Octobre Rose, se mobiliser avec elles

Octobre Rose, se mobiliser avec elles

Chaque année, le cancer du sein touche 2,3 millions de femmes dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En France, il reste le cancer le plus fréquent et le plus mortel chez nos compatriotes, avec 61 000 nouveaux cas et 12 000 décès estimés en 2023. Pourtant, détecté tôt, il se soigne dans 9 cas sur 10. La mortalité varie fortement selon les continents : l’Europe et l’Amérique du Nord enregistrent des taux de survie élevés (plus de 80 %), grâce à des campagnes de dépistage organisées, tandis que l’Afrique et une partie de l’Asie souffrent d’un accès limité aux soins et d’un dépistage tardif, avec des taux de survie parfois inférieurs à 40 %.

Pour les Françaises expatriées, l’accès au dépistage peut s’avérer complexe : barrières linguistiques, systèmes de santé coûteux ou peu accessibles, ou méconnaissance des dispositifs locaux. Octobre Rose, campagne internationale de sensibilisation, joue un rôle clé pour briser ces inégalités. Depuis plus de 30 ans, cette mobilisation permet de sauver des vies en promouvant le dépistage précoce, mais aussi en finançant la recherche et en soutenant les patientes. En 2024, 1 femme sur 3 en France métropolitaine ne se faisait toujours pas dépister régulièrement, un chiffre qui grimpe parmi les expatriées, faute d’information ou de prise en charge adaptée.

Comment participer à Octobre Rose en France ou dans votre pays de résidence ? Quels sont les dispositifs pour se faire dépister, que l’on soit affiliée à la Caisse des Français de l’Étranger (CFE) ou non ? Quels événements rejoindre, en France ou à l’international ? On fait le point pour les Françaises de l’étranger sur les actions concrètes pour agir, où que l’on vive.

Octobre Rose : une mobilisation née aux États-Unis, adoptée par le monde entier

L’histoire d’Octobre Rose remonte à 1985, lorsque la fondation américaine Susan G. Komen distribue pour la première fois des rubans roses aux participantes d’une course pour la lutte contre le cancer du sein. Mais c’est en 1992 qu’Evelyn Lauder, vice-présidente d’Estée Lauder, officialise le ruban rose comme symbole mondial et lance la première campagne de sensibilisation à grande échelle. L’objectif ? Financer la recherche et encourager le dépistage dans un contexte où le sujet était encore peu abordé publiquement.

En France, l’opération est importée au milieu des années 1990 par des associations comme Le Cancer du Sein, Parlons-en ! et Ruban Rose, avec le soutien de marques et de médias. Dès 2004, le ministère de la Santé s’empare du mouvement pour promouvoir le dépistage organisé, gratuit et accessible à toutes les femmes de 50 à 74 ans. Aujourd’hui, Octobre Rose fédère des milliers d’initiatives : courses solidaires, illuminations de monuments, ateliers d’auto-palpation, ou encore collectes de fonds pour la recherche.

Illumination de la Tour Eiffel, le 27 septembre 2016, pour le lancement de la 24e édition de la campagne « Octobre rose ». ©THOMAS SAMSON / AFP

Un impact mesurable sur la prévention

Les chiffres parlent d’eux-mêmes, ainsi, en France, le taux de participation au dépistage organisé est passé de 40 % en 2004 à 51 % en 2022 (source : Santé Publique France).Grâce à ces campagnes, la mortalité a baissé de 1,3 % par an entre 2005 et 2018.

C’est ainsi, dans tous les pays où Octobre Rose est largement médiatisé (Canada, Australie, pays nordiques). Le dépistage précoce a permis de réduire de 20 à 30 % la mortalité liée au cancer du sein.

Pourtant, des disparités persistent, En effet, en Afrique subsaharienne, seulement 20 % des cas sont détectés à un stade précoce, contre 70 % en Europe. Parfois au sein même d’un pays, comme aux États-Unis, les femmes noires ont 40 % de risques en plus de mourir d’un cancer du sein que les femmes blanches, en raison d’inégalités d’accès aux soins.

