Depuis la crise financière voire l’éclatement de la bulle Internet, la croissance joue à l’arlésienne avec les pays européens. Nous en avons perdu le goût. C’est tout juste si certains en craignent le retour qui serait synonyme de déséquilibres et d’inflation. Ne boudons pas notre plaisir de connaître l’ivresse de la croissance.
Face au malaise
Face à l’ensemble des défis économiques, environnementaux et sociaux, nous avons un besoin urgent d’expansion. Sur un plan psychologique, n’en déplaise aux tenants de la décroissance, nous sommes construits sur le principe de l’accroissement des richesses, qu’elles soient matérielles ou spirituelles. Le progrès est le propre des sociétés humaines. Longtemps, la conquête territoriale, la domination ou l’asservissement des peuples ont servi de guide à l’action humaine. Puis les révolutions industrielles ont progressivement placé le bien être des peuples au cœur des motivations humaines. La compétition entre les nations n’a pas disparu mais ses formes ont évolué. Les échanges qui sont les vecteurs de la transmission de la connaissance et du progrès sont devenus la colonne vertébrale de l’économie contemporaine. La décadence et le déclin sont anormaux, sources de tensions au sein des nations et entre-elles.
Les pays européens sont en proie à un profond malaise depuis une dizaine d’année en raison de la crainte de déclassement d’une part croissante de leur population, en particulier des classes moyennes. Le ralentissement de l’ascenseur social génère de la frustration. Avec Internet, avec les réseaux, nul ne peut échapper aux regards des autres. La richesse ne peut plus se cacher, ce qui favorise une demande égalitariste.
Peurs millénaristes
Pour limiter la fragmentation des sociétés, les gouvernements européens ont multiplié les dépenses sociales au prix d’un endettement croissant. Cette atténuation des effets de la stagnation de la croissance ou des récessions n’a pas empêché la montée des mécontentements. L’assistance peut être une béquille indispensable pour éviter des drames humains mais elle ne serait devenir la règle ; elle ne satisfait pas à la volonté de la large majorité des citoyens de se réaliser par le travail.
Depuis le début du siècle, l’esprit d’aventure ou de dépassement était aux abonnés absents. Tout sujet est propice à la polémique et à la division. Le réchauffement climatique, le vieillissement de la population, l’immigration ne sont abordés que de manière clivante et négative.
Nous avions souri des peurs millénaristes de nos contemporains de l’an 1000, or nous les avons surpassés. Le mot réforme est honni car il est synonyme de régression et de recul des droits sociaux. Par peur de perdre ce que nos ainés ont conquis, l’immobilisme s’est imposé comme une nouvelle religion.
La croissance sonne à la porte
La crise sanitaire de 2020, comme la Grande Peste ou l’épidémie de Choléra, est susceptible de déplacer les lignes, de briser les conformismes. Les Etats, les entreprises et les ménages ont été contraints de s’adapter en temps réel à un environnement qu’ils auraient été bien incapables d’imaginer en 2019. De nouvelles méthodes pour travailler, réfléchir, agir s’imposent. Affranchis de la routine, nous sommes plus prompts à innover, à trouver des solutions hier impensables. La soif de vie des femmes et des hommes est le meilleur remède.
Elle s’exprime dans toute sa force lors des déconfinements. Que ce soit à Rome, à Berlin, à New York ou à Paris, le désir de terrasses, de concerts, de rencontres est un sentiment largement partagé. Au-delà des polémiques, le succès de la vaccination en est une autre preuve. La croissance sonne à la porte. Ouvrons-la en grand !
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