Nicolas Sarkozy : l’Ukraine doit rester « neutre » et n’a pas sa place dans l’UE

Nicolas Sarkozy : l’Ukraine doit rester « neutre » et n’a pas sa place dans l’UE

L’Ukraine doit rester « neutre » et ne pas devenir un Etat membre de l’UE, a expliqué Nicolas Sarkozy dans un entretien fleuve au Figaro publié mercredi 16 août, affirmant qu’un compromis doit être trouvé avec la Russie par le biais de la « diplomatie, la discussion, l’échange ».

Président de la République entre 2007 et 2012, il occupait notamment la présidence du Conseil de l’UE lors de l’invasion russe de la Géorgie à l’été 2008. Quelque quinze ans plus tard, fort de son expérience, il soutient dans Le Figaro que l’Union européenne doit « clarifier [sa] stratégie » vis-à-vis de la guerre en Ukraine.

« Faire la guerre sans la faire » n’est plus tenable, explique l’ancien président, aujourd’hui membre du Conseil constitutionnel, encourageant la Russie et l’Ukraine à trouver un « compromis », faute de quoi les choses pourraient « dégénér[er] à tout moment ».

L’analyse que porte M. Sarkozy sur la situation ukrainienne est aux antipodes de la position du président Emmanuel Macron, et d’une très large majorité des Etats membres.

Depuis le début de l’invasion en février 2022, l’UE n’a eu de cesse d’affirmer qu’elle ne s’impliquerait pas directement dans le conflit. Elle soutient toutefois Kiev par le biais de mesures politiques, militaires et économiques à des niveaux sans précédent.

Dans un souci de trouver un semblant de paix dans un conflit qui vrombit au cœur de l’Europe depuis maintenant 540 jours, il est crucial que l’Ukraine reste « neutre », souligne l’ex Président, ne serait-ce que pour ne pas alimenter la « paranoïa anti-occidentale » du Kremlin. [LUDOVIC MARIN/EPA-EFE]

L’Ukraine doit rester « neutre »

En 2008, lors de l’attaque russe en Géorgie, M. Sarkozy explique avoir « convaincu [Vladimir] Poutine de retirer ses chars qui étaient à 25 kilomètres de Tbilissi ».

Mais, dans le même temps, il aurait pris en compte les « lignes rouges » de la Russie : « c’est pourquoi nous [M. Sarkozy et l’ancienne chancelière allemande Angela Merkel] avions refusé l’adhésion de l’Ukraine et de la Géorgie à l’OTAN, et ce malgré la forte pression américaine », relève-t-il dans les colonnes du Figaro.

Aujourd’hui, la Russie de M. Poutine n’a pas changé, selon l’ancien président, qui ajoute : « les Russes sont des Slaves. Ils sont différents de nous [mais] nous avons besoin d’eux et ils ont besoin de nous ». En ce sens, M. Poutine n’est pas « irrationnel » mais fonctionne sur un registre politique propre à la Russie.

Et, dans un souci de trouver un semblant de paix dans un conflit qui vrombit au cœur de l’Europe depuis maintenant 540 jours, il est crucial que l’Ukraine reste « neutre »souligne l’ex, ne serait-ce que pour ne pas alimenter la « paranoïa anti-occidentale » du Kremlin.

Ce principe de neutralité ne doit pas être pris comme une « insulte ». Il s’accompagnerait « d’un accord international prévoyant des assurances de sécurité extrêmement fortes, pour la protéger contre tout risque de nouvelle agression ».

Et d’ajouter que « les intérêts européens ne sont pas alignés sur les intérêts américains » autour de cette question.

La neutralité ukrainienne va de pair avec une non-adhésion du pays à l’Union européenne, précise encore Nicolas Sarkozy. « L’Ukraine est un trait d’union entre l’Ouest et l’Est. Il faut qu’elle le reste », de sorte que le statut ukrainien de pays candidat à l’UE relève au mieux « de promesses fallacieuses », le comparant au processus de négociations pour l’adhésion de la Turquie à l’UE, au point mort depuis des années.

Demander à l’Ukraine de choisir entre l’Europe d’une part et la Russie d’autre part « me paraît contraire à l’Histoire et [à] la géographie de cette région si complexe. Et il serait naïf de croire que la chute de Vladimir Poutine y changerait quelque chose », a-t-il poursuivi.

L’immigration est une question de « survie » pour l’UE

Dans le même entretien, M. Sarkozy a également abordé l’épineuse question de l’immigration clandestine et des risques qu’elle fait peser, selon lui, sur le continent européen.

« Entre les émotions exacerbées à l’égard du drame humanitaire des migrants et l’empilement des règles de droit qui les protègent, il est devenu impossible de limiter et réguler les flux migratoires », a précisé l’ancien locataire de l’Elysée.

Quelque 600 000 à 700 000 immigrants seraient en France en situation irrégulière, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur.

L’accent devrait plutôt être mis sur la création de « points d’accueil » pour le traitement des demandes de visas dans les pays de départ, suggère M. Sarkozy.

En conséquence, tout réfugié arrivant sur le sol européen sans autorisation de séjour valable se verrait opposer un refus d’admission automatique.

Il incombe en outre à l’UE de construire les infrastructures dont le continent africain a besoin afin d’encourager la jeunesse africaine à y rester, précise-t-il.

« Ce n’est pas une question de générosité. C’est une question de survie pour l’Europe », conclut M. Sarkozy.

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