L’UE a produit plus de 50 % de son électricité à partir d’énergies renouvelables au premier semestre 2024

L’UE a produit plus de 50 % de son électricité à partir d’énergies renouvelables au premier semestre 2024

La Commission européenne a annoncé mercredi 11 septembre que la production d’énergies renouvelables de l’Union européenne (UE) avait dépassé au premier semestre 2024 celle des combustibles fossiles. Elle a également exhorté les États membres qui ne l’ont pas encore fait à présenter leurs plans énergie-climat (PNEC).

Le rapport annuel sur l’État de l’Union de l’Énergie permet à la Commission d’évaluer les progrès de la transition énergétique et de contrôler l’application des principales législations en la matière. Pour Kadri Simson, commissaire à l’Énergie sortante, la neuvième édition du rapport, présentée mercredi, est l’occasion de faire le point sur un secteur secoué ces dernières années par des chocs, crises et changements structurels profonds.

« L’UE est désormais bien équipée pour atteindre ses objectifs de neutralité climatique », a-t-elle déclaré aux journalistes.

« Malgré la période troublée que nous continuons à vivre et les défis qui nous attendent, le rapport […] montre les progrès sans précédent que nous avons accomplis pendant ce mandat pour renforcer notre Union de l’énergie. Les émissions diminuent et les énergies renouvelables jouent aujourd’hui un rôle de premier plan dans notre système énergétique », a pour sa part noté le commissaire chargé du Pacte vert pour l’Europe (Green Deal), Maroš Šefčovič.

L’Union a en effet produit plus de la moitié de son électricité à partir de sources renouvelables, surpassant ainsi les combustibles fossiles — et ce grâce à une bonne année pour l’hydroélectricité, l’énergie éolienne et solaire, couplée à une baisse de la demande.

Entre janvier et juin 2024, l’éolien a par exemple dépassé le gaz pour devenir la deuxième source pour la production d’électricité de l’UE juste derrière le nucléaire.

« L’éolien et le solaire ont atteint de nouveaux sommets, dépassant pour la première fois les combustibles fossiles dans notre bouquet électrique », a expliqué la commissaire estonienne, ce qui « nous donne la crédibilité nécessaire pour mener les efforts internationaux en faveur des énergies renouvelables ».

Un résultat qualifié d’« énorme réussite » par le Dr Jan Rosenow, expert en énergie et directeur du groupe de réflexion sur les énergies propres Regulatory Assistance Project (RAP).

Les plans énergie-climat nationaux se font attendre

Malgré ces progrès, un problème de crédibilité majeur subsiste pour l’UE : l’absence des plans énergie-climat définitifs de certains États membres. Ces derniers sont essentiels pour suivre les progrès accomplis pour se conformer aux objectifs climatiques de l’Union d’ici 2030.

« Je demande instamment aux États membres de soumettre leurs plans énergie-climat nationaux définitifs », a appelé Kadri Simson. « À ce jour, nous n’avons reçu que dix plans, et nous avons largement dépassé la date limite ».

Le Danemark, la Finlande, la France, l’Allemagne, l’Irlande, l’Italie, la Lettonie, le Luxembourg, les Pays-Bas et la Suède ont déjà remis leurs PNEC. Les États membres avaient jusqu’au 30 juin dernier pour les soumettre.

Nombre d’acteurs du secteur de l’énergie interrogés par Euractiv en amont de la publication du rapport regrettent la soumission tardive de ces plans nationaux sur l’énergie et le climat, comme Brigitta Bozsó de CAN Europe, qui a qualifié ces retards de « honteux ».

La commissaire européenne à l’Énergie, Kadri Simson, lors de la présentation du rapport sur l’État de l’Union de l’Énergie 2024, à Bruxelles, le 11 septembre 2024. ©EPA-EFE/OLIVIER HOSLET

Certains craignent également que ces délais ne cachent une certaine inaction de la part des États membres. Charly Heberer, conseiller principal en matière de climat auprès de l’ONG Germanwatch explique ainsi que « dans les domaines des transports, de la construction, de l’agriculture et des puits [de carbone] naturels en particulier, les efforts doivent être considérablement accélérés et dans certains cas même inversés ».

