Obésité, la France n’est plus une exception

Obésité, la France n’est plus une exception

La France a longtemps pu se prévaloir d’un taux de prévalence de l’obésité faible par rapport à celui de ses partenaires. Cette spécificité est sur le point de disparaître. Entre 1997 et 2020, la part des adultes français obèses a doublé pour atteindre 17 %, soit 8 millions de personnes. Ce taux demeure cependant nettement inférieur à celui des États-Unis (40 %), du Mexique (33 %) ou de la Grande-Bretagne (26 %). 

En prenant en compte les personnes en surpoids, le taux monte à 47 %. L’évolution est inquiétante car elle est rapide. Elle est potentiellement une source de nombreuses maladies chroniques qui mettraient un peu plus en tension un système de santé qui n’en a pas besoin. 

Le Gouvernement a décidé la création d’un groupe de travail sur l’obésité, sous la direction de Martine Laville, professeur de nutrition à Lyon, qui devrait rendre un rapport au mois de mars.

Pas tous identiques face à l’obésité 

Le taux de prévalence de l’obésité chez les femmes est supérieur à celui des hommes. Le taux d’obésité est de 17,4 % chez les femmes contre 16,7 % chez les hommes. En revanche, ces derniers sont davantage sujets au surpoids (36,9 %, contre 23,9 % des femmes). 

Les hommes français ont malgré tout le taux d’obésité le plus faible de l’Union européenne. La courbe de l’obésité suit parallèlement celle de l’âge. La prévalence est de 19,9 % chez les 55-64 ans, contre 10,8 % chez les 25-34 ans. Avec le vieillissement de la population, une augmentation du taux d’obésité est à craindre même si, ces dernières années, la part de personnes en situation d’obésité a le plus progressé chez les 18/24 ans. De 2012 à 2022, le taux d’obésité de cette classe d’âges a augmenté de 3,6 points. 

Les jeunes de 2 à 7 ans sont également touchés par l’épidémie, le taux de prévalence atteignant 18 %. Il est plus faible chez les 8/17 ans (6 %). Les données sur le surpoids et l’obésité infantiles en France à la différence de celles qui concernent les adultes sont moins préoccupantes car l’obésité est alors réversible. 

L’obésité, une question de diplômes et de revenus 

Comme dans les autres pays occidentaux, les phénomènes de surpoids majeur en France sont plus marqués chez les personnes à faibles revenus. Selon un rapport du Sénat français, le taux d’obésité chez les ouvriers en France atteint 18 % en 2020, alors qu’il est inférieur à 10 % chez les cadres. La courbe de l’obésité est corrélée au niveau d’études (24,5 % parmi des personnes ayant un niveau d’éducation du primaire, 21,5 % parmi ceux ayant un niveau fin de collège, contre 7,3 % chez les titulaires d’un 3e cycle). Les trois quarts des 8-17 ans en surpoids sont issus de catégories socioprofessionnelles défavorisées ou inactives. 

Toutes les régions ne sont pas égales devant l’obésité La région des Hauts-de-France est la plus touchée (22,1 %), suivie par le Grand Est (20,2 %) et de la Normandie (19,8 %). Ce sont des régions plutôt pauvres. Le Sud de la France avec la spécificité du régime crétois est moins exposé. En Corse, malgré tout, chez les jeunes, le taux d’obésité tend à augmenter en particulier chez ceux issus des ménages les plus modestes. 

L’obésité a été longtemps un phénomène masqué ou honteux en France. Les campagnes de publicité ne s’adressaient aux personnes en surpoids. Vivre avec le surpoids est particulièrement difficile dans une culture qui célèbre la minceur. En 2017, la France a interdit l’utilisation de modèles de défilés trop minces. Les grandes marques appellent à défiler des personnes obèses afin de modifier le regard de la population.

Auteur/Autrice

  • Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite en plus d'être notre spécialiste économie.

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