Tandis que pour les Françaises expatriées, l’éloignement géographique et les difficultés administratives (remboursements, reconnaissance des examens) compliquent souvent la démarche.

Une campagne désormais mondiale

Aujourd’hui, plus de 100 pays participent à Octobre Rose, avec des adaptations locales. Comme, au Royaume-Uni, la charité Breast Cancer Now organise des « Wear It Pink Days » dans les écoles et entreprises.

Mais aussi, en Australie, le « Pink Ribbon Breakfast » réunit des milliers de participants pour lever des fonds. Depuis quelques années, au Maroc, l’association Lalla Salma propose des caravanes médicales dans les zones rurales.

Australian National Breast Cancer Foundation
©Australian National Breast Cancer Foundation

Enfin, en Chine, où le cancer du sein est en forte hausse (+3 % par an), des campagnes ciblent les jeunes femmes, peu sensibilisées aux risques.

Quelles solutions pour les Françaises expatriées ?

Se faire dépister loin de la France peut sembler un parcours du combattant : méconnaissance des systèmes de santé locaux, coûts élevés, démarches administratives complexes… Pourtant, que l’on soit affiliée à la Caisse des Français de l’Étranger (CFE) ou non, des solutions existent pour bénéficier d’un suivi de qualité. Entre remboursements partiels, centres agréés à l’étranger et retours en France, les options varient selon son statut et son pays de résidence. Comment s’organiser pour ne pas renoncer à ce geste qui sauve des vies ? Quels pièges éviter pour garantir des examens fiables et accessibles ? On passe en revue, pour les expatriées, les modalités pratiques, les coûts à anticiper et les ressources indispensables pour un dépistage serein, où qu’on soit. On distinguera deux situations, avec ou sans la CFE.

Vous êtes affiliée à la Caisse des Français de l’Étranger

La CFE permet aux expatriées de bénéficier du même remboursement qu’en France pour les actes de dépistage, mais avec certaines conditions.

Déjà et c’est une bonne nouvelle, la mammographie de dépistage est prise en charge à 100 % tous les 2 ans pour les femmes de 50 à 74 ans, sur présentation d’une ordonnance. Mais, il faudra trouver un radiologue agréé dans votre pays de résidence (liste disponible sur le site de la CFE) pour être éligible à la prise en charge. Et si vous résidez dans un des pays sans convention avec la France (ex : Thaïlande), une avance des frais sera nécessaire. Sur certains territoires, le tiers-payant est possible.

Mais n’oubliez pas, La CFE rembourse sur la base des tarifs français (environ 60 €), le reste étant à votre charge ou couvert par une complémentaire santé internationale. Et dans certains pays (ex : États-Unis, Suisse), les tarifs sont très élevés (jusqu’à 300 € pour une mammographie).

Vous n’êtes pas affiliée à la CFE

Sans affiliation au système français, la situation peut sembler plus complexe, mais plusieurs options existent.

En premier lieu, si vous êtes expatriée dans les pays de l’UE/EEE, la Carte Européenne d’Assurance Maladie (CEAM) permet un remboursement partiel mais il faudra être affilié en plus du régime local à celui de la France (salariée détachée par exemple). Mais la grande majorité des pays de l’Union européenne organisent leur propre campagne de dépistage, et vu qu’il est obligatoire d’être affiliée au régime de son pays de résidence, vous pourrez aussi en bénéficier selon les conditions mises en place par l’État qui vous accueille.

Hors UE, il faudra vérifier si votre pays de résidence propose un programme national de dépistage à l’exemple du NHS au Royaume-Uni ou de Medicare en Australie. Sinon, vous pouvez aussi faire appel au secteur privé, il vous en coutera entre 50 € et 200 € pour une mammographie en clinique privée que ce soit à Dubaï ou à Singapour.

