« Pas de fierté française sans fierté européenne » pour Valérie Pécresse

« Pas de fierté française sans fierté européenne » pour Valérie Pécresse

Sur les questions européennes, la position de Valérie Pécresse est délicate. Prise en étau entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, qu’elle qualifie respectivement de « fédéraliste » et de « nationaliste », la candidate des Républicains aime se décrire « patriote et européenne ».

Le thème de prédilection de Valérie Pécresse sur les questions européennes est, sans grande surprise, l’immigration. Lors d’un déplacement en Grèce, elle refusait de se résoudre à une « Europe passoire ».

Il s’agira, une fois élue, non seulement de renégocier les accords en la matière, et en particulier Schengen, mais aussi d’accélérer sur « le recrutement de 10 000 gardes-frontières de Frontex », l’agence européenne en charge de la surveillance des frontières.

Toujours dans le domaine « sécuritaire », la candidate de la droite exige que soit mis un terme aux élargissements de l’UE, « notamment pour la Turquie », ce qui permettra que « les aides de pré-adhésion [soient redéployées] sur d’autres priorités européennes ».

Parmi ces priorités, Mme Pécresse appelle à la mise en place d’un « plan Marshall européen » pour l’Afrique qui permettra, selon elle, de développer l’économie du continent et limiter ainsi les mouvements migratoires.

Dans le cadre de la fin de la PFUE, elle souhaite également renégocier la directive dite « retours », afin d’imposer une reconduite automatique des clandestins dans leur pays d’origine, en déplorant qu’aujourd’hui il s’agisse d’un départ volontaire de l’espace Schengen.

Valérie Pécresse le 08/12/2021 évoquant la présidence française de l’Union européenne

Écologie, industrie et numérique au cœur du projet européen de Valérie Pécresse

La lutte contre le réchauffement climatique est l’autre grand chantier sur lequel l’Europe doit se maintenir « à l’avant-garde », car il serait nécessaire de « poursuivre et amplifier la politique du Green Deal », comme la candidate l’expliquait dans une tribune publiée par Le Monde : elle souhaite que le nucléaire soit reconnu comme une « activité économique durable pouvant bénéficier des financements verts ».

Quant à la taxe carbone aux frontières de l’Union, elle est aussi présente dans son programme et décrite comme « une barrière écologique à nos frontières ».

Forte des enseignements tirés de la crise sanitaire, Mme Pécresse affirme la nécessité de coordonner les politiques relatives à la « recherche et l’industrie du médicament ».

De la même manière, la candidate considère que l’échelon européen est le plus pertinent pour redynamiser l’industrie européenne, en favorisant la construction de « grands champions industriels européens », dans des secteurs aussi variés que le numérique, les énergies vertes et les véhicules du futur.

Sur la façon d’y parvenir, Valérie Pécresse laisse entendre qu’il faudrait revenir sur des « règles anti-concurrence », qui entraveraient ce processus et fragiliseraient les grandes entreprises du continent. Par exemple, elle suggère d’établir un principe de réciprocité sur les marchés publics européens, consistant à fermer ces mêmes marchés aux entreprises de pays qui n’acceptent pas les entreprises européennes. Une « préférence européenne » agrémentera le code de la commande publique.

Quant au numérique, l’Europe aura, sous sa présidence, une place de choix puisqu’elle entend poursuivre l’objectif d’un « cloud souverain », afin de protéger l’exploitation des données des Français et des Européens. La candidate des Républicains imposera « un quota de 50 % de produits européens en matière de logiciels et d’infrastructures numériques ».

Toujours parmi les normes de l’Union jugées contreproductives, Valérie Pécresse rêve d’une Europe « qui harmonise les règles sociales pour éviter les effets de dumping […] qui déstructurent les peuples et fragilisent le projet européen ».

Contre le « repli national »

La candidate conservatrice entend aussi « renforcer l’Europe, pas la fuir », et dénonce le risque d’un « repli national » dans les discours des eurosceptiques.

Sur ce point, elle marche sur une ligne de crête, étant donné qu’elle assène depuis plusieurs mois qu’elle souhaite rétablir une part de la supériorité du droit national sur le droit européen.

Plus spécifiquement, elle précise qu’elle n’hésiterait pas à opposer « l’identité constitutionnelle » de la France aux jurisprudences européennes, lorsqu’elles se révéleraient incompatibles avec ses projets politiques, afin de les priver de leurs conséquences juridiques.

Lassée des différences entre les États membres quant aux participations au budget commun, Valérie Pécresse engagera une « renégociation des rabais financiers », qui n’auraient plus lieu d’être après le Brexit.

Dans un autre registre, Mme Pécresse détonne en promettant qu’elle tiendra la dette publique en deçà de 3 % du PIB, à rebours de la ligne défendue par la plupart des candidats, à savoir une gestion des deniers publics moins regardante des critères de Maastricht – le ministre de l’Économie Bruno Le Maire jugeait récemment qu’ils étaient « obsolètes ».

La difficulté à se démarquer d’Emmanuel Macron sur des mesures concrètes (réindustrialisation, taxe carbone, réforme de Schengen) semble donc pousser Valérie Pécresse à tenir ce discours plutôt inhabituel pour la droite modérée, qui se rapproche des classiques de la droite plus radicale, comme celui sur l’immigration et la primauté du droit européen. Au contraire, quant aux règles budgétaires et à la nécessité de renforcer l’Europe par le biais de l’économie, la candidate consolide son socle et l’électorat de la droite conservatrice et européenne.

Ainsi, sur l’aspect européen de son programme Valérie Pécresse a des marges de manœuvre bien plus réduites que ses concurrents, qu’il s’agisse des « nationalistes » ou des « fédéralistes », dont elle affirme vouloir se distinguer, par la recherche d’une position médiane, ou d’équilibre, au risque d’être plus difficilement identifiable par l’électorat.

Une interview publiée par notre partenaire Euractiv

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