La Commission européenne s’est rapproché des autorités italiennes pour mieux comprendre pourquoi il a été aussi long de géolocaliser l’appel du randonneur français retrouvé mort en Italie la semaine dernière.
Le 9 août dernier, Simon Gautier, étudiant en histoire de l’art, est tombé d’une falaise et s’est cassé les deux jambes alors qu’il randonnait dans une zone isolée du Parc national de Cilento, près de Salerno.
Les équipes de secours italiennes ont découvert le corps du jeune homme 10 jours après son appel d’urgence : elles étaient incapables de le géolocaliser en utilisant ses données.
L’Italie n’a pas encore déployé le système de localisation mobile avancée (AML) établi dans le Code des communications électroniques européen. La directive, initialement adoptée en 2009, a été revue en décembre 2018 et exige de tous les États membres qu’ils fournissent la localisation en fonction du réseau et de l’appareil lorsque l’appel est passé depuis un téléphone portable.
Disponible sur tous les téléphones Android et Iphone, la technologie AML, accroît la précision des informations sur la localisation de l’appelant.
Ces règles ne seront toutefois obligatoires qu’à partir du 21 décembre 2020 et en attendant, les pays européens sont invités à développer des systèmes de géolocalisation par téléphone.
Dans son dernier rapport sur la mise en place du numéro d’urgence européen unique, le 112, la Commission s’attendait à ce que d’ici à 2020, seule la moitié des États membres auraient totalement déployé le système AML.
Actuellement, neuf pays ont déployé des solutions AML, mais l’Italie n’en fait pas partie. Sept autres pays – la Croatie, le Danemark, la France, l’Allemagne, la Hongrie, le Portugal et la Suède – sont en train de prendre part à la deuxième phase d’un nouvel appel d’offres de la Commission, visant à lancer le projet de déploiement de l’AML via téléphone portable connu sous le nom de HELP112 II.
L’Italie et six autres pays ont développé des applications ou des solutions connectées garantissant une géolocalisation des téléphones grâce au positionnement par satellite ou au wifi du smartphone.
L’Italie critiquée
Même si la date butoir de 2020 pour le déploiement de l’AML n’est pas encore arrivée, la lente réaction des équipes de secours italiennes et l’absence de géolocalisation de l’appelant ont déclenché des critiques contre l’Italie.
Pour Jérôme Pâris, de l’Association européenne du numéro d’appel d’urgence, l’AML aurait déjà dû être opérationnel en Italie, puisque le pays a reçu des fonds européen pour une première phase de test en 2016 et 2017.
Selon une source européenne, depuis 2015, le projet pilote HELP 112 financé par la Commission a déjà permis le déploiement de l’AML en Lituanie et dans certaines régions d’Autriche. Il a également mené à une phase de test en Italie et au Royaume-Uni.
Le chef du Système italien d’intervention en cas d’urgence, Mario Balzanello, a déclaré à l’agence de presse italienne ANSA que la vie de Simon Gautier aurait pu être épargnée si l’Italie avait mis en œuvre la directive européenne de 2009.
Les critiques ont également fusé de la part de deux sauveteurs, qui ont affirmé dans une publication Facebook – depuis devenue virale – que « Simon Gautier s’était perdu dans le mauvais pays ».
Une enquête a été ouverte par les procureurs pour tenter de comprendre pourquoi la géolocalisation du randonneur a pris autant de temps.
Toutefois, les données de l’autopsie rendues publiques le 21 août, montrent que l’étudiant est mort des suites d’un choc hémorragique quelques minutes après avoir appelé les secours, ce qui signifie que les sauveteurs n’auraient pas pu le sauver, même avec à une géolocalisation plus rapide.
Réaction de la Commission
« Nous sommes choqués et tristes de l’annonce de ce terrible accident », a déclaré un porte-parole de la Commission au lendemain de la découverte du corps. « Nos pensées vont à la famille et aux amis de la victime. »
La Commission va demander à l’Italie de clarifier les circonstances exactes du manque de géolocalisation lors de cet accident tragique », a informé une source européenne.
Aux yeux de la Commission, le numéro européen d’urgence 112 est un outil essentiel pour la protection et la sécurité de tous les citoyens européens et l’exécutif européen contrôlera donc sa mise en place dans tous les États membres de l’UE.
« Comme la géolocalisation rapide de la victime est primordiale, l’autorité d’où provient l’appel se doit de transmettre ces informations le plus rapidement possible», a déclaré le porte-parole de la Commission.
« De nombreuses vies ont pu être sauvées grâce à cette technologie », a conclu le porte-parole.
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