À l’avenir, les ressortissants européens insuffisamment qualifiés et qui ne pourvoient pas un poste bien payé ne pourront venir travailler au Royaume-Uni, conformément à un nouveau système d’immigration « à points » strict qui entrera en vigueur fin 2020.
Au travers de ce nouveau système présenté le 19 février, le gouvernement de Boris Johnson cherche à attirer des travailleurs « hautement qualifiés » au Royaume-Uni, où la liberté de mouvement depuis et vers l’UE prend fin en décembre 2020. La nouvelle législation facilite l’obtention d’un visa pour les migrants en provenance de pays tiers, mais rend la tâche nettement plus difficile pour les citoyens européens.
1er janvier 2021 – de nouvelles règles
De nouvelles routes d’immigration s’ouvriront à l’automne 2020 pour les personnes qui souhaitent travailler, vivre ou étudier au Royaume-Uni à partir du 1er janvier 2021. Ces dispositions ne s’appliqueront pas aux citoyens irlandais, dont l’accès au Royaume-Uni restera inchangé sous le régime de la « zone de voyage commune ».
Les personnes qui souhaitent s’établir au Royaume-Uni et y travailler devront trouver un emploi dont le salaire brut annuel s’élève au minimum à 25 600 ₤ (environ 30 600 €). Elles devront aussi posséder un diplôme de baccalauréat (d’un niveau équivalent au « A level », que les étudiants britanniques passent à 18 ans) et pouvoir parler anglais.
Pour obtenir un visa britannique, les candidats devront marquer 70 points dans le nouveau système. Ils ne pourront bénéficier des prestations sociales avant de recevoir le droit au « séjour permanent » au Royaume-Uni, une procédure de cinq ans.
Un contrat avec un salaire minimum de 25 000 euros
Le salaire minimum requis peut baisser à 20 480 ₤ (24 470 €), à condition que les candidats disposent de qualifications supplémentaires ou postulent pour des emplois « en pénurie ». Ceux-ci incluent un éventail plus large de métiers, comme celui d’infirmier, de professeur, de docteur, d’ingénieur, de chef cuisinier, d’informaticien ou d’artiste.
Priti Patel, la secrétaire d’État à l’Intérieur, affirme que le gouvernement britannique veut « favoriser les personnes [qui disposent] du talent nécessaire » et « diminuer le nombre d’arrivants faiblement qualifiés au Royaume-Uni ».
Elle encourage aussi les entreprises britanniques à privilégier la formation et le recrutement de ce qu’elle décrit comme environ huit millions de travailleurs « inactifs économiquement » au Royaume-Uni.
Dans le cadre de la réforme de l’immigration, Londres prévoit aussi de mettre en place une procédure de visa accélérée pour les docteurs et infirmiers étrangers qui souhaiteraient travailler pour le National Health Service (NHS), le système de santé publique du Royaume-Uni.
Les candidats qui seront employés au NHS recevront un traitement de faveur sous forme de points supplémentaires dans le système à points, et le nombre de travailleurs potentiels n’y sera pas limité.
Le gouvernement Johnson a effectué une série de concessions en matière de revenu minimum — qui était initialement fixé à 30 000 ₤, ou 36 000 € — et de qualifications, après que des chefs d’entreprise de différents domaines ont averti qu’ils ne pourraient pourvoir les postes vacants et satisfaire la demande sans les travailleurs européens.
Mais ces chefs d’entreprise émettaient encore des doutes.
« Dans un climat étouffant de pénurie de main-d’œuvre, de croissance économique faible et de population vieillissante, nous devons à tout prix faire les choses correctement, en particulier dans des délais si serrés », a prévenu Mike Cherry, président de la fédération britannique des petites entreprises.
Le nouveau système est particulièrement controversé en Écosse, dont l’économie dépend davantage des travailleurs européens dans les secteurs public et du tourisme que dans le reste du Royaume-Uni.
Nicola Sturgeon, la Première ministre écossaise et dirigeante du Parti national écossais, qualifie ces plans de « dévastateurs » pour l’économie de l’Écosse.
Laisser un commentaire« La croissance démographique de l’Écosse au cours des 25 prochaines années dépend entièrement de la migration », a indiqué la ministre écossaise de l’Europe, Fiona Hyslop, à Euractiv.