Cependant, il faut être attentif aux protocoles locaux.  Dans certains pays (ex : Inde, Mexique), les mammographies sont moins fiables. Il est conseillé de privilégier les cliniques internationales (ex : réseau Allianz Worldwide Care). Autre difficulté que les Femmes expatriées peuvent rencontrer le délai pour obtenir un rendez-vous peut être très long. Au Canada ou en Suède, les listes d’attente dépassent 6 mois pour un rendez-vous dans le secteur dit public.

La détection précoce est une intervention et pour votre santé, une protection
©Le ministère de la Santé et de la Protection Sociale marocain

Pour finir, essayez dans la mesure du possible, d’obtenir un compte rendu en français pour faciliter le suivi en cas de retour en France.

Revenir en France pour le dépistage

Et oui, car il est bien sur possible lors d’un séjour, en prenant rendez-vous dans un centre agréé (liste sur Ameli.fr) de se faire dépister. Mais la prise en charge ne se fera que si vous cotisez à la Sécurité sociale française via le régime des travailleurs détachées ou la CFE, ou si vous avez cotisée au moins 15 ans au régime général ou si vous êtes retraitée d’une caisse française.

Octobre Rose 2025 : où et comment participer ?

Marches solidaires, monuments illuminés, ateliers de sensibilisation ou collectes de fonds : chaque année, Octobre Rose fédère des millions de participants à travers le monde. Mais comment y prendre part quand on vit hors de France ? Que l’on soit à Bruxelles, Montréal, Dubaï ou Sydney, les initiatives locales se multiplient pour soutenir la recherche, sensibiliser et célébrer les combats menés. Courses, conférences, expositions ou même actions virtuelles, il existe mille façons de s’engager, donner ou simplement s’informer.

Découvrez nos tableaux qui recensent les événements phares accessibles aux Français de l’étranger, ainsi que des idées pour créer sa propre mobilisation si aucune action n’est organisée près de chez soi. Parce que la solidarité, elle aussi, n’a pas de frontières.

En France : les événements phares

ÉvénementDateLieuLien
Course des Héros (Paris, Lyon, Bordeaux)6 octobre 2025Paris (Bois de Vincennes) courirpourelles.com
Illuminations rosesTout octobreTour Eiffel, Opéra Garnier, etc. paris.fr
Village Octobre Rose (Paris)12-13 octobreParvis de l’Hôtel de Ville rubanrose.org
Concerts solidairesOctobrePlusieurs villes service-public.fr

À l’international : quelques exemples de mobilisations locales

PaysÉvénementDateOrganisateur
BelgiquePink Ribbon Walk (Bruxelles)5 octobre think-pink.be
SuisseCourse de l’Espoir (Genève)19 octobre liguecancer.ch
MarocCaravane médicale (Casablanca)10-15 octobreAssociation Lalla Salma
États-UnisMaking Strides Against Breast Cancer (NYC)20 octobre cancer.org
AustraliePink Ribbon BreakfastTout octobre pinkisthecolour.com.au

Octobre Rose rappelle une évidence : le cancer du sein ne connaît pas de frontières. Pour les Françaises de l’étranger, la mobilisation passe par un dépistage régulier, en s’appuyant sur la CFE ou les systèmes locaux. Vous pouvez aussi, afin d’en savoir plus, rejoindre les groupes Facebook d’expatriées pour trouver des initiatives locales. Dans tous les cas, notre mobilisation collective est importante et on se doit Un de relayer les campagnes auprès de notre entourage, surtout dans les pays où le tabou persiste.

Auteur/Autrice

  • Chantal Julia est maitre de conférence en Suisse. Après plusieurs années à l'Université de Lettre Paris 1, Chantal a suivi son compagnon à Lausanne où elle enseigne toujours la littérature française. Elle écrit pour différents magazines universitaires et Lesfrancais.press

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