Alors que l’enseignement français à l’international traverse des tensions financières et une concurrence accrue, la Mission laïque française (MLF) accélère sa mutation. Son directeur général, Jean-Marc Merriaux détaille pour Lesfrancais.press les enjeux et les ambitions d’un réseau* en pleine évolution.
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L’enseignement français à l’étranger et la concurrence
Depuis quatre ans, Jean-Marc Merriaux pilote le redressement de la Mission laïque française dans un environnement international profondément transformé. L’enseignement français, longtemps dominant, se retrouve désormais dans un marché mondialisé et très concurrentiel, obligeant la MLF à se repositionner.
« Même si les moyens ne sont pas totalement réunis, il faut penser les modèles éducatifs que nous voudrons dans les prochaines années ».
Jean-Marc Merriaux, directeur général MLF
Le directeur général l’admet : « Nous avons redressé une partie importante de la situation financière, mais ce n’est pas suffisant ». La MLF a stabilisé ses comptes grâce à plusieurs leviers, mais elle manque encore de capacités d’autofinancement pour investir dans ses infrastructures et renforcer son offre pédagogique. Pour autant, pas question de mettre la transformation entre parenthèses :« Même si les moyens ne sont pas totalement réunis, il faut penser les modèles éducatifs que nous voudrons dans les prochaines années ».
MLF 2030 : un projet pour repenser l’élève et l’enseignant de demain
C’est dans ce cadre que le plan stratégique MLF 2030 a été élaboré. L’objectif du programme est d’offrir davantage aux familles, désormais plus exigeantes, et de maintenir la renommée du modèle français en l’adaptant aux nouvelles attentes. « Il faut permettre à nos élèves de s’épanouir dans notre système éducatif et de devenir des citoyens ouverts sur le monde, capables de se projeter. Voilà la logique dans laquelle s’inscrit le projet MLF 2030 » précise le directeur général.

L’autre grand chantier concerne les enseignants. « Eux aussi sont confrontés à plusieurs transformations. Il existe des défis pédagogiques importants et nous devons déterminer quel type d’enseignant nous voulons pour permettre à nos élèves de devenir les jeunes gens que nous souhaitons voir dans quinze ans. » Une dynamique qui a été formalisée dans un travail collaboratif mobilisant de nombreux acteurs afin de construire un modèle d’avenir. « Nous espérons faire de ce modèle un moteur d’attractivité pour nos établissements. »
Réforme de l’AEFE : une inquiétude ? Non, un dialogue nécessaire
La réforme annoncée de l’AEFE, elle-même confrontée à des difficultés financières, suscite des interrogations parmi les établissements français à l’étranger. Le soutien accordé aux écoles de la MLF pourrait être réévalué. Jean-Marc Merriaux se veut rassurant : « Ce n’est pas une inquiétude, mais plutôt un besoin d’échanger. Nous avons été soutenus lorsque nous traversions une période difficile. Nous devons aujourd’hui avancer ensemble. Nous sommes dans une logique de complémentarité et d’entraide mutuelle. C’est ainsi que se construit l’enseignement français à l’étranger. »
« Nous veillerons à ce que la continuité de l’accompagnement de nos établissements soit assurée progressivement ».
Jean-Marc Merriaux, directeur général MLF
Par ailleurs, la Mission laïque, autofinancée à 94 %, dépend peu des aides publiques. L’enjeu porte surtout sur leur répartition notamment dans les zones fragilisées. « Nous veillerons à ce que la continuité de l’accompagnement de nos établissements soit assurée progressivement », précise Jean-Marc Merriaux. Entretemps, la MLF fera « tout pour limiter l’impact » sur les familles, et mise plutôt sur l’attractivité de ses établissements : plus d’élèves, plus de stabilité financière, moins de pression sur les tarifs.
2025-2026 : du concept à l’action
Après l’élaboration du projet MLF 2030, vient l’heure de l’opérationnel. Huit établissements pilotes ont commencé à déployer la nouvelle offre pédagogique. Les premières expérimentations comme la filière bilingue en maternelle à Casablanca font déjà l’objet de retours d’expérience partagés au sein du réseau. Un grand séminaire rassemblera prochainement tous les établissements scolaires en pleine responsabilité avec leur chef d’établissement pour amorcer la mise en œuvre concrète du modèle.

Pour Jean-Marc Merriaux, l’objectif de l’année est limpide : « Notre année 2025-2026 est consacrée à accompagner les équipes, construire notre modèle d’avenir, le stabiliser et le déployer pour rendre visible cette évolution. » Une transformation profonde, collective et déterminée. La MLF entend bien se projeter dans la décennie qui s’ouvre et y faire rayonner l’enseignement français.
*La Mission laïque française compte 108 établissements répartis dans 32 pays, scolarisant plus de 60 000 élèves.
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