Le 15 novembre 2025, la France publiera la nouvelle promotion civile de l’Ordre national du Mérite (ONM). Comme à chaque session, des femmes et des hommes venus d’horizons variés verront leur parcours reconnu par l’Ordre national du Mérite : quand la République distingue l’engagement du quotidien.
Institué en 1963 par le général de Gaulle, l’ONM récompense « les mérites distingués acquis au service de la Nation ». Au fil du temps, la distinction s’est ouverte à une plus grande diversité de profils, au-delà des cercles administratifs ou militaires. Elle reflète désormais une France engagée, discrète, mais active dans tous les domaines de la vie publique.
ONM : une distinction née du souci d’équilibre entre les ordres nationaux
Lorsque le général de Gaulle crée l’ONM, son objectif est clair : compléter le système honorifique français. Entre la Légion d’honneur, symbole d’excellence suprême, et les médailles ministérielles ou professionnelles, il manquait un échelon capable de valoriser les parcours d’engagement intermédiaires.
« L’initiative citoyenne permet à la République
de reconnaître ceux qu’elle ne voyait pas toujours. »
L’ONM répond alors à cette logique. Il permet de mettre en lumière des citoyens dont l’action contribue au bien commun, sans forcément relever de fonctions d’État.
Aujourd’hui, l’ordre compte près de 175 000 membres, dont environ 120 000 civils. Deux promotions civiles sont publiées chaque année, au printemps et à l’automne, ainsi qu’une promotion militaire en décembre. Les distinctions sont accordées sur proposition des ministères, mais aussi grâce à une démarche participative ouverte à tous : l’initiative citoyenne.
L’initiative citoyenne, un levier pour rendre visible le mérite ordinaire
Chaque Français peut proposer la candidature d’une personne jugée exemplaire : depuis deux décrets récents, ceux du 22 janvier et du 20 février 2025 les dispositions qui codifient l’initiative citoyenne, précisent et modifient le dispositif initial qui concerne 200 médailles par an. Cette possibilité a permis de faire émerger des profils longtemps restés dans l’ombre : bénévoles associatifs, enseignants, infirmiers, artisans, agents publics, élus locaux ou entrepreneurs solidaires. Les propositions doivent être transmises à la Préfecture ou directement à la Grande Chancellerie chargée de vérifier leur sérieux.
L’objectif n’est pas de multiplier les distinctions, mais de garantir que la reconnaissance nationale s’étende à ceux dont l’action quotidienne illustre les valeurs de solidarité, de civisme et d’engagement collectif. L’initiative citoyenne permet à la République de reconnaître ceux qu’elle ne voyait pas toujours.
Des actions éducatives pour transmettre les valeurs de l’engagement
Au-delà de son rôle honorifique, l’Ordre national du Mérite participe activement à la promotion de la citoyenneté. Grâce à des partenariats avec l’Éducation nationale, l’Association Nationale des Membres de l’Ordre national du Mérite (ANMONM) mène des interventions dans les collèges et lycées afin de présenter aux élèves les parcours de ses membres et d’échanger sur la notion de service à la collectivité.
Le Prix de l’éducation à la citoyenneté, mis en place dans plusieurs académies, associe des élèves à des titulaires de l’ONM qui partagent leur expérience de l’engagement. Cette démarche s’inscrit dans la continuité d’un travail plus ancien de transmission, à l’image des Maisons d’éducation de la Légion d’honneur, institutions publiques qui incarnent depuis plus de deux siècles l’esprit de mérite et de discipline républicaine.
Les Français de l’étranger régulièrement distingués
Les Français établis hors de France figurent à chaque promotion. Sous l’autorité du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et du ministère délégué chargé des Français de l’étranger, plusieurs dizaines de compatriotes sont distingués chaque année. Lors de la promotion civile du printemps 2025, près d’une soixantaine de Français de l’étranger ont ainsi été promus.
« Au-delà de la distinction elle-même, l’Ordre national du Mérite témoigne d’une volonté de valoriser le travail, le dévouement et la responsabilité partagée. »
Parmi eux, des enseignants des lycées français, des médecins, des chercheurs, des dirigeants associatifs, mais aussi des conseillers des Français de l’étranger investis dans la vie locale. Cette reconnaissance illustre le rôle de la communauté française à l’étranger dans le rayonnement culturel, scientifique et économique du pays. Leur engagement, souvent bénévole, contribue à renforcer la présence française dans les sociétés d’accueil et à maintenir un lien vivant entre la France et ses ressortissants.
Une distinction au service de la cohésion nationale
Dans un contexte où la participation civique semble fragilisée, l’Ordre national du Mérite rappelle qu’il existe une autre forme de réussite : celle de l’engagement collectif.
Il distingue des citoyens dont l’action, parfois discrète, renforce le tissu social, éducatif ou culturel du pays. L’insigne bleu à six branches, orné de la tête de Marianne, symbolise cet attachement à la République et à ses valeurs fondamentales : le mérite, la continuité et le sens du service public.
Chaque promotion offre un instantané de la société française : des parcours divers, des origines sociales variées, mais une même volonté de contribuer au bien commun.
Une reconnaissance institutionnelle, mais aussi humaine
À l’approche du 15 novembre, des milliers de propositions sont à l’étude. Certains récipiendaires recevront leur décoration dans le cadre officiel d’une préfecture ou d’une ambassade ; d’autres, au sein de leur commune, en présence de leurs proches.
Qu’elle soit remise dans un grand salon ou une salle municipale, la médaille symbolise la reconnaissance de la collectivité envers un engagement individuel.
Au-delà de la distinction elle-même, l’Ordre national du Mérite témoigne d’une volonté de valoriser le travail, le dévouement et la responsabilité partagée.
Dans une société en quête de repères, il rappelle que la République continue à distinguer ceux qui la servent concrètement, au quotidien.
Auteur/Autrice
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Gilles Roux est un juriste, entrepreneur et auteur français qui vit dans la région de Mannheim en Allemagne depuis plus de 35 ans.
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