Dans un texte publiée dans les 28 pays de l’Union européenne, Emmanuel Macron appelle à une « renaissance » des institutions du Vieux continent. Une façon pour le chef de l’Etat de lancer la campagne pour le prochain scrutin continental autour de trois axes : « liberté », « protection » et « progrès ».
Emmanuel Macron promet une « renaissance européenne ». C’est par la voie d’une tribune diffusée dès ce lundi soir et relayée mardi matin dans plusieurs titres de presse des 28 pays du Vieux continent que le président de la République lance la bataille pour le scrutin européen du 26 mai prochain. Un texte dans lequel le locataire de l’Elysée met en lumière « l’urgence » de la situation et affiche trois axes qui devraient être ceux de la campagne : « plus de liberté », « plus de protection » et « plus de progrès ».
« Si je prends la liberté de m’adresser directement à vous, ce n’est pas seulement au nom de l’histoire et des valeurs qui nous rassemblent. C’est parce qu’il y a urgence », écrit notamment le chef de l’Etat. «
C’est le moment de la Renaissance européenne. Aussi, résistant aux tentations du repli et des divisions, je vous propose de bâtir ensemble cette Renaissance autour de trois ambitions : la liberté, la protection et le progrès. »
Prenant l’exemple du Brexit, « un symbole », pour dénoncer les risques d’un « repli nationaliste », Emmanuel Macron prend la défense de l’Union européenne, « un succès historique » ayant permis paix, réconciliation, prospérité et liberté. Pas de quoi l’empêcher de pointer cependant « le piège » du « statu quo » et de « la résignation », qui laisserait les citoyens penser que l’Europe est devenue « un marché sans âme ».
L’Elysée, qui parle d’un « bon moment pour interpeller les citoyens », souligne qu’il s’agit de première fois qu’un président s’adresse à tous les européens dans leur langue. Une façon de « montrer que l’Europe est une forme de bien commun à défendre et à réformer », explique la présidence.
Côté propositions, Emmanuel Macron plaide pour une remise à plat de l’espace Schengen (et donc la question hautement sensible de la libre-circulation des personnes, la mise en place d’une police des frontières commune aux Etats membres et celle d’un office européen de l’asile. Il appelle également à la création d’une « Agence européenne de la protection des démocraties » pour sécuriser les processus élections « contre les cyberattaques et les manipulations » mais aussi à l’interdiction du financement des partis politiques européens par « des puissances étrangères ». Une (évidente) allusion – sans la nommer – à la Russie.
Le chef de l’Etat, qui souhaite l’instauration d’une « préférence européenne » pour les marchés publics lancés dans l’UE, évoque également l’épineux cas des géants du numérique, les fameux Gafa, qui doivent selon lui être régulés « en créant une supervision européenne des grandes plateformes » mais aussi en « dotant le nouveau Conseil européen de l’innovation d’un budget comparable à celui des Etats-Unis, pour prendre la tête des nouvelles ruptures technologiques, comme l’intelligence artificielle ».
Pour ce qui est du « progrès », Emmanuel Macron dit vouloir « un bouclier social garantissant la même rémunération sur le même lieu de travail, et un salaire minimum européen, adapté à chaque pays et discuté chaque année collectivement ».
Progrès social donc, mais aussi progrès environnemental : le président de la République enjoint les Européens à « prendre la tête du combat écologique »
. « L’Union européenne doit fixer son ambition – 0 carbone en 2050, division par deux des pesticides en 2025 – et adapter ses politiques à cette exigence : Banque européenne du climat pour financer la transition écologique ; force sanitaire européenne pour renforcer les contrôles de nos aliments ; contre la menace des lobbies, évaluation scientifique indépendante des substances dangereuses pour l’environnement et la santé… Cet impératif doit guider toute notre action. »
Le Président de la République française s’exerce, donc, pour la première fois à la communication pan-européenne auprès des peuples des 27 états qui mandateront leurs représentants le 26 mai. Cependant le cap n’est pas défini, entre fédéralisme et Europe des états-nations.
C’est, donc, une belle réussite en terme de communication, une macronerie, où chacun peut trouver de quoi être satisfait. Seules les élections clarifieront le positionnement de la République En Marche et ses alliés pour le futur de l’Europe.
Fabien Ferasson de Quental avec l’AFP
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