Les électeurs des pays méditerranéens de la 8ème circonscription des Français de l’étranger sont sollicités par 13 candidats. Parmi ces derniers émergent Deborah Abisror pour Ensemble ! (L’alliance autour d’Emmanuel Macron) et Meyer Habib, député sortant pour l’UDI et qui se présente pour un troisième mandat au nom des Républicains et ses alliés (UDI et Nouveau centre).
A quelques heures de l’ouverture de l’urne électronique ce vendredi 27 mai à 12h (heure de Paris), nous avons rencontré Meyer Habib pour faire le point sur son mandat, la situation des expatriés et l’élection.
7 questions à Meyer Habib
Lesfrancais.press : Vous êtes le député sortant de la circonscription, quel bilan faites-vous de l’action gouvernementale et plus largement d’Emmanuel Macron ces 5 dernières années pour les Français de l’étranger ?
Meyer Habib : Coupes budgétaires, matraquage fiscal, différence de traitement lors de la crise de la Covid par rapport à la Métropole, les Français de l’étranger ont été hélas les grands oubliés de ce quinquennat.
Sur le plan fiscal : seul député des Français de l’étranger reconduit en 2017, j’ai été le seul à défendre en 2018 la suppression de la CSG-CRDS sur les revenus du patrimoine des Français de l’étranger lors de l’examen du PLF 2018, que j’ai finalement obtenue pour les Français de l’UE.
Je ne comprenais pas comment les onze autres députés des Français de l’étranger, fraîchement élus et appartenant tous à la majorité, n’avaient pas voté mes amendements contre cette injustice. L’assujettissement des non-résidents à cet impôt est fondamentalement injuste et illégal. Il frappe les revenus du patrimoine de personnes ne bénéficiant pas du système de protection sociale qu’il finance.
Dans un second temps, dès 2018, la hausse de la cotisation d’assurance maladie sur les pensions des retraités de 1.7% a été très mal vécue par nombre de nos compatriotes à l’étranger, qui pour beaucoup ne sont ni des rentiers ni des nantis, mais des retraités modestes dont le pouvoir d’achat n’a cessé de baisser ces dernières années.
Beaucoup plus grave, si je ne m’étais pas battu contre la réforme fiscale de 2018, elle aurait abouti à faire payer 40% d’impôts aux retraités vivant à l’étranger !
Plus encore, la suppression de la couverture médicale aux retraités n’ayant pas 15 ans de cotisation est intolérable et porte une grande atteinte à leurs droits. Notre combat a obligé la majorité à baisser cette durée à 10 ans, combat que je continuerai à mener !
Sur le plan administratif, la dématérialisation de l’administration, plébiscitée par la majorité, aura hélas contribué à couper souvent les liens entre la France et nos compatriotes de l’étranger.
Les suppressions de postes consulaires et le manque de ressources humaines sont préjudiciables pour nos compatriotes qui doivent souvent prévoir un an à l’avance le renouvellement de leur passeport, parfois sans succès.
Autre déception, sur le plan budgétaire, le Gouvernement a décidé de baisser l’aide allouée aux bourses scolaires et à l’AEFE dès la première année du quinquennat. Un rabot de 128 millions d’euros contre lequel je me suis battu bien trop seul dans l’hémicycle.
Ceci étant, comprenant l’incroyable assujettissement des Français d’Europe à la CSG-CRDS, le gouvernement a suivi mes recommandations en 2018. L’image de la France dans le monde s’est améliorée sous ce quinquennat.
Lesfrancais.press : Vous avez combattu le dispositif limitant les voyages vers la France à des motifs impérieux pendant la pandémie qu’Olivier Véran avait imposé. Que pensez-vous du choix de Renaissance de vous opposer son ex cheffe de cabinet, Deborah Abisror ?
Meyer Habib : Ces dispositions étaient souvent difficiles, voire inhumaines dans certains cas, pour nos compatriotes éloignés de leurs proches et qui avaient plus que jamais besoin de la solidarité de leur pays.
J’ai demandé au Gouvernement la conversion des passes vaccinaux des résidents non-européens afin de faciliter leurs voyages en France, que j’ai obtenue après plusieurs mois de débats.
Je n’oublierai jamais le début de la pandémie et les messages de tous ces Français à l’étranger qui me demandaient d’obtenir un laisser-passer pour voir des parents malades ou assister notamment aux funérailles de leurs proches en France. Ces souvenirs m’ont bouleversé mais nous ont permis de nous rapprocher.
Quant à Deborah Abisror, je ne la connais pas. Elle était comme tout chef de cabinet en charge des rendez-vous, de la logistique et de l’agenda.
Je sais qu’elle appartient à une famille politique qui a matraqué fiscalement les Français de l’étranger.
Lesfrancais.press : A droite, il y a un autre candidat, il se réclame d’Horizons, le parti d’Edouard Philippe, José Garson, que dites-vous à ceux tentés de rejoindre ce parti censé faire le pont entre la majorité et la droite classique ?
Meyer Habib : Je ne le connais pas. Je crois qu’il a fait moins de 1% en 2012 dans la 10ème circonscription. Il est tenace.
Je leur dis que je suis le seul candidat de la droite républicaine et du centre.
Je suis le seul candidat libre ! En 1872, Léon Gambetta appelait déjà de ses vœux des candidats libres pour représenter des hommes libres dans la recherche du bien de la France.
Je milite pour une droite indépendante et républicaine à l’Assemblée, qui ne se soumet pas automatiquement aux décisions du Gouvernement par la signature d’une charte qui restreindra la liberté des parlementaires. Je serai un député libre, indépendant et constructif.
Si le gouvernement taxe encore les Français de l’étranger, Monsieur Garson comme Madame Abisror seront prisonniers de ces choix et ne pourront pas défendre les Français de la circonscription. Comme à l’époque, les 10 députés de la majorité représentant des Français de l’étranger n’ont pas voté la suppression de la CSG- CRDS.
Lesfrancais.press : Toujours plus à droite, il y a le candidat Reconquête Serge Siksik. N’est-ce pas votre vrai challenger au vu des résultats en Israël d’Eric Zemmour ? Un haut score pourrait vous empêcher d’accéder au second tour ?
Meyer Habib : Eric Zemmour a obtenu un très bon score à l’élection présidentielle en Israël parce que beaucoup de Français d’Israël sont inquiets de la montée de l’islamisme en France mais aussi remontés vis-à-vis de la politique étrangère de la France.
Pour autant, si je ne connais pas Serge Siksik, je connais très bien Eric Zemmour avec qui j’ai grandi. Nous étions dans la même école à Lucien de Hirsch.
On ne peut réhabiliter le Maréchal Pétain comme il l’a fait, on ne peut faire un parallèle abject entre les Sandler et leur bourreau parce que la famille décide d’enterrer ses proches en Israël. On ne peut pas accepter que la République islamique d’Iran possède un jour la bombe nucléaire. Nous sommes inquiets de Poutine alors imaginez une bombe atomique islamique.
On ne peut pas gommer à ce point ses origines et ses racines.
Lesfrancais.press : Cette fois la gauche y va unie autour Isabelle Rivolet. Une candidate basée à Rome avec un parcours humanitaire fort qui pourrait séduire les électeurs en Italie ou en Turquie. Le jeu est très ouvert pour cette élection, restez-vous confiant ?
Meyer Habib : Aucune élection n’est gagnée d’avance. Je reste mobilisé, déterminé. Mais j’ai tissé des liens très forts avec les électeurs de la circonscription en 9 ans.
Je suis profondément écologiste, député UDI parti de Jean-Louis Borloo et du Grenelle de l’Environnement, mais vert à l’extérieur et rouge à l’intérieur comme la pastèque !
Rapporteur de la mission sur les pôles, ma visite pendant une semaine au Pôle nord m’a bouleversé. La protection de l’environnement est la grande cause de ce siècle.
L’union de la gauche s’est faite autour de la radicalité et de l’extrême gauche, les Français rejetteront cette alliance dangereuse aux positions proches des milieux islamistes.
Lesfrancais.press : Alors faisons un peu de politique fiction, vous êtes bien réélu le 19 juin, quelles sont vos ambitions pour vos compatriotes pour votre prochain mandat ?
Meyer Habib : Mon premier chantier sera de faire bénéficier aux retraités non-résidents le chèque inflation de 100 euros que 38 millions de résidents ont perçu en décembre dernier.
J’ai écrit une lettre au ministre Bruno Le Maire, un ami de très longue date que j’ai amené en Israël, en ce sens.
Je continuerai mon engagement pour exonérer de CSG sur le patrimoine les Français hors Europe.
Je continuerai, comme je le fais depuis plusieurs mois, à lutter contre le scandale qui touche les retraités français en Italie. Des retraités français résidant en Italie et percevant des pensions françaises versées dans le cadre de régimes obligatoires sont redressés par le fisc italien sur leur retraite française en sus de leur imposition française, le tout assorti de sanctions et d’intérêts sur les 5 dernières années !
Je me battrai pour obtenir un statut de résidence d’attache en France pour que les Français de l’étranger bénéficient des mêmes droits que sur une résidence principale.
Je me battrai pour l’effectivité du droit au compte pour que les Français de l’étranger bénéficient de comptes en banques et de services bancaires dans les banques françaises.
Je continuerai de me mobiliser pour l’équivalence des diplômes, la reconnaissance bilatérale des permis de conduire, la renégociation des conventions fiscales entre la France et l’Italie, l’augmentation des bourses scolaires, etc.
Lesfrancais.press : Pour finir, quels seraient les 3 arguments pour voter Meyer Habib dès ce vendredi 27 en ligne ou le 05 juin à l’urne ?
Meyer Habib : D’abord, je suis un député libre et indépendant.
Qui dira oui à Emmanuel Macron et votera avec le Gouvernement quand j’estime que leurs décisions sont bonnes pour la France. Comme je l’ai fait ces dernières années, notamment lorsque j’ai été le premier député à voter le pacte de responsabilité d’Emmanuel Macron en 2016, il m’a d’ailleurs remercié.
Capable de dire non et de m’y opposer fermement lorsqu’elles vont contre les intérêts et les droits de mes électeurs. Je connais personnellement très bien le Président, qui m’a demandé de l’accompagner à des rencontres bilatérales au plus haut niveau, et l’ensemble du Gouvernement. J’entretiens des relations amicales notamment avec les ministres de l’Economie, de la Défense et de l’Intérieur.
Ensuite, l’expérience. Je connais parfaitement ma circonscription et les problématiques rencontrées par nos compatriotes qui sont nos ambassadeurs du quotidien. J’ai travaillé pendant neuf ans à leur service, ai été à leur côté durant la crise sanitaire, palliant les carences des Consulats.
Enfin, la proximité. Je suis proche de mes électeurs parce que je leur ressemble et je peux donc les comprendre. Parfaitement trilingue, ingénieur diplômé de l’école Polytechnique Technion de Haifa, chef d’entreprise, mon parcours ressemble à beaucoup de ceux de nos compatriotes à l’étranger qui reconnaissent en moi un ami, un proche. Les liens que nous avons créés en neuf ans ne sont comparables à aucun autre candidat.
Je les remercie de leur soutien et s’ils m’élisent je continuerai à être le député de tous, ceux qui ont voté pour moi, mais aussi ceux qui ne l’ont pas fait.
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