L’Union européenne a donné vendredi 14 aout son feu vert pour sanctionner la répression au Bélarus après la réélection contestée du président Alexandre Loukachenko et a cherché l’apaisement avec la Turquie.
« L’UE va maintenant lancer un processus de sanctions contre les responsables des violences, arrestations et fraudes liées à l’élection », a annoncé la ministre des Affaires étrangères de la Suède Ann Linde à l’issue d’une vidéoconférence avec ses homologues.
« Tout le monde a été d’accord pour déclencher la procédure pour de nouvelles sanctions », a dit à l’AFP le chef de la diplomatie du Luxembourg Jean Asselborn.
La France est « pleinement engagée sur le principe de sanctions individuelles ciblées et le soutien aux droits et aux libertés du peuple biélorusse », a confirmé le secrétaire d’Etat aux Affaires européenne Clément Beaune dans un message sur son compte twitter.
Une liste de personnes accusées d’avoir organisé et procédé aux répressions va être établie et elle sera soumise pour approbation aux Etats membres. Cette décision n’est pas du ressort des ministres, a expliqué l’un d’eux.
Solidarité avec la Grèce
Le Bélarus est toujours sous le coup d’un embargo sur les ventes d’armes et de matériel pouvant être utilisé pour la répression. Quatre personnes sont déjà interdites de séjour dans l’UE et leurs avoirs ont été gelés depuis 2016. Les nouveaux noms s’ajouteront à cette liste.
L’UE veut forcer le président Loukachenko à s’engager sur un plan de médiation en trois points proposé par la Lettonie, la Lituanie et la Pologne, voisins du Bélarus.
Minsk s’est dit prêt à un « dialogue constructif » et a commencé à relâcher des centaines de personnes arrêtées depuis lundi. Tous les témoignages dénoncent l’extrême brutalité de la répression menée par les forces spéciales du régime.
L’opposante biélorusse Svetlana Tikhanovskaïa, réfugiée en Lituanie après avoir contesté la victoire d’Alexandre Loukachenko, a appelé vendredi à des « manifestations pacifiques » dans son pays durant le week-end.
La discussion sur les contentieux avec la Turquie a été plus complexe. Les ministres ont affiché leur solidarité avec la Grèce dans son différend avec Ankara et ont décidé de revenir sur le sujet lors de leur réunion les 27 et 28 août à Berlin. Ils ont appelé à une « solution négociée » et plaidé pour une « désescalade », ont expliqué plusieurs responsables.
Berlin a pris ses distances avec la décision de la France de déployer des moyens militaires en Grèce pour adresser un avertissement à Ankara et a appelé Paris, Athènes et Ankara à « éviter l’escalade ».
L’Allemagne redoute une nouvelle crise migratoire en Grèce si la Turquie ouvre ses portes aux migrants et réfugiés syriens bloqués sur son territoire.
Les contentieux entre l’UE et la Turquie se sont multipliés au cours des derniers mois. L’un d’eux est la délimitation du plateau continental entre la Grèce et la Turquie. Les forages turcs au large de Chypre sont un deuxième sujet de discorde. Les violations par la Turquie de l’embargo de l’ONU contre la Libye, un troisième.
L’arrivée du navire de recherche sismique turc Oruç Reis, sous escorte de bâtiments militaires, au large de l’île grecque de Kastellorizo, dans le sud-est de la mer Egée, une zone considérée riche en gisements d’hydrocarbures, est le dernier épisode de l’escalade de la tension entre la Grèce et la Turquie.
Athènes a envoyé sa flotte et Paris a renforcé sa présence militaire en Méditerranée orientale, en soutien à la Grèce. La situation a été jugée « très sérieuse » par le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, en raison des risques d’affrontement.
L’Espagnol a été mandaté en juillet pour préparer des « mesures adéquates afin de répondre aux défis posés par la Turquie ». Celles-ci prévoient notamment des sanctions économiques, a-t-on précisé de source européenne.
Josep Borrell s’est engagé à soumettre différentes options aux ministres lors de leur réunion à Berlin. L’unanimité est requise pour adopter des sanctions.