Compétitivité et sécurité énergétique

Le rapport revient également les questions de la compétitivité et de la sécurité énergétique de l’Union.

L’objectif visant à tripler d’ici 2030 les technologies « zéro net » pour atteindre environ 600 milliards d’euros par an nécessite de nouveaux instruments pour renforcer la compétitivité industrielle et la résilience des chaînes d’approvisionnement, note la Commission.

Dans un communiqué, elle constate que « sur les marchés mondiaux et nationaux, les fabricants de l’UE sont confrontés à une concurrence croissante dans le domaine des technologies “zéro net” », soulignant l’importance des règlements tels que celui pour une industrie « zéro net » et celui sur les matières premières critiques, tant pour la compétitivité que pour la sécurité énergétique du continent.

Dans son discours de réélection devant le Parlement européen en juin, Ursula von der Leyen avait annoncé un Pacte pour une industrie propre qui favoriserait la compétitivité des industries européennes et accélérerait la planification, l’octroi de permis et les appels d’offres concernant les projets dans le domaine de l’énergie verte. Cet objectif a été réitéré dans le rapport sur l’État de l’Union de l’Énergie, qui appelle à une coordination accrue, l’intégration des marchés et des actions communes.

Concernant le financement, la Commission insiste sur le rôle du Fonds pour l’innovation (40 milliards d’euros jusqu’en 2030) ou encore sur celui de la Banque européenne de l’hydrogène, financée par le Fonds pour l’innovation du système d’échange de quotas d’émissions de l’UE (SEQE). La banque a mené un premier cycle d’appels d’offre qui a permis d’attribuer près de 720 millions d’euros à sept projets d’hydrogène renouvelable en Europe.

Avis des acteurs du secteur

Un sondage réalisé par Euractiv avant la publication du rapport auprès d’associations industrielles, d’ONG et des think tanks suggère que les acteurs du secteur de l’énergie à Bruxelles sont partagés sur la question de savoir si l’Union de l’énergie de l’Europe est dans une meilleure situation qu’il y a un an.

Si 45 % des personnes interrogées se sont dites « confiantes » ou « très confiantes » quant à l’amélioration de la situation, près d’un tiers d’entre elles ne sont pas confiantes et plus d’un quart d’entre elles ne peuvent ou ne veulent pas prendre position.

Concernant les priorités que l’UE devrait prendre en compte, la décarbonation reste la première préoccupation de l’industrie, des think tanks et des ONG, suivie par la sécurité et l’efficacité énergétique. Par contraste, l’innovation, la compétitivité et l’intégration du marché sont loin derrière.

Plusieurs parties prenantes se sont cependant déclarées satisfaites du nouveau « pragmatisme » des responsables politiques sur les dossiers de l’énergie et du climat. Thierry Bros, expert en énergie à l’université française Science Po, a indiqué que l’Europe était « revenue à la réalité » après « le départ du dogmatique vert [de l’ancien commissaire européen] Frans Timmermans ».

L’électrification a été au centre des préoccupations de nombreux participants au sondage. Le secrétaire général d’Eurelectric, Kristian Ruby, a qualifié ce processus de « lien critique entre la décarbonation et l’amélioration de la compétitivité ».

Elisabetta Cornago, chargée de recherche au Centre for European Reform, a fait remarquer que les réseaux électriques devront être une « préoccupation majeure » du prochain commissaire à l’Énergie — potentiellement Teresa Ribera, qui a déjà manifesté son intérêt pour le sujet.

D’autres ont insisté sur le fait que l’efficacité énergétique ne devait pas être négligée. Rémi Collombet, responsable de la politique européenne d’Efficient Buildings Europe, a fait remarquer que l’efficacité énergétique « peut créer un cercle vertueux qui non seulement fait baisser les prix du marché de l’électricité, mais rend également l’industrie européenne plus résiliente ».

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