiative. Au terme de la Conférence sur l’avenir de l’Europe (COFOE) en mai, treize États membres d’Europe de l’Est et de Scandinavie ont mis en garde, dans une prise de position commune, contre « les tentatives inconsidérées et prématurées de lancer un processus de modification des traités ».
Faire de la réforme de l’UE une condition préalable à l’élargissement pourrait certes ralentir considérablement ce processus, mais cela pourrait aussi permettre de sortir de l’impasse et de favoriser les réformes.
« Si vous regardez ce document officieux des treize États membres […] qui ont exprimé des critiques à l’égard de la réforme institutionnelle, ce sont pour la plupart des États qui défendent un élargissement rapide », a déclaré Nicolai von Ondarza, responsable de la division de recherche sur l’UE à l’Institut allemand pour les affaires internationales et de sécurité (SWP) lors de l’événement.
M. Ondarza estime que cela pourrait permettre de convaincre les opposants. « Cette perspective de l’UE à 30 plus dans le cadre des dix prochaines années est, à mon avis, la clé de la réforme institutionnelle », a-t-il déclaré. « Si nous ne parvenons pas à ouvrir la porte à de nouvelles réformes de l’UE avant le prochain élargissement, alors cet élan sera définitivement perdu », a-t-il ajouté.
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