Mélanie Vogel veut garantir le droit à l’IVG pour les Françaises de l’étranger

Mélanie Vogel veut garantir le droit à l’IVG pour les Françaises de l’étranger

Sénatrice écologiste des Français établis hors de France, Mélanie Vogel poursuit son combat pour l’égalité d’accès à l’avortement. Après avoir contribué à l’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution française, elle défend désormais une proposition de loi pour rendre ce droit effectif au-delà des frontières. Une initiative qui répond à une préoccupation croissante : comment protéger les ressortissantes françaises vivant dans des pays où l’interruption volontaire de grossesse est restreinte, voire interdite ?

Écouter le podcast avec Mélanie Vogel

Une approche républicaine mais critique du gouvernement

Interrogée sur la situation politique actuelle et la nouvelle équipe gouvernementale menée par Sébastien Lecornu, Mélanie Vogel rappelle la position de son groupe : « Nous avions discuté avec Sébastien Lecornu de manière républicaine, de manière sincère, en essayant de voir s’il pouvait y avoir une manière de gouverner le pays. »
Mais face à ce qu’elle décrit comme une absence d’« alternance politique réelle », les écologistes ont voté la censure. La sénatrice déplore un manque de vision économique à long terme : « Si nous sommes dans cette situation budgétaire très grave, c’est parce que nous avons appauvri l’État en renonçant à un certain nombre de recettes fiscales. »

Pour elle, la stabilité budgétaire ne peut venir que d’une fiscalité plus juste : « Quand on réduit les dépenses, on s’appauvrit, parce qu’on a moins de richesse nationale et parce qu’on n’investit pas dans ce qui crée notre richesse : l’éducation, les services publics, la transition écologique. »

Mélanie Vogel
Mélanie Vogel, Sénatrice écologiste des Français établis hors de France

Rendre l’IVG accessible à toutes les Françaises, où qu’elles soient

Le cœur de l’entretien porte sur la proposition de loi qu’elle vient de déposer. Celle-ci vise à rendre effectif le droit à l’IVG pour les Françaises de l’étranger, dans le respect des législations locales. Mélanie Vogel explique : « Nous avons inscrit le droit de l’IVG dans la Constitution, ce qui veut dire que la France considère que c’est un droit fondamental. Nous devons faire en sorte qu’il soit mieux accessible, y compris à l’extérieur de nos frontières. »

Sa démarche se veut pragmatique. La sénatrice ne cherche pas à modifier les lois étrangères, mais à « améliorer l’accès à l’IVG à l’étranger dans le cadre du droit français ». Elle propose plusieurs leviers : renforcer l’information disponible dans les consulats, faciliter les rapatriements pour soins en France, et permettre l’envoi sécurisé de pilules abortives. « Clarifier quels sont les médecins qui acceptent de pratiquer des IVG de la part des consulats serait déjà d’une grande aide », ajoute-t-elle.

Une “boîte à outils” pour toutes les situations

Le texte prévoit aussi un soutien accru aux associations qui accompagnent les femmes en difficulté et introduit des dispositifs innovants. Parmi eux : la création d’un visa sanitaire pour permettre à des femmes étrangères d’accéder à une IVG en France et la possibilité d’obtenir l’asile en cas de persécution. « On doit pouvoir garantir aux femmes le droit d’asile lorsqu’elles sont condamnées parce qu’elles ont accédé illégalement à l’IVG ou aidé d’autres à le faire », plaide Mélanie Vogel.

Face aux craintes d’une mise en danger des agents consulaires dans certains pays, la sénatrice rassure : « Le texte n’a pas d’effet extraterritorial. Il a vocation à assurer, en fonction du contexte local, le mieux que l’on puisse faire. » Elle souligne que ces situations existent déjà, souvent gérées dans la plus grande discrétion : « Aujourd’hui, on a déjà des agents qui aident, parfois en rapatriant les personnes. On n’expose pas publiquement pourquoi cette personne entre en France, ce qui permet de protéger l’agent et la personne. »

Mélanie Vogel
Mélanie Vogel, Sénatrice écologiste des Français établis hors de France

40 % des femmes dans le monde sans accès libre à l’avortement

La sénatrice dresse un constat alarmant : « Sur les 200 et quelques pays dans le monde, une vingtaine interdisent totalement l’IVG, mais beaucoup d’autres la restreignent tellement que l’accès réel est quasi impossible. »
Elle rappelle qu’« environ 40 % des femmes dans le monde ne peuvent pas accéder librement à l’IVG », soit quelque 20 millions de femmes au sein même de l’Union européenne. Cette réalité pousse Mélanie Vogel à agir : « Il y a une forme de logique à ce que la défense de ce droit dans notre Constitution trouve des répercussions dans notre politique envers les Françaises de l’étranger. »

Un espoir de consensus politique

Mélanie Vogel croit en une possible convergence des forces politiques sur ce sujet sensible. « Depuis qu’on a inscrit le droit de l’IVG dans la Constitution, il y a une logique à prolonger ce combat. C’est un sujet qui peut faire consensus, y compris avec la ministre actuelle, attachée au droit à l’avortement », affirme-t-elle, évoquant ses échanges avec la nouvelle ministre des Français de l’étranger, Éléonore Caroit.

D’autres priorités pour les expatriés

Outre ce texte, la sénatrice écologiste veut défendre plusieurs dossiers essentiels pour les Français établis hors de France : la pérennité de la Caisse des Français de l’étranger (CFE), le financement du réseau d’enseignement AEFE, et la réduction du délai de carence de trois mois avant l’accès à la sécurité sociale lors d’un retour en France. « Il faut qu’on améliore les conditions de retour en France. Ça devient urgent », insiste-t-elle.

Enfin, Mélanie Vogel réaffirme son engagement pour la proportionnelle aux élections législatives, qu’elle considère comme un levier de sortie de crise démocratique. « Ce n’est pas le seul élément, mais c’est un des éléments de sortie de crise que nous vivons en ce moment », conclut-elle.

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