L’idée d’un « mur anti-drones » a rapidement fait son chemin après une vague d’intrusions dans les espaces aériens d’États membres de l’UE ces dernières semaines. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a fait de ce projet l’une de ses principales annonces dans son discours sur l’état de l’Union plus tôt ce mois-ci, affirmant qu’il ne s’agit pas d’une « ambition abstraite » mais bien du « fondement d’une défense crédible ».
Rattraper le retard industriel
Pour le commissaire à la Défense et à l’Espace, Andrius Kubilius, qui s’exprimait à l’occasion de l’évènement de lancement de la nouvelle newsletter d’Euractiv consacrée à la défense mardi 23 septembre, il faut « comprendre que nous manquons de capacités pour détecter les drones ».
« Nous avons peut-être de bonnes capacités pour détecter les avions de combat et les missiles, mais les drones ont des spécificités :
ils volent très bas et sont de petite taille. »
Le commissaire à la Défense et à l’Espace, Andrius Kubilius
Premièrement, l’UE doit se doter « rapidement » de systèmes de détection — une étape faisable selon lui. Les experts estiment que ceux-ci pourraient être prêts dans « environ un an » pour repousser les attaques et les « provocations » russes, a-t-il continué.
Andrius Kubilius a ajouté que l’Europe devait s’inspirer de l’armée ukrainienne, qui a déployé des capteurs acoustiques pour détecter les drones entrants sur son territoire qui, sans cela, pourraient ne pas apparaître sur les radars.
Détection et lasers
Les lasers constituent une autre option pour abattre les drones à un moindre coût, a-t-il déclaré, précisant que ce réseau défensif devait également couvrir les vastes frontières maritimes de l’Union, à la lumière des incursions de drones lundi soir en Norvège et au Danemark, a affirmé le commissaire à la Défense.
Les enquêtes sur ces dernières incursions n’ont pas encore permis d’identifier les auteurs, la police danoise se contentant de déclarer qu’elles ont dû être menées par un « acteur compétent ». Malgré tout, Copenhague a été ajoutée à la liste des États à la frontière orientale de l’Union que le commissaire doit consulter au sujet du plan de défense contre les drones actuellement élaboré par la Commission.
Si un système de détection adéquat pourrait être mis en place « en un an environ », il faudra beaucoup plus de temps pour développer un système capable de suivre et de détruire des cibles au sol, a noté Andrius Kubilius.
Également présent lors de l’évènement d’Euractiv mardi soir, Robert de Groot, vice-président de la Banque européenne d’investissement (BEI) chargé de la défense et de la sécurité, a indiqué que des discussions étaient en cours sur la manière de canaliser les financements vers les États de l’Est de l’UE en priorité.
Il a ajouté qu’il était important d’injecter des fonds pour construire des bases militaires et des infrastructures, ainsi que pour accroître la mobilité militaire afin de faciliter le déplacement des chars et des troupes.
« Nous devons acheminer le matériel d’un bout à l’autre de l’Europe, principalement d’ouest en est, mais aussi du nord au sud »
Robert de Groot, vice-président de la Banque européenne d’investissement (BEI)