Trois candidats à l’élection présidentielle se sont adonnés, lors de rassemblements publics aux quatre coins de la France, à une vaste opération séduction à l’encontre de l’électorat populaire, à la fois le moins mobilisé dans les urnes et le plus nombreux.
Les deux candidats d’extrême-droite se livraient, samedi 5 février, à un duel à distance dans les terres du Nord-Est de la France, à Reims pour Marine Le Pen et à Lille pour Éric Zemmour, tandis que le candidat communiste Fabien Roussel s’est rendu dimanche (6 février) à Marseille, l’un des fiefs de ses concurrents de La France Insoumise.
Marine Le Pen consolide sa base
Particulièrement soutenue par l’électorat populaire avec 29% des intentions de vote selon le sondage de l’IFOP du 3 février 2022, le principal enjeu de Marine Le Pen, tel qu’il est ressorti du meeting de Reims était de consolider son socle.
Ainsi, avec les sujets d’immigration et d’identité, le thème du pouvoir d’achat a presque monopolisé le discours de Mme Le Pen, qui a décliné une panoplie de mesures destinées à « rendre leur argent aux Français ».
Face aux militants présents, outre la réduction des taxes sur les carburants et le gaz, la candidate a également promis la mise en place d’une aide pour les familles monoparentales et d’une retraite plancher à 1 000 euros mensuels, ainsi que la revalorisation des salaires des enseignants et de l’allocation adultes handicapés, dont bénéficient 1,2 millions de personnes.
Pour marquer son attention pour « la France des oubliés », Marine Le Pen a lancé « l’opération 5 000 marchés » visant à faire campagne au plus près des citoyens, une manière de montrer qu’elle préfère la proximité à la flamboyance.
En baisse dans les intentions de vote, Marine Le Pen tente ainsi de remobiliser ses troupes, qui lui avaient fait défaut lors des élections régionales en 2021 notamment. Le but est de se hisser à nouveau en position de se qualifier pour le second tour, et ainsi affronter à nouveau Emmanuel Macron, responsable d’avoir créé « une France polytraumatisée » et « une machine à broyer les espoirs sous couvert de progressisme ».
Éric Zemmour en quête de légitimité auprès des catégories populaires
Dans son meeting de Lille, le candidat d’extrême droite a aussi placé le pouvoir d’achat au cœur de son discours.
Voulant « récompenser le travail », et dans un esprit plus libéral que sa concurrente d’extrême droite, Éric Zemmour axe ses propositions davantage autour de l’entreprise, en souhaitant, une fois élu, rétablir « la défiscalisation des heures supplémentaires » et la création d’une « prime zéro charge » dont le but est d’octroyer aux employés « un treizième, un quatorzième voire un quinzième mois sans charge pour le salarié ou pour l’employeur, qui permettra de récompenser le mérite ».
Puisqu’il considère que « l’assistanat est une insulte », M. Zemmour préfère « cesser de gaspiller l’argent public » à destination des étrangers, mais garantit néanmoins aux familles « une bourse de naissance », à hauteur de 10 000 euros, versée pour la naissance de chaque « enfant français » dans une commune rurale.
Sans oublier d’opposer les catégories populaires aux immigrés, l’ancien polémiste promet de financer ses propositions par l’arrêt du financement « de notre propre remplacement » et des « aides sociales aux étrangers ».
Une tentative pour M. Zemmour de se montrer proche des préoccupations des Français les plus modestes, dans l’espoir de progresser dans les intentions de vote, les catégories populaires représentant un réservoir de voix important.
En effet, à l’inverse de Marine Le Pen, Éric Zemmour souffre d’un déficit électoral important auprès des catégories les plus modestes de la population, l’IFOP faisant état de 9% d’intentions de vote des classes populaires à son profit.
Fabien Roussel, pour « une France de la bonne paie »
Lors du grand rassemblement marseillais de Fabien Roussel, candidat sous les couleurs du Parti Communiste Français qui veut porter le projet d’une « France des jours heureux », les classes populaires étaient une fois encore mises à l’honneur.
En écho à la « théorie du ruissellement » jadis prônée par le président Emmanuel Macron, le communiste propose « la théorie du roussellement », en référence à son propre nom de famille, consistant à « augmenter les salaires et les retraites », car « ce qui coûte cher, c’est les riches ! ».
Pour les associer aux efforts nécessaires pour soutenir le pouvoir d’achat des Français, M. Roussel s’engage non seulement à rétablir l’impôt sur la fortune (ISF) – que le gouvernement a remplacé par un impôt sur la fortune immobilière (IFI) – mais à le tripler.
La lutte contre la fraude fiscale offrira également des marges de manœuvre supplémentaires pour soutenir la hausse du SMIC à 1 500 euros nets ou encore la gratuité du permis de conduire pour les moins de 25 ans.
Mais le candidat communiste entend aussi soutenir les entreprises par une baisse des « vraies charges qui pèsent sur elles : le coût de l’électricité, le gaz, les assurances, les intérêts bancaires, le coût du capital ». Pour une « France du pouvoir d’achat » M. Roussel veut mettre un terme aux délocalisations et favoriser une industrie française et décarbonée, pour contrer la destruction d’emplois industriels et ainsi recréer de l’emploi pour les classes populaires.
Encore très faible dans les intentions de vote, autour de 3 %, le vœu du candidat communiste est de renouer un lien rompu entre la gauche et l’électorat le plus modeste, qui se réfugie désormais massivement auprès de Marine Le Pen, mais aussi de « créer la surprise » en 2022, en espérant fédérer au-delà de son propre camp.
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