Face à la recrudescence des actes antisémites depuis l’attaque perpétrée en Israël par le Hamas le 7 octobre dernier, le président du Sénat français, Gérard Larcher, et la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, avaient appelé « tous ceux qui se reconnaissent dans les valeurs de la République française » à participer ce dimanche à une « grande marche civique » contre l’antisémitisme à Paris, dès 15h00. Un peu partout, les élus consulaires se sont interrogés sur la façon dont les Français de l’étranger pouvaient apporter leur pierre à l’édifice. Si en début de semaine dernière, l’enthousiasme présidait à l’organisation de tels évènements dans les pays de résidence de nos compatriotes, au final, c’est uniquement à Bruxelles qu’il fut possible d’organiser une marche contre l’antisémitisme.
Blocages administratifs et sociaux
Tout d’abord, il faut rappeler que comme en France, le conflit actuel entre le Hamas et Israël divise le monde si ce ne sont les Nations. Dans de nombreux pays, en particulier du monde musulman, il n’était pas envisageable d’organiser une telle manifestation, même devant le consulat de France.
Pour rappel, mardi 31 octobre, des partisans du Hamas ont manifesté devant l’ambassade de France à Beyrouth. Lors des manifestations, la France a clairement été prise pour cible, pour son implication et son soutien à Israël, dans le cadre de la guerre contre l’organisation terroriste.
« La France fait semblant d’être la patrie des droits de l’homme, mais soutient aveuglément Israël. Dans leur propre pays, ils interdisent même les manifestations en soutien au peuple palestinien. »
Un leader du Hamas libanais au micro, devant l’ambassade ce 31 octobre 2023
Il n’était donc pas question dans ces pays d’organiser des marches contre l’antisémitisme.
Mais pourquoi pas ailleurs, alors que des initiatives avaient été lancées à Londres ou à New-York ?
En occident, ce sont les autorités locales qui se sont souvent opposées à de telles organisations afin d’éviter des débordements. Car même outre-Atlantique, les musulmans et les juifs subissent de plein fouet les tensions du Proche-orient, avec des attaques parfois d’un camp vers l’autre puis inversement.
Ainsi, la prudence et la peur d’un embrasement des communautés dans chaque pays ont donc douché les espoirs de nombreux élus consulaires qui auraient voulu mener une telle action comme à Bruxelles.
Un élu engagé : Bertrand Wert
Si en Belgique, une telle organisation fut possible, c’est surtout grâce à l’engagement d’un homme, Bertrand Wert. Elu des Français de Belgique (EELV) mais aussi élu local (Ecolo) dans la commune d’Ixelles (une des 19 villes composant la région capitale belge, Bruxelles), Bertrand Wert a pu surmonter les difficultés qu’entraînait l’organisation d’une telle marche grâce à sa fine connaissance des institutions belges mais aussi grâce à l’unité du conseil consulaire.
« Finalement, je suis reconnaissant d’avoir pu travailler de concert avec mes six collègues conseiller•es des Français•es de Belgique qui, dès que je leur ai soumis l’idée de ce rassemblement ont tout de suite accepté. Cela démontre une nouvelle fois toute la valeur ajoutée du travail que nous faisons pour nos compatriotes ici en Belgique, mais aussi notre grande et reconnaissante implication pour notre pays d’accueil, avec lequel nous sommes en étroite relation. En témoignent les dizaines d’élu•es et représentant•es associatifs qui étaient présent•es ce soir. »
Bertrand Wert, élu des Français de Belgique, Conseiller communal à Ixelles
En sus, il a pu compter sur la mobilisation du tissu associatif français, comme l’Union des Français de Belgique, désormais présidée par Jérémy Michel (rédacteur en chef adjoint de votre site et Président du conseil consulaire des Français de Belgique) mais aussi belge avec la participation du CCOJB (fédération des associations juives en Belgique), au sein duquel Véronique Lederman, Française de confession juive, détient un mandat d’administratrice (voir la tribune que nous avons publiée ce jour).
« J’ai été rassuré de voir que des centaines de personnes se sont mobilisées en moins de 48h à Bruxelles pour réaffirmer que le poison de l’antisémitisme est à combattre partout et tout le temps, en particulier depuis et au cœur de l’Europe à Bruxelles. »
Bertrand Wert, élu des Français de Belgique, Conseiller communal à Ixelles
Un exercice démocrate
Ainsi, au cœur de la capitale européenne, malgré la présence de manifestations quotidiennes en faveur des Palestiniens, il a donc été possible de mener un tel événement de soutien aux Juifs de France, de Belgique mais plus globalement à tous ceux d’Europe et du monde.
« C’était aussi un moment d’expression de notre soutien aux Juives et Juifs de Belgique, de France, d’Europe et du monde qui vivent dans la peur et qui ne peuvent être tenu•es aucunement responsables des agissements du gouvernement israélien ; de la même manière que les musulmans et musulmanes ne le sont pour les actes des islamistes. »
Bertrand Wert, élu des Français de Belgique, Conseiller communal à Ixelles
Bel exemple de démocratie, aux pieds des institutions européennes, toutes les voix se font entendre et ce, sans entraîner de débordements majeurs. Comme quoi, il est encore possible de construire un monde où des ennemis peuvent cohabiter. Espérons que l’exemple sera repris ailleurs.
« Il ne fait aucun doute que dans notre chère et fière multiculturalité bruxelloise, l’éducation et la lutte contre le racisme, les discours de haine ET l’antisémitisme doivent être au cœur. »
Bertrand Wert, élu des Français de Belgique, Conseiller communal à Ixelles
Auteur/Autrice
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Directeur de publication et rédacteur en chef du site lesfrancais.